Macron lance un recrutement ouvert pour le gendarme financier

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire annonce la mise en place d'un panel de personnalités qualifiées pour éclairer le président de la République dans son choix du successeur de Gérard Rameix à la tête de l'Autorité des marchés financiers.
Delphine Cuny
Le mandat de l'actuel président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Gérard Rameix, arrive à échéance le 1er août. Emmanuel Macron souhaite "une évaluation des compétences et de l'expérience des candidats" par un panel de personnalités qualifiées, présidé par l'ancien directeur général du FMI, Jacques de Larosière.

Professionnels des marchés financiers, à vos CV ! Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, vient d'annoncer ce vendredi dans un communiqué de presse « l'ouverture des candidatures à la présidence de l'Autorité des marchés financiers », l'AMF, actuellement présidée par Gérard Rameix, dont le mandat, non renouvelable, arrive à échéance le 1er août. Le communiqué précise même que « toute candidature » peut être dès à présent soumise à une adresse dédiée ([email protected]) d'ici au 23 juin.

Cette nomination incombe au président de la République, après consultation des commissions compétentes de l'Assemblée et du Sénat. Mais Emmanuel Macron veut visiblement un processus de recrutement davantage à l'anglo-saxonne : la Banque d'Angleterre avait ainsi publié une offre d'emploi dans la presse (notamment dans le magazine The Economist), puis une annonce sur le site de l'administration, pour trouver son gouverneur en 2012 - un Canadien à la surprise générale.

Un choix plus objectif et transparent ?

Fait du Prince par excellence, les nominations, particulièrement celles des présidents d'autorités indépendantes et d'institutions publiques, par le président de la République sont souvent critiquées pour leur opacité et leur orientation partisane. Si Emmanuel Macron n'a pas caché son souhait d'avoir des directeurs d'administration « portant sa politique », à l'américaine, il veut, semble-t-il dans le cas d'espèce, rendre son choix plus objectif. « Plus professionnel et plus transparent » fait valoir une source proche du ministre de l'Economie.

Bercy indique en effet dans le communiqué :

« A la demande du président de la République, afin de l'éclairer dans le recrutement du nouveau président de l'Autorité des marchés financiers, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a sollicité un panel de personnalités qualifiées aux fins de proposer une évaluation des compétences et de l'expérience des candidats. »

Ce panel sera présidé par l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et gouverneur de la Banque de France, Jacques de Larosière, et aura pour membres la professeure de droit des affaires à l'Université d'Assas France Drummond, qui fut membre de la Commission des sanctions de l'AMF jusqu'en septembre dernier, David Wright, ancien conseiller de Jacques Delors à la présidence de la Commission européenne et ex-secrétaire général de l'Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), et Paul-Henri de la Porte du Theil, ancien directeur général de Crédit Agricole Asset Management et ex-président de l'Association Française de la Gestion Financière (AFG).

Quid de la Caisse des Dépôts ?

Gérard Rameix, 65 ans, avait été nommé en août 2012 président de l'AMF, où  il avait succédé à Jean-Pierre Jouyet, parti à la Caisse des Dépôts. Il connaissait déjà parfaitement le gendarme des marchés financiers pour avoir été directeur général de l'ex- Commission des opérations de bourse (COB) de 1997 à 2003 puis secrétaire général de l'AMF de 2003 à 2009, avant de partir quelques mois à la Cour des Comptes et d'être nommé médiateur national du crédit aux entreprises.

Emmanuel Macron adoptera-t-il la même démarche pour les autres nominations ? « La méthode sera testée pour l'AMF, nous verrons pour la suite » glisse-t-on à Bercy. Le président devra régler très bientôt un autre dossier dans la sphère financière publique : l'actuel directeur général de la Caisse des Dépôts, Pierre-René Lemas, doit théoriquement prendre sa retraite de préfet en août prochain, mais il fait campagne pour rester jusqu'à la fin de son mandat de cinq ans, en 2019. Emmanuel Macron était son adjoint lorsque Pierre-René Lemas était secrétaire général de l'Elysée auprès de François Hollande. Ce qui ne garantit pas forcément son maintien à la tête du bras financier de l'Etat.

[Article mis à jour à 18h40]

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 13/06/2017 à 23:06
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On peut rappeler que Gérard Rameix avait été écarté de l'AMF pour n'avoir pas prévu la crise de 2008. Cette sanction de principe s'est trouvée annulée sous le précédent quinquénat et Gérard Rameix s'est même trouvé promu dans cette affaire en devenan...

à écrit le 10/06/2017 à 22:00
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Le processus mis en place pour ce recrutement suggère clairement une continuation des errances actuelles et passées. Celles qui empêchent d'affronter la réalité et de prendre les mesures appropriées pour réduire autrement qu'à la marge les risques d...

à écrit le 10/06/2017 à 20:51
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Le gendarme organise lui même la magouille....le genre de machin pour faire croire aux gueux que l'Etat exerce un contrôle quelconque sur la finance....

à écrit le 10/06/2017 à 9:38
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Le gendarme Ludovic Cruchot ? Attention les gaillards de la finances, fini de s'amuser.

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