SVB, Credit Suisse... Le FMI juge le système bancaire européen « vulnérable »

Le chef économiste du FMI considère que les Européens n'ont pas les moyens de soutenir massivement leur système financier en cas de crise bancaire, comme les autorités américaines l'ont fait après la faillite de SVB.
Pierre-Olivier Gourinchas.
Pierre-Olivier Gourinchas. (Crédits : IMF Photo/Cory Hancock)

[Article publié le mercredi 10 mai 2023 à 07h58 et mis à jour à 09h02] Faut-il s'inquiéter pour le système bancaire européen ? Le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI) a en effet estimé mardi que l'Europe était « vulnérable », même si ses banques semblent « solides », dans un contexte marqué par la faillite de banques régionales américaines et du rachat en urgence de Crédit Suisse, en très mauvaise posture, par UBS.

Invité de France Info ce mercredi matin, Pierre-Olivier Gourinchas a réitéré son propos.

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 « L'Europe est vulnérable parce que l'union bancaire n'est pas terminée, a pointé Pierre-Olivier Gourinchas mardi à Paris auprès de l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). On n'a pas encore d'union des dépôts : ça veut dire que la France est responsable de ses propres banques, l'Allemagne est responsable de ses propres banques s'il y a un choc en termes de garantie des dépôts ».

Endettement

Pourtant, « on est en droit de se poser des questions sur la capacité des pays (européens, ndlr) à prendre en charge leurs propres banques, si jamais il y avait un choc bancaire important », a-t-il suggéré, comme les autorités américaines sont intervenues après les faillites de la Silicon Valley Bank, de Signature Bank ou de First Republic.

Les Etats européens voient notamment leurs marges d'action être limitées par leur important endettement depuis la pandémie, qui comprime leurs capacités budgétaires. Invité de France info ce mercredi matin, Pierre-Olivier Gourinchas a notamment pointé l'endettement de la France.

Le FMI « est quand même un peu inquiet de cette instabilité bancaire, parce qu'une fois que les investisseurs deviennent nerveux par rapport aux institutions financières, il y a toujours la possibilité de mouvements de marché qui s'amplifient et ne soient pas très bien contrôlés », s'est préoccupé Pierre-Olivier Gourinchas la veille, qui s'est aussi montré rassurant sur d'autres aspects.

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Contexte financier instable

En effet, les banques européennes possèdent selon lui des « coussins de capitaux plus importants » que leurs homologues américaines. En outre, elles ont passé des tests de résistance (stress tests) de manière « plus rigoureuse » qu'aux Etats-Unis.

« Dans la zone euro, on n'a pas eu de grandes banques qui ont été mises en difficulté », a-t-il poursuivi, à l'exception de Credit Suisse, « une banque qui allait mal depuis déjà longtemps ». L'Europe « a des banques plus solides, mais moins d'outils (que les Etats-Unis) pour répondre » à leurs éventuelles difficultés, a conclu le chef économiste du FMI.

Depuis plusieurs semaines, l'institution de Washington s'alarme des risques qui planent sur le système financier mondial dans un contexte financier plus instable. « Les faillites soudaines de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank aux États-Unis, ainsi que la perte de confiance à l'égard de Credit Suisse, une banque d'importance systémique au niveau mondial basée en Europe, ont rappelé avec force les difficultés que pose le resserrement des conditions tant monétaires que financières conjugué à l'accumulation des facteurs de vulnérabilité », déplorait le FMI dans son rapport sur la stabilité financière dans le monde paru début avril.

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L'institution exhorte les banques centrales à prendre en compte ces risques dans leur politique de durcissement monétaire : « Si les tensions financières s'intensifient notablement et menacent la santé du système financier dans un contexte d'inflation élevée, il faudra sans doute faire des arbitrages entre les objectifs d'inflation et de stabilité financière ».

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