Pour Mario Draghi, les taux bas de la BCE ont été « une expérience très positive »

Par Delphine Cuny  |   |  652  mots
Mario Draghi ce jeudi 24 octobre à Francfort lors de sa dernière conférence de presse à l'issue de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne. (Crédits : Reuters)
Lors de son dernier comité de politique monétaire et sa dernière conférence de presse ce jeudi, le président sortant de la Banque centrale européenne, qui quitte ses fonctions officiellement le 31 octobre, n’a pas souhaité se prêter à l’exercice du bilan. Il a toutefois défendu les dernières mesures controversées prises en septembre et sa politique très accommodante.

« Demandez à ma femme ! », a lancé Mario Draghi aux journalistes qui le pressaient de questions sur ses projets après la fin de son mandat de président de la Banque centrale européenne (BCE), qui s'achève officiellement le 31 octobre. « Super Mario », dont l'épouse était dans la salle, est resté sur la réserve lors de sa dernière conférence de presse à l'issue de son dernier comité de politique monétaire à Francfort, ce jeudi 24 octobre.

Christine Lagarde, qui lui succédera officiellement le 1er novembre, était présente au Conseil des gouverneurs mais elle n'a « pas pris part aux discussions », a-t-il précisé. Le président Emmanuel Macron, ainsi que la chancelière Angela Merkel et le président italien Sergio Mattarella, assisteront lundi 28 octobre à la « cérémonie d'échange de la clochette » entre le président sortant et la présidente « désignée », dont la nomination a été confirmée par le conseil européen du 18 octobre.

« Christine Lagarde n'a pas besoin de conseil ! », a-t-il répondu à une question. « Elle sait parfaitement quoi faire. Et elle disposera de beaucoup de temps pour se forger une opinion avec le conseil des gouverneurs », a-t-il déclaré.

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« Ne jamais renoncer »

Le banquier central, qui n'a pas relevé une seule fois un taux d'intérêt en huit ans, s'est montré réticent à dresser lui-même un bilan de son mandat ou à évoquer un regret. « On ne peut pas changer le passé, à moins d'être historien ! », a-t-il ironisé. Mario Draghi a tout de même confié quelques réflexions personnelles.

« Cette expérience a été très intense, profonde et fascinante », a-t-il résumé, ajoutant qu'il était « trop tôt pour dire » ce qu'il en retenait.

Interrogé sur sa plus grande fierté de ses huit années tout sauf tranquilles, le « sauveur de l'euro », qui avait promis en juillet 2012 de faire « tout ce qu'il faudra » (« whatever it takes ») pour préserver la monnaie unique, a joué la carte de la modestie et de la collégialité.

« S'il y a une chose dont je suis fier, c'est la façon dont nous avons, collectivement, avec le conseil des gouverneurs, constamment poursuivi notre mandat. D'une certaine manière, cela fait partie de notre héritage : ne jamais renoncer ! »

Le président de la BCE n'a d'ailleurs pas renoncé à convaincre les critiques de sa politique monétaire très accommodante, en particulier au sujet des dernières mesures prises en septembre, une nouvelle baisse des taux et la reprise du programme d'achats de dettes, très contestées y compris au conseil des gouverneurs et au sein du directoire. Peu après, l'Allemande Sabine Lautenschläger a annoncé sa démission.

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« L'objectif principal des décisions de septembre était de cimenter la politique accommodante face à un environnement économique qui se dégrade, ce qui a été largement atteint avec l'aplatissement de la courbe des taux, la transmission complète aux taux plus courts », a-t-il expliqué. « Malheureusement, tout ce que nous avons vu depuis nos actions de septembre a montré très clairement que c'était justifié », a-t-il plaidé, citant en exemples les indicateurs dans le secteur manufacturier et les services.

Plus généralement, Mario Draghi a défendu sa politique très accommodante au très long cours.

« Pour nous, les taux négatifs, cela a été une expérience très positive : cela a stimulé l'économie, l'emploi. Jusqu'ici les effets positifs ont plus que compensé les effets négatifs », a-t-il insisté. « En 2017, nous nous préparions à sortir de la politique accommodante puis les conditions ont changé. Nous avons dû changer de trajectoire. Le paradigme de référence a changé. Les taux vont rester bas pendant encore longtemps », a-t-il prédit.