En favorisant la diversité, les entreprises gagnent en compétitivité

A Bercy, à l'occasion de la seconde édition du "TOP10 des recruteurs de la diversité", les ministres du Travail et de l’Economie ont rappelé qu’au-delà de l'aspect social, les entreprises peuvent y trouver un avantage économique important.
En réduisant les discriminations sur le marché du travail, le gain pourrait être de 150 milliards d'euros (6,9% du PIB).

« Lorsque l'on parle diversité au travail, on a tendance à considérer la problématique avec le prisme social, mais c'est aussi un facteur économique fondamental », amorce Saïd Hammouche, président de la fondation Mozaïk. Pour la deuxième année consécutive, celle-ci et ses partenaires ont récompensé les meilleures pratiques en matière de diversité au travail à l'occasion du « TOP10 des recruteurs de la diversité », organisé lundi 27 novembre. À Bercy pour l'occasion, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a tenu à rappeler l'enjeu pluriel de cette inclusion:

« Humain évidemment car on passe du simple au double des chances en fonction de son origine ou du quartier duquel on vient ; social car il s'agit de cohésion mais aussi économique puisque, pour les entreprises, c'est là une perte de compétitivité et de talent. »

Les chiffres prouvent en effet l'importance de la problématique : en réduisant les discriminations sur le marché du travail, le gain pourrait être de 150 milliards d'euros (6,9% du PIB). Plus précisément, les candidats des territoires moins privilégiés sont 2,5 1fois moins reçus en entretien que les autres et près de 36% de la population est au chômage dans les quartiers prioritaires alors que 320.000 postes ne sont pas pourvus chaque année. « Si la croissance reprend, le défi est qu'elle soit inclusive », souligne la ministre du Travail.

« Aujourd'hui on a un double marqueur : la qualification et la géographie
On peut cumuler les deux car la qualification est un marqueur de chômage qui est inégal selon les origines des uns des autres. » @murielpenicaud @MozaikFondation #TOP10 #TOP10versite

— TenzingConseil (@TenzingConseil) 27 novembre 2017

C'est pour appeler les entreprises à faire davantage d'efforts, sinon les poursuivre, que le « TOP10 de recruteurs de la diversité existe ». « Nous savons que ceux qui prennent la décision sont les DRH, les managers, les dirigeants », explique Saïd Hammouche. La lutte contre les discriminations, qu'elles soient liées aux origines, au sexe, au milieu social, au lieu de vie, à un handicap, est donc au cœur du propos. Et, au-delà des conseils, des rencontres et des simples présentations d'initiatives, les meilleures pratiques sont récompensées.

« Aujourd'hui, la France entière doit réussir »

Cette année, une cinquantaine d'initiatives ont ainsi concouru. Sous la présidence de Jean-Paul Charlez, numéro un de l'Association nationale des DRH, le jury constitué de dix personnalités (responsable diversité, directeur général, délégué interministériel, experte diversité, DRH...), a désigné dix projets se démarquant du lot, dans trois catégories différentes. Les entreprises - "diverses" elles aussi car regroupant établissements privés et publics, PME régionales ou grandes banques régionales - ont été évaluées selon trois critères liés à la diversité : leur mode de recherche de candidats (sourcing), les moyens d'évaluation pour les recrutements et les capacités d'intégration des futurs employés.

Désigné parrain de cette édition, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie a rappelé l'importance de la démarche :

« Le drame de la France, c'est qu'elle reste une société des titres. Nous avons fait tomber les privilèges en 1789 : les ducs, les princes et les rois ont laissé place aux conseillers d'Etat, aux experts de la Cour des comptes... Aujourd'hui, la France entière doit réussir. »

.@BrunoLeMaire : "il faut aussi combattre la discrimination géographique, tous les territoires français doivent réussir"#TOP10versite pic.twitter.com/psDhYIKeeP

— Ministères de Bercy (@_Bercy_) 27 novembre 2017

Et d'ajouter :

« Que vous vous appeliez Saïd, Laurent, Mohamed ou Bruno, que vous soyez noir ou blanc de peau, que vous ayez des racines de 3 ou 4 siècles en France ou que vous soyez arrivés il y a 10 ans, que vous vivez en territoire rural en périphérie ou en ville, si vous respectez la France, que vous l'aimez, vous devez avoir autant de chances de réussir. C'est la promesse de la République. »

Un engagement ambitieux que le ministre n'a pas manqué de tempérer tout de même. Et ce malgré l'optimiste remise de prix. « Ce combat culturel, qui doit mobiliser toutes les forces, demandera assurément du temps. »

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Les gagnants du TOP10 de l'édition 2017

  • Catégorie "Grandes entreprises et ETI"

Le Grand Prix revient au Crédit Agricole Centre-Est pour son action "mission talents". Celle-ci a consisté à organiser des sessions de recrutement en collectif et en individuel sans CV. « Des mises en situation qui ont pour ambition de dépasser les clichés liés à l'origine géographique, et de favoriser l'égalité des chances », souligne Rémy Dib, chargé de recrutement. « Surtout, cela nous permet de ressembler davantage à nos clients.»

Dans la même catégorie, l'entreprise Capgemini (spécialiste du conseil, des services informatiques et de la transformation numérique) a également été récompensée pour son initiative consistant à embaucher des apprenants de la Grande Ecole du Numérique dont certains d'entre eux sont des "décrocheurs".

Denier lauréat de cette catégorie, la SNCF qui présentait son opération "Rendez-vous égalités et compétences" : une délocalisation des processus de recrutement dans les quartiers prioritaires accompagnée d'un coaching pour les candidats potentiels.

  • Catégorie "TPE / PME / Startups"

Le Grand Prix a été décerné à Solicom, une agence de communication qui recrute essentiellement des jeunes diplômés issus des quartiers populaires. Misant sur la "richesse des profils", Bastien Brunis, fondateur et dirigeant de l'entreprise assure :

« La France des quartiers n'est pas une France low-cost. C'est là que l'on a notre vivier de talents pour l'avenir. »

Autre lauréat, Sabelec energies, PME spécialisée dans l'énergie, l'eau et la gestion des déchets qui dit se contenter "de recruter naturellement au-delà du périph' puisque l'entreprise s'y situe."

Le cabinet de conseil en stratégie opérationnelle multisectoriel, Tenzing, a aussi été saluée pour sa politique de recrutement de jeunes issus de milieux modestes, pour son mentorat des juniors, ses formations et ses missions de mécénat.

Enfin, Jimenez FVA, société toulousaine de transport, est le dernier lauréat de ce volet. La PME a signé des partenariats avec des centres de formation, des écoles et Pôle emploi pour favoriser l'insertion professionnelle et la reconversion. Sa présidente directrice générale souligne également la part importante de femmes dans l'entreprise : 40% au total et 50% dans les postes de cadres (sur 500 salariés).

  • Catégorie "Economie sociale et solidaire et fondations"

Dans cette thématique, c'est l'association Atout jeunes universités (AJU) qui décroche le Grand Prix. Celle-ci met en relation quatre entreprises (Danone L'Oréal, Société Générale et le groupe ADP) et quatre universités (Créteil, Marne la Vallée, Cergy Pontoise et Saint Denis) de manière à développer des projets collaboratifs, des rencontres et découvrir des talents.

« Plus encore, il s'agit aussi de développer l'employabilité des jeunes car même s'ils ne sont pas recrutés par les entreprises partenaires, le fait d'avoir été en stage ou d'avoir échangé avec les professionnels leur permet de s'outiller pour la suite de leur parcours », explique Marc Grosser, président d'AJU.

Toujours dans l'ESS, la fondation TF1 a aussi été saluée pour son dispositif de recrutement dédié aux jeunes issus des quartiers et zones rurales. Un sourcing inhabituel, assure Samira Djouadi déléguée générale de la fondation, qui a permis de "casser les murs invisibles auxquels il est courant de se heurter".

Et, avec la même ambition, l'Intitut de l'engagement, association repérant les jeunes à "fort potentiel" et les mettant en lien avec les entreprises, est la dernière lauréate de cette édition 2017.

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Commentaires 8
à écrit le 09/12/2017 à 16:53
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La France est le parfait contre exemple, d’où des entreprises atones et en perte de vitesse vertigineuse. A embaucher toujours les mêmes écoles, les mêmes profils, elles sont devenues des entreprises perdantes: thales, safran, Oberthur, st microélect...

à écrit le 01/12/2017 à 11:40
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on avait déjà entendu parler "des chances pour la France" , mais maintenant on sait qu'elles valent au moins 150 milliards . qu'attend le Gouvernement pour en recruter en masse dans les entreprises publiques et les administrations ? ça ferait baiss...

à écrit le 29/11/2017 à 8:54
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Puis-je savoir pourquoi le commentaire transmis hier n’a pas été publié ? Censure ou oubli ?

à écrit le 28/11/2017 à 22:39
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J'adore ces nombres balancés comme on ferait sauter une crêpe à la chandeleur ... Allez, 150 milliards par ci ! Moi, j'ai envie d'écrire que le coût de ces plus de 60% de CV de personnes étrangères qui arrivent sur mon bureau toutes les semaines est...

à écrit le 28/11/2017 à 18:40
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La fabrique du consentement...😁

à écrit le 28/11/2017 à 12:03
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Et c'est tellement beau une photo des salariés d'une entreprise en véritables couleurs, avec aussi des personnes handicapées, de tous âges, de tous les milieux sociaux. Vous en avez diffusé une il y a quelques mois qui était magnifique donnant de sui...

à écrit le 28/11/2017 à 9:03
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Cours de récréation! Soit c'est la guerre de tous contre tous ou de bandes rivales! Compétitivité ou débauche d'énergie inutile? Rationalité ou amoncellement de données peut être utiles un jour?

à écrit le 28/11/2017 à 8:51
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J aimerai savoir comment est calculé le chiffre impressionnant de 150 milliard d'euros de gains ?

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