Vol V se donne les moyens de ses ambitions dans le biométhane

Le producteur indépendant d’électricité, qui a obtenu des autorisations pour dix installations, cède une partie de ses toitures solaires pour financer ses projets d’injection dans le réseau GrDF.
Dominique Pialot
Centre de méthanisation.

La filière française de méthanisation a connu en 2015 une année délicate, avec plus d'une installation sur deux en difficulté. Au point que le gouvernement a révisé à la hausse les tarifs de rachat pour l'électricité produite par cogénération (production d'électricité et de chaleur à partir du biogaz issu de déchets agricoles et agroindustriels), y compris pour les installations déjà en activité, du jamais vu.

Qu'à cela ne tienne, Cédric de Saint-Jouan, président de Vol V, croit en l'avenir du biométhane, un gaz obtenu après purification du  biogaz et destiné à être injecté dans le réseau GrDF ou à alimenter des flottes de véhicules. C'est « un nouveau produit, non importé, décarboné, renouvelable, non délocalisable et contribuant à soutenir l'agriculture locale », vante le cofondateur de ce producteur d'énergie éolienne et solaire, créé en 1996. Au point de céder 50% de sa holding (35 toitures solaires pour une puissance de 10 MW) pour financer ses projets de production de biométhane.

Industrialiser les process pour abaisser les coûts

Avec dix autorisations obtenues, Vol V est aujourd'hui à la tête du gros portefeuille de l'Hexagone. Reconnaissant que les projets sont complexes à monter, car il importe de mutualiser des déchets produits par plusieurs sites et de bien choisir la localisation des équipements, Cédric de Saint-Jouan entend précisément se consacrer à des installations de grande taille, capitaliser sur son expérience et industrialiser les process de façon à abaisser les coûts de production, alors que ce sont essentiellement de petits projets de méthanisation à la ferme qui ont connu des difficultés ces derniers mois.

Au niveau national, l'objectif est de 1% de la consommation de gaz en 2020 et 10% en 2030. Avec le Royaume-Uni et le Danemark, la France fait partie des pays qui ont mis en place des tarifs de rachat pour le biométhane injecté dans le réseau. Des projets commencent à voir le jour à l'initiative de collectivités locales (Strasbourg ou la Ville de Paris qui prévoit d'alimenter ainsi ses 900 bus d'ici 2025) ou d'acteurs privés tels que Ikea ou Carrefour pour leurs flottes de véhicules de livraison.

En fonction du pouvoir méthanogène des déchets organiques récupérés, l'opération produit également des digestats valorisés dans l'épandage agricole.

Vingt sites d'injection et 40 MW visés d'ici 2020

Pour mener à bien les dix projets pour lesquels l'entreprise a reçu des autorisations (sachant que sept autres sont en cours d'instruction), Vol V (qui emploie 35 personnes et réalise 17 millions d'euros de chiffre d'affaires) a recruté 13 personnes pour sa division Vol V Biomasse. Celle-ci a vu le jour en 2010, après Vol V éolien et Vol V solaire. Ces 10 projets représentent un investissement de plus de 80 à 100 millions d'euros. 15% de cette somme sont financés par des subventions du Fonds chaleur, du Fonds déchets, de l'Europe, des conseils régionaux ou généraux et de l'Agence de l'eau. Les deux premiers sites en construction, l'un près d'Amiens, l'autre près de Quimper, ont convaincu des pools bancaires emmenés respectivement par Unifergie (filiale du Crédit Agricole) et des caisses d'épargne locales et la Banque Populaire Atlantique. Ils commenceront à produire à l'automne. Mais Vol V ne compte pas en rester là, et vise une vingtaine d'unités en 2020, soit l'équivalent de 40 MW injectés dans le réseau GrDF.

Le retour des banques, échaudées par les résultats médiocres de l'année dernière, reste fragile. « Dans ce contexte, le rôle du pionnier (que revendique Vol V, NDLR), est de montrer que le process est fiable et peut être décliné à grande échelle », observe Cédric de Saint-Jouan. Certes, le biométhane jouit depuis plusieurs mois d'une importante campagne orchestrée par GrDF, et d'autres acteurs de premiers plans, comme Engie, lui dédient des projets de recherche. Mais Cédric de Saint-Jouan tient à mettre toutes les chances de son côté pour lever de nouveau des fonds d'ici quelques années, lorsqu'il aura investi le fruit de la vente annoncée aujourd'hui.

Dominique Pialot

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 20/01/2016 à 8:18
Signaler
Il existe bien une relation entre le cout du travail et le prix de l'énergie. Il faut augmenter le prix de l'énergie et réduire en même temps le cout du travail, à niveau constant et progressivement jusqu'à en certain niveau.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.