Transfert d'argent : la Fintech Remitly en passe de devenir une licorne

Soutenue par de prestigieux investisseurs, dont Jeff Bezos, la startup américaine lève 135 millions de dollars et serait valorisée près d'un milliard de dollars. Elle a également levé 85 millions en dette syndiquée pour développer des services premium. Ce marché, de plus en plus concurrentiel, pourrait être chahuté par l'arrivée du libra de Facebook.
Juliette Raynal
La Fintech Remitly, basée à Seattle et spécialisée dans les transferts d'argent internationaux en ligne, traite environ 6 milliards de dollars par an.
La Fintech Remitly, basée à Seattle et spécialisée dans les transferts d'argent internationaux en ligne, traite environ 6 milliards de dollars par an. (Crédits : Remitly)

Les ambitions de Facebook dans l'univers des transferts d'argent avec sa cryptomonnaie Libra ne semblent pas effrayer Remitly ni ses investisseurs. Cette Fintech américaine spécialisée dans les "remittances", c'est-à-dire les virements que réalisent les migrants vers leur pays d'origine, vient d'officialiser une nouvelle levée de fonds de 135 millions de dollars (environ 120 millions d'euros).

Ce tour de table est mené par Generation Investment Management, un véhicule d'investissement cofondé par l'ex vice-président des Etats-Unis Al Gore et spécialisé dans les placements durables, qui a levé un milliard de dollars en mai dernier. Owl Rock Capital, Princeville Global, Prudential Financial, Schroder & Co Bank AG et Top Tier Capital Partners participent également à cette série E (cinquième tour de table), aux côtés des investisseurs existants, dont DN Capital, PayU de Naspers et Stripes Group.

Soutenue par Jeff Bezos, le patron d'Amazon

Fondée il y a 8 ans à Seattle, Remitly compte parmi ses premiers actionnaires Jeff Bezos, le patron d'Amazon, dont le siège se situe dans la même ville, mais qui n'a pas participé à cette nouvelle augmentation de capital. La Fintech n'a pas fait de commentaire sur sa valorisation, mais selon une source proche du dossier, citée par le Financial Times, elle serait proche du stade de licorne avec une valorisation qui avoisinerait le milliard de dollars, contre 450 millions en 2017, lors de son dernier tour de table.

"Avoir une liste aussi impressionnante d'investisseurs qui participent à notre série E dit quelque chose de très puissant sur la mission et les perspectives de Remitly. Ils partagent notre conviction qu'il est possible de créer une entreprise "for good", qui soit à la fois forte et durable", a déclaré Matt Oppenheimer, PDG et cofondateur de Remitly, cité dans un communiqué.

Comme d'autres startups de la Fintech, WorldRemit a développé une appli mobile pour faciliter les transferts d'argent internationaux en pratiquant des tarifs souvent inférieurs à ceux des banques classiques et des acteurs traditionnels du secteur comme Western Union et MoneyGram. Les destinataires peuvent recevoir l'argent sous trois formes, en  espèces (à un guichet), directement sur leur mobile ou sur leur compte bancaire. Remitly a traité un volume de 6 milliards de dollars en rythme annuel.

85 millions de dollars de dette pour développer des services premium

Grâce à cet argent frais, la Fintech, qui emploie un millier de collaborateurs, entend accélérer son développement international. Elle disposent de bureaux à Londres, à Manille (Philippines) et Managua (Nicaragua). Son service est aujourd'hui disponible dans 16 pays pour l'envoi d'argent et dans 44 pour la réception. En avril dernier, elle s'est officiellement lancée sur le marché tricolore où de nombreux autres acteurs, disposant également d'importants moyens sont déjà actifs. Parmi eux, le britannique WorldRemit (qui a récemment levé 175 millions de dollars) ou encore de TransferWise, également britannique, qui vient de doubler sa valorisation à  3,5 milliards de dollars, mais qui s'adresse davantage aux problématiques des globe-trotters, expatriés, étudiants et travailleurs indépendants.

En parallèle de cette augmentation de capital, Remitly a levé 85 millions de dollars (environ 76 millions d'euros) de dette privée auprès de plusieurs banques : Barclays, Bridge Bank, Goldman Sachs ainsi que Silicon Valley Bank, qui agit en qualité d'agent administratif et d'arrangeur principal du crédit syndiqué. Cette somme doit permettre à Remitly de développer ses services premium comme le virement instantané lors duquel l'entreprise verse l'argent au destinataire avant même d'avoir été compensée par le système mondial de paiement.

Le marché des "remittances" est évalué à 690 milliards de dollars par la Banque mondiale. Un marché juteux qu'entend bien attaquer Facebook avec le libra, qui aura de faibles frais de transactions, "des fractions de centimes" dont ne bénéficiera pas le réseau social, assure la firme de Menlo Park.

Juliette Raynal

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