L'industrie missilière française en voie de consolidation

Le ministre de la Défense Hervé Morin appelle à une consolidation de la filière missilière française. MBDA pourrait en être le pivot.

Une nouvelle fois, le ministre de la Défense Hervé Morin a appelé mardi à une consolidation de l'industrie missilière en France déjà regroupée autour du leader européen MBDA (37,5 % EADS, 37,5% BAE Systems et 25 % Finmeccanica), puis Thales et enfin Safran, qui a développé à la fin des années 90 la bombe guidée AASM . Pour autant, cette opération, déjà appelée de ses vœux en juillet par le ministre, est beaucoup moins stratégique que le vaste échange d'actifs entre Safran et Thales, l'un des derniers gros dossiers de la consolidation de l'industrie de défense française.

Le sujet de la consolidation des missiliers français est plus technologique que stratégique, avec une rationalisation de la filière des autodirecteurs, le cerveau des missiles. A l'occasion du lancement de de l'Aster au début des années 2000, MBDA et Thales, les deux groupes, partenaires et rivaux, avaient signé un "Yalta" dans les autodirecteurs, en se répartissant les programmes à venir sur lesquels ils devaient être maître d'œuvre. A Thales les programmes français, à MBDA, les programmes européens comme le missile air-air Meteor.

C'est aujourd'hui à nouveau le cas pour les prochains missiles de nouvelle génération de Mica, Aster et Exocet. Les deux industriels réfléchissent sur ce dossier crucial - les autodirecteurs électromagnétiques - pour la maîtrise de la filière missilière. Au-delà ? Interrogé par La Tribune sur un rapprochement avec l'activité missilière de Thales, le PDG de MBDA Antoine Bouvier a déclaré qu'il n'y avait "aucune discussion" avec le groupe d'électronique pour un rachat de ces activités (deux missiles sol-air Crotale et Starstreak). Il y a environ quatre ans, à l'issue d'une réflexion stratégique, Thales avait décidé de garder son activité missilière.

S'agissant de Safran, MBDA, qui a déjà conclu en 2008 un accord avec le groupe aéronautique sur la commercialisation de l'AASM, serait disposé à aller plus loin. C'est-à-dire à un rachat de l'activité de Safran. Ce qui lui apporterait un surcroît de chiffre d'affaires et un plus dans son portefeuille produits.

Enfin, dernier point et non des moindres, la participation de BAE Systems dans MBDA serait à vendre. Une rumeur récurrente depuis plusieurs années. Qui pourrait acheter à part EADS, qui pourrait alors consolider 100 % du chiffre d'affaires du missilier ? Certains pensent à Dassault Aviation, qui pourrait enfin peser sur les négociations sur les prix des missiles qu'il juge régulièrement beaucoup trop chers.

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