L’épargne solidaire gonfle à plus de 15 milliards d’euros en 2019, un record

L'épargne solidaire a notamment été dopée par la collecte effectuée via les produits bancaires solidaires qui a enregistré une hausse de 29% sur un an et dont les souscriptions ont presque doublé. Malgré cette forte croissance, l'épargne solidaire représente toujours moins de 0,3% de l'épargne totale des Français.
Juliette Raynal
(Crédits : Finansol)

Pour la finance solidaire, l'année 2019 est un excellent cru. L'encours d'épargne solidaire a atteint 15,6 milliards en 2019, selon le baromètre publié ce lundi 8 juin par Finansol, l'association qui représente les acteurs de l'épargne solidaire, et le quotidien La Croix.

"Cette année, plus de 3 milliards d'euros supplémentaires sont venus gonfler l'encours solidaire. Cela représente une hausse de 24%. C'est la plus forte croissance en valeur absolue", s'est félicité Patrick Sapy, directeur de Finansol, lors d'une présentation à la presse.

Trois modes de collecte

Contrairement à l'Investissement socialement responsable (ISR), qui vise à s'enrichir en investissant dans des entreprises qui font évoluer leurs pratiques en matière Environnementale, sociale et de gouvernance (ESG), la finance solidaire vise surtout à soutenir les structures impliquées dans la lutte contre le chômage, le mal-logement, le développement de l'agriculture biologique, les énergies renouvelables ou encore l'entrepreneuriat dans les pays du Sud et de l'Est. L'épargnant solidaire privilégie l'impact positif et la sécurisation de son capital, en échange d'une rentabilité financière faible.

Les particuliers peuvent placer leur argent dans ces produits solidaires via trois canaux : en passant par leur banque ou compagnie d'assurance, via leur épargne salariale ou en souscrivant en direct au capital d'entreprises solidaires. En 2019, l'épargne salariale, locomotive historique de la finance solidaire, a représenté 9,7 milliards d'euros, en croissance de 21%.

Succès des produits bancaires solidaires

En deuxième position, le canal bancaire a représenté 5,1 milliards d'euros. Premier livret bancaire solidaire, le livret Agir du Crédit Coopératif a, par exemple, atteint un encours de 709 millions d'euros. Le livret d'épargne de la Nef a, quant à lui, atteint 350 millions d'euros d'encours, contre 200 millions en 2018. Pour la première fois, la collecte bancaire est le canal qui enregistré la plus forte croissance (+29%). 810.000 nouvelles souscriptions ont été enregistrées, soit presque le double de 2018.

"Il y a eu une très forte mobilisation des réseaux bancaires pour promouvoir les placements solidaires. Les commerciaux des banques sont de plus en plus sensibilisés à ces produits", analyse Jon Sallé, responsable de l'observatoire de la finance solidaire.

Enfin, l'épargne directement collectée par les entreprises solidaires a atteint 800 millions d'euros. Elle aussi affiche une forte progression (+25%).

Environ 42.000 emplois consolidés

Côté financement, qui constitue la vraie mesure de l'apport de l'épargne solidaire aux entreprises solidaires, là encore il s'agit d'une année record. Au total, 458 millions d'euros de financements ont été réalisés en 2019, soit une hausse annuelle de 23%. Ces investissements ont permis de consolider 42.000 emplois, de reloger 1.360 personnes et d'approvisionner plus de 25.000 foyers en énergies renouvelables. Quelque 1.650 entreprises et associations ont été financées.

Malgré cette forte croissance, l'épargne solidaire ne représente aujourd'hui qu'une goutte d'eau dans le paysage de l'épargne tricolore. En 2019, seule 0,29% de l'épargne française était solidaire. C'est toutefois, 0,4 point de pourcentage de plus qu'en 2018. L'objectif de long terme est de passer le cap des 1%. Pour cela, les acteurs de la finance solidaire tablent notamment sur le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), mis en place fin 2016.

Fortes attentes autour du LDDS

Ce livret réglementé, souvent présenté comme le petit frère du Livret A, fait toutefois l'objet de nombreux débats car plus de trois ans après sa naissance, il n'a encore de solidaire que le nom. Néanmoins, un futur décret d'application pourrait obliger les banques à flécher une partie des flux de ce livret réglementé vers les acteurs de l'Économie sociale et solidaire (ESS).

L'association Finansol reste insatisfaite. "Le gouvernement a proposé un fléchage de l'encours à hauteur de 5% ce qui ne convient pas à Finansol", explique le responsable de l'observatoire. "Un niveau de 5% ne répond pas aux enjeux. C'est un objectif insuffisant", explique l'association. Elle souhaite que ce pourcentage soit relevé à 10% et qu'il corresponde ainsi "à l'esprit du dispositif voté en 2016".

La finance solidaire résiliente face à la crise

Quant aux conséquences de la crise sur la finance solidaire, l'association reste confiante.

"Si cette crise a eu des répercussions sur les acteurs économiques, il semble que la finance solidaire ait été assez résiliente. Finalement, les gestionnaires de fonds et de portefeuille et les établissements financiers ont réussi à préserver ces investissements solidaires et les épargnants n'ont pas désinvesti de ces projets", relève Patrick Sapy, en précisant que les indicateurs de la finance solidaire seraient suivis de plus près tout au long de l'année 2020 "pour vérifier que nous n'assistons pas à une dégradation".

Juliette Raynal

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