Ariane 6 sur le pas de tir luxembourgeois

Les ministres chargés de l'espace des pays membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) vont décider à partir de mardi du lancement du programme Ariane 6.
Michel Cabirol
Les ministres chargés de l'espace des pays membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) vont décider à partir de mardi du lancement du programme Ariane 6 qui succèdera à Ariane 5 (sur la photo)
Les ministres chargés de l'espace des pays membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) vont décider à partir de mardi du lancement du programme Ariane 6 qui succèdera à Ariane 5 (sur la photo) (Crédits : reuters.com)

Chat échaudé craint l'eau froide. On y reprendra plus la ministre en charge de l'espace, Geneviève Fioraso, d'arriver à une conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne (ESA) sans un gros travail de préparation comme en novembre 2012 à Naples où la tension avait été paroxystique entre la France et l'Allemagne. "Nous sommes bien plus avancés que la dernière fois, où la conférence n'avait pas été anticipée par mes prédécesseurs", a-t-elle précisée dans une interview accordée à La Tribune.

Clairement, Ariane 6 se rapproche de son pas de tir. Le lanceur se déclinera en "deux versions, une Ariane 6.2 pour servir le marché institutionnel, et une version 6.4 pour le marché commercial", a expliqué à l'AFP le directeur général de la branche espace d'Airbus Defence and Space, François Auque. "Le fait d'avoir une version 6.2 et une version 6.4 ne génère pas de surcoûts parce que l'on a une totale communalité" entre les deux, "et en plus, on retrouve une communalité avec Vega", le lanceur léger de l'ESA, a-t-il précisé.Et d'estimer que "c'est la perfection absolue en termes de communalité dans la famille européenne des lanceurs".

Un gros travail de préparation

Du coup, elle a beaucoup travaillé à la fois en franco-français avec les industriels et le CNES pour dégager une stratégie française commune, à la fois avec les principaux partenaires européens de la France dans le spatial, dont l'Allemagne, pour trouver avant le sommet de Luxembourg des compromis sur les dossiers les plus chauds. Notamment le prochain système de lanceur européen, Ariane 6. La feuille de route pour le futur lanceur européen "a fait l'objet d'une convergence, d'une co-construction entre les agences et les industriels mais pas d'un chèque en blanc", a expliqué Geneviève Fioraso.

Chaque dimanche, y compris quand elle était en déplacement à l'étranger, Geneviève Fioraso a donc eu au téléphone son homologue allemande, Brigitte Zypries, en accord avec le ministre de l'Economie allemand Sigmar Gabriel, dont elle est proche, pour la rassurer et la convaincre de lancer le développement d'Ariane 6, sans passer par la case Ariane 5 ME. Avec succès. "Nous avons donc fait une ministérielle informelle supplémentaire pour parvenir à un accord" et "nous sommes arrivés le 13 novembre à une orientation favorable à Ariane 6", a souligné Genviève Fioraso."Un grand débat a eu lieu autour de ce projet et nous sommes convaincus que c'est un bon projet", a confirmé jeudi dernier à Paris Sigmar Gabriel, lors d'une conférence de presse à Paris avec son homologue français Emmanuel Macron.

"A ce titre, nous avons décidé que nous participerons au financement d'Ariane 6 avec 60 millions d'euros par année. C'est une participation à hauteur de 22 % au projet d'Ariane 6 et nous espérons que d'autres pays le feront aussi", a indiqué le ministre allemand.

La France aura entre 50 % et 52 % d'Ariane 6

Car sauf aléas de dernière minute, selon nos informations, la répartition de la charge de travail sur Ariane, qui devrait être décidée à Luxembourg, est pratiquement calée entre les différents partenaires de ce programme. La France aura entre 50 et 52 %, l'Allemagne entre 20 et 22 % et l'Italie entre 10 et 12 %. L'Espagne a quant à elle envie d'un peu plus que ce qu'elle a d'habitude (5 %) dans les lanceurs Ariane. Tout au plus quelques ajustements seront possibles. "Il y aura encore une marge de négociations à la ministérielle, mais la situation n'est pas bloquée contrairement à la dernière ministérielle de Naples", a confirmé Geneviève Fioraso à La Tribune.

Sur la gouvernance, l'industrie sera l'autorité technique du lanceur, le CNES sera chargé du segment sol tandis que l'ESA sera l'architecte du système de l'ensemble, a expliqué à La Tribune la secrétaire d'Etat à la Recherche. Dans un Memorandum of Understanding (MoU) sur les principes de gouvernance entre l'ESA, les industriels le CNES, tout sera formalisé, a détaillé la secrétaire d'Etat : les interfaces, la définition des interfaces, les modes de contrôle, les modes de suivi, le partage des risques en cas d'échec, les paiements, qui seront débloqués après franchissement de livrables technologiques.

Un "go-no go" en 2016

Même si les Allemands sont convaincus, il faudra quand même passé par un point d'étape en 2016. "Il y a effectivement un « go-no go » en 2016 mais la décision politique sera prise à Luxembourg", confirme la secrétaire d'Etat, qui rappelle que "ce n'est pas spécifique à ce projet. C'est toujours le cas pour les grands projets. Cela me parait normal qu'il y ait des points d'étape pour de tels investissements, publics et privés".

Pour autant, la France a verrouillé le programme. Il y a une règle des deux tiers à l'ESA. Il faudrait que les deux tiers le décident pour arrêter un programme. Et comme la France a déjà 50 % sur Ariane 6...

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 02/12/2014 à 10:29
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La France est toujours à la pointe et à la hauteur des enjeux et remet sans cesse l'ouvrage sur le métier. Les allemands eux préfèrent les avancées par petites touches et surtout les retours géographiques quitte à ne pas maitriser ce qu'ils se propos...

à écrit le 02/12/2014 à 7:21
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Article intéressant attention au titre du paragraphe suivant - Un gos travail de préparation -gos = gros

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