Et si l'Egypte avait été le premier pays client du Rafale...

Au début de l'été 2011, les militaires égyptiens, qui ont de l'argent à dépenser, s'intéressent à l'avion de combat tricolore. Mais Paris et Dassault Aviation ne sont pas très favorables à une telle opération.
Michel Cabirol
L'Egypte était intéressée par le Rafale mais Dassault Aviation n'était pas chaud

C'était au début de l'été 2011 peu de temps après que la pression de la rue égyptienne n'ait eu la tête d'Hosni Moubarak en février. A cette époque, les militaires, et notamment le maréchal Hussein Tantaoui, qui dirigeait le Conseil suprême des forces armées (CSFA), s'attendent à tout moment à rendre le pouvoir aux civils. Mais ils ont de l'argent. Et veulent le dépenser avant leur départ.

"On s'est rendu compte qu\'ils avaient plein de cagnottes", explique un bon connaisseur du dossier à "latribune.fr". Une autre source confirme que "qu'il y avait chez les militaires égyptiens une frénésie pour signer des contrats d\'armement". Le Caire fait ainsi parvenir à Paris une "expression d'intérêt" pour l'avion de combat tricolore, le Rafale, selon des sources concordantes. Les militaires égyptiens s'offriraient bien entre 12 et 20 appareils.

Dassault Aviation pas intéressé

Une demande surprenante qui embarrasse, semble-t-il, la France. Toutefois Paris ne souhaite pas froisser l'Egypte avec qui elle discute d\'autres contrats. Pour sa part, le constructeur du Rafale, Dassault Aviation, lui est beaucoup moins diplomate. Il n'est vraiment pas intéressé par cette opération d'autant qu'il cherche à recaser les Mirage 2000-9 des Emirats arabes unis (EAU) dans le cadre de la vente de 60 Rafale à Abu Dhabi.

Pourquoi pas. L'Egypte a dans sa flotte des vieux Mirage 2000 à moderniser. Premier client export du monoréacteur conçu par Dassault Aviation, Le Caire s'était payé au début des années 2000 20 Mirage 2000 (16 Mirage 2000 EM et 4 Mirage 2000 BM) et avait reçu les premiers exemplaires en 1986. Pour autant, Paris avait commencé à discuter avec Le Caire pour comprendre le besoin des militaires égyptiens. Des pilotes égyptiens essaieront même le Rafale. Mais cela n'ira pas plus loin.

La France réticente au regard du contexte géostratégique régional

L'administration française est très réticente à vendre le Rafale dans un pays encore à l'époque très instable avec la menace des Frères musulmans. En outre, Israël aurait été très opposé à cette vente à l\'image de la récente acquisition de deux sous-marins allemands U-209 par l'Egypte. Berlin et Le Caire ont conclu à l'été 2011 cette vente pour un montant de 920 millions d\'euros.

Enfin, les Etats-Unis n'auraient vraisemblablement jamais permis au Caire de s'offrir des Rafale. Faut-il rappeler que les codes sources des F-16 égyptiens sont verrouillés par Washington. Ces appareils "ne peuvent plus voler quand ils s'approchent de la frontière israélienne", confirme un observateur.

Michel Cabirol

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