Alors que les débats se concentrent sur la disparition (prochaine ou non) des espèces, un autre moyen de paiement semble davantage menacé : le chèque. Davantage utilisé que la carte bancaire au début des années 2000, il ne représente aujourd'hui plus que 8 % des transactions scripturales et son usage baisse de 10 % par an depuis les trois dernières années. Il a ainsi été doublé par la carte bancaire, mais aussi par les virements et les prélèvements. La crise du coronavirus a largement accentué cette trajectoire descendante. Lors du confinement, son utilisation a reculé de 60 %. Un rythme six fois supérieur à la normale. Alors, le chèque survivra-t-il au coronavirus ?
>> (Partie 1) : Pourquoi les espèces sont loin d'être en voie de disparition
« En tant que banquiers centraux, notre rôle est de laisser le libre choix au consommateur. Nous n'avons pas pour ambition d'interdire l'usage du chèque dès lors qu'il correspond à un besoin, assure Julien Lasalle, chef du service de surveillance des moyens de paiement scripturaux à la Banque de France. Toutefois, si son usage venait à se réduire encore plus fortement, avec par exemple des baisses de plus de 25 % par an, nous pourrions envisager d'encadrer davantage son utilisation, avant tout pour des raisons de sécurité », poursuit-il.
L'établissement d'un seuil ou de certaines conditions d'usage pourrait être établi. Si la Banque de France envisage un tel scénario, c'est que le chèque est depuis deux ans le moyen de paiement qui occasionne le plus de fraudes. « Il commence à devenir la vache à lait des fraudeurs. Ce qui est inquiétant, c'est que le nombre de chèques émis diminue tandis que la fraude augmente », pointe Julien Lasalle.
Difficile par ailleurs de sécuriser ce bout de papier sans faire augmenter fortement son coût de gestion. Toutefois, travailler sur la disparition du chèque nécessite de réfléchir à ses différents usages, encore très variés aujourd'hui : du règlement de la cantine aux paiements interentreprises, en passant par les étrennes de Noël, les achats exceptionnels comme l'acquisition d'une voiture ou encore la volonté de ménager son plafond de carte bleue. Aujourd'hui, dans l'Union européenne (hors Royaume-Uni), la France reste le seul pays grand utilisateur de chèques.
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