"Turbomeca vend un moteur d'hélicoptères sur trois dans le monde" (Olivier Andriès, président de Turbomeca)

Le constructeur de turbines d'hélicoptères de Bordes (Pyrénées-Atlantiques) a bien résisté à l'érosion des ventes des appareils légers en 2014. Notamment grâce à la croissance de 17 % de moteurs réparés.
Michel Cabirol
Airbus Helicopters a sélectionné le moteur Arrano comme motorisation exclusive pour le nouvel hélicoptère bimoteur X4.

En dépit de quelques trous d'air sur le marché des hélicoptères, notamment les appareils légers, Turbomeca (groupe Safran) a fait preuve d'une très belle résilience en 2014. "Nous avons livré 832 moteurs d'hélicoptères l'an dernier, soit une baisse de 11 % par rapport à 2013 (984 moteurs livrés, ndlr), mais, parallèlement, notre activité support/réparation a affiché une belle augmentation de son chiffre d'affaires", explique dans une interview accordée à "La Tribune" le président de Turbomeca, Olivier Andriès, présent ce mardi sur le salon HAI Heli-Expo organisé à Orlando (États-Unis).

Pourquoi une telle baisse? "Elle s'explique essentiellement par un ralentissement des ventes d'hélicoptères légers, et par conséquent des turbines de faible puissance, affirme-t-il. Ce qui fait donc baisser en quantité le nombre de moteurs vendus". Mais la filiale de Safran a effectivement réparé 17 % de moteurs de plus l'an dernier qu'en 2013. Soit "1.750 moteurs réparés l'an dernier dans le monde entier (1.499 moteurs réparés en 2013, ndlr)", souligne-t-il.

18.000 moteurs en opération

Du coup, le chiffre d'affaires de Turbomeca a enregistré une légère hausse en 2014. Interrogé par "La Tribune", Olivier Andriès, qui est également membre du comité exécutif de Safran, ne souhaite pas communiquer le chiffre d'affaires 2014, qui représente, précise-t-il seulement, "15 % du chiffre d'affaires des activités propulsion de Safran (8,15 milliards d'euros en 2014, ndlr)". En 2013, la filiale de Safran avait enregistré un chiffre d'affaires de près de 1,2 milliard d'euros.

Ce qui fait la force et l'avenir de Turbomeca pour les années à venir, c'est la croissance de sa flotte de moteurs en service. "Nous avons actuellement 18.000 moteurs en opération, précise Olivier Andriès. Dans le monde entier, Turbomeca vend un moteur sur trois. Grâce à cette performance, nous avons aujourd'hui 35 % de parts de marché au niveau mondial". Et la flotte de moteurs "augmente d'année en année, en moyenne de 1 % à 2 % par an. Le nombre de sorties de moteurs est inférieur au nombre d'entrées en service", assure le patron de Turbomeca.

Turbomeca motorise le X4...

Pour Turbomeca, le salon HAI Heli-Expo va être l'occasion de "faire le buzz" grâce à Airbus Helicopters et... au constructeur américain Bell. "Nous sommes associés à la présentation du nouvel hélicoptère X4 d'Airbus Helicopters", se réjouit Olivier Andriès. Airbus Helicopters a sélectionné le moteur Arrano "comme motorisation exclusive pour le nouvel hélicoptère bimoteur X4", a précisé Turbomeca dans un communiqué publié mi-février. "C'est une très bonne nouvelle", assure Olivier Andriès.

Initialement, le motoriste de Bordes (Pyrénées-Atlantiques) devait pourtant partager le marché avec l'américain Pratt & Whitney mais "Airbus Helicopters a décidé en 2014 de faire monter en gamme le X4 en termes de performances en demandant une augmentation  de puissance supplémentaire", précise Olivier Andriès. Une décision qui a finalement mis hors course Pratt & Whitney, qui présentait un moteur déjà en service avec moins de possibilités de développements. Ce qui n'est pas le cas du moteur Arrano, en cours de développement depuis 2012 et positionné sur le marché des turbines de 1.100 à 1.300 chevaux. Il offre une consommation en carburant réduite de 10% à 15% par rapport à la précédente génération de moteur.

"Quand Airbus Helicopters a demandé de la puissance supplémentaire, l'Arrano en avait alors encore sous le pied, fait observer le président de Turbomeca. Et nous sommes confiants sur les performances annoncées de l'Arrano, qui va poursuivre ses essais de développements et de certification en 2015 et 2016". Le motoriste est d'ailleurs également en mesure de répondre à la nouvelle exigence d'Airbus Helicopters qui veut raccourcir de six mois le développement de l'Arrano. "Nous nous sommes engagés à livrer à Airbus Helicopters nos premiers moteurs avant la fin de 2015", indique le président de Turbomeca à "La Tribune". La certification de l'Arrano, dont le développement s'élève entre 100 et 200 millions d'euros, est attendue en 2017.

... et le Bell 505

En 2013, Turbomeca avait déjà suscité le "buzz" avec la motorisation du futur Bell 505, le nouvel appareil à cinq places de Bell Helicopter, qui va succéder à la précédente génération de Jet Ranger (plus de 7.000 exemplaires livrés). Le constructeur américain, qui veut reprendre pied dans le marché des appareils monoturbines légers, a choisi Turbomeca pour équiper le Bell 505 avec l'Arrius 2R, développé en 34 mois. C'est une nouvelle version du "moteur fiable et éprouvé, l'Arrius, qui a volé 7 millions d'heures". Mais il intègre "pour la première fois un système FADEC dans cette catégorie d'hélicoptères légers monomoteurs, qui est un élément important pour augmenter la sécurité des hélicoptères".

"Nous avons livré le premier moteur avec 15 jours d'avance fin octobre 2014 au lieu de novembre 2014 à la grande satisfaction de Bell, observe Olivier Andriès. Nous planifions la certification fin 2015 et la mise en service en 2016". Bell prévoit une montée en cadence très forte avec une production de 200 appareils par an. Les moteurs de Turbomeca seront assemblés près de Dallas au Texas. "Nous avons pris la décision d'assembler ces moteurs aux États-Unis. Des moteurs made in USA", indique-t-il.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 14/03/2015 à 14:48
Signaler
Fort bien dit cependant seule la commande chinoise de 1000 appareils en 2014 est venue soutenir l'activité de cette filiale de Safran. La redistribution résultant de l'éventuelle reprise de Augusta par Bell évoquée hier sur ce fil la renforcerait. Il...

à écrit le 03/03/2015 à 16:02
Signaler
Je connais assez bien cette entreprise. Mon père y a travaillé toute sa vie, j'y ai effectué deux stage ingénieurs durant mes études il y a plus de 40 ans, et je connais des gens qui y travaillent. Je suis ravi de voir que Turboméca est devenu n° 1 ...

le 03/03/2015 à 17:53
Signaler
Un n°1 mondial, selectionné par les deux constructeurs majeurs pour leurs best sellers du futur, etc... Et en plus qui en aurait sous le pied côté productivité... Achetez du safran !!! Soit c'est de l'INTOX du type ragot, soit les compétiteurs son...

le 04/03/2015 à 1:29
Signaler
quel rapport? si les gens ne travaillent pas et que l'entreprise est n1, ou est le problème?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.