Jackpot pour Airbus et Boeing en Inde : Air India commande près de 500 avions

Propriété du conglomérat indien Tata Group, Air India vient d'annoncer deux commandes historiques : l'une à Airbus de 250 appareils, l'autre à Boeing de 220 avions. Le tout pour plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Un Airbus A320 d'Air India au décollage.
Un Airbus A320 d'Air India au décollage. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 14.02.2023 à 13:09, mis à jour à 18:15]

Le jeu en valait la chandelle. En négociations depuis de long mois avec Airbus et Boeing, Air India a conclu coup sur coup deux contrats gigantesques avec les deux avionneurs, ce mardi à l'occasion du salon AeroIndia à Bangalore. La compagnie indienne s'est engagée pour pas moins de 470 appareils moyen et long-courriers : 250 Airbus et 220 Boeing, auxquels s'ajoutent des options pour des avions supplémentaires.

C'est la commande Airbus qui a été officialisée en premier par Shri N. Chandrasekaran, le président exécutif du conglomérat Tata, le géant indien qui détient entièrement Air India depuis l'an dernier. Ce contrat colossal porte sur 210 monocouloirs, dont 140 exemplaires de l'A320 NEO et 70 de l'A321 NEO. Des options pour des avions supplémentaires, dans des proportions moindres, sont également prévues, avec la possibilité d'en ajouter d'autres si elles venaient à être toutes exercées. Le reste de la commande est composé de six A350-900 et 34 A350-1000.

Les long-courriers d'Airbus de retour en Inde

Christian Scherer, directeur commercial d'Airbus, a exprimé sa satisfaction après une telle signature et « de voir en particulier l'A350, le -900 et surtout le -1000, être validé comme l'appareil de référence pour le trafic intercontinental indien ». Il faut dire que le constructeur européen n'avait plus aucun gros porteur exploité par une compagnie indienne. Il a tout de même précisé qu'il ne s'agissait pour l'instant que d'une lettre d'intention, mais qu'au vu des négociations très détaillées menées depuis deux ans, il n'y avait pas de risques pour la conclusion du contrat définitif.

Cela pourrait être le cas d'ici quelques semaines selon le directeur commercial. Il explique ainsi qu'il y a la nécessité d'aller vite pour tenir le calendrier des A350. En effet, les A350-900 sont une reprise de la commande d'Aeroflot, pour l'instant suspendue en raison de la guerre en Ukraine, et doivent arriver dès la fin de l'année. Les A350-1000, qui proviennent d'une commande entièrement nouvelle, suivront un an et demi plus tard.

Air India devra en revanche se montrer patient pour les appareils de la famille A320 NEO. Au grand dam de Christian Scherer, les premiers créneaux de livraisons disponibles ne seront effectifs qu'en 2027. Et encore, il s'agit de positions sécurisées par Airbus pour Air India pendant la négociation. D'ici là, la compagnie indienne devrait se retourner vers de la location pour amorcer le renouvellement de sa flotte, et se serait déjà engagée pour 25 exemplaires.

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Boeing n'est pas en reste

Du côté de Boeing, Air India a opté pour 190 monocouloirs 737 MAX, qui pourraient notamment équiper sa filiale low cost Air India Express déjà équipée de 737 NG. La future flotte comprendra des 737 MAX 8 et des 737 MAX 10, ces derniers étant encore en cours de développement.

Sur le segment long-courrier, la compagnie indienne a commandé 20  exemplaires du Dreamliner, des 787-9 qui viendront s'ajouter aux 27 appareils 787-8 déjà en flotte, ainsi que 10 exemplaires du futur 777X. La commande, qui est, elle aussi, encore au stade de la lettre d'intention, est assortie d'options pour 50 MAX supplémentaires et 20 Dreamliner.

Par ailleurs, Air India s'est engagée avec le motoriste CFM International (coentreprise entre GE Aerospace et Safran) pour la commande de plus de 800 moteurs LEAP. Cela comprend 420 moteurs LEAP-1A pour les appareils de la famille A320 NEO et 380 LEAP-1B pour les 737 MAX, ainsi que des moteurs de rechange. Un contrat de service a également été conclu.

De nombreux leviers de croissance

«  Ces nouveaux avions nous permettront d'étendre notre réseau de façon significative tant au niveau national qu'international, et seront équipés d'un tout nouveau produit de classe mondiale qui permettra aux passagers de voyager dans des conditions de confort et de sécurité optimales  », s'est réjouit Campbell Wilson, PDG d'Air  India, à propos de la commande passée auprès de Boeing.

Ce renouvellement de flotte massif doit permettre à Air India de concurrencer la low cost Indigo, qui a enchaîné les contrats colossaux auprès d'Airbus ces dernières années pour un total de 730 A320 NEO et A321 NEO commandés.

Au-delà de cette concurrence domestique, ces nouveaux avions doivent aussi repositionner Air India face aux compagnies étrangères, notamment du Golfe comme Emirates. En effet, la compagnie de Dubaï, rivale d'Air India, est l'une des plus puissantes en Inde.

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Cette commande record reflète aussi le dynamisme et la montée en puissance de l'Inde. Le poids démographique du pays, dont la population va dépasser cette année celle de la Chine pour devenir la première au monde, et l'augmentation de sa classe moyenne sont autant de leviers de croissance des vols intérieurs, rendus incontournables par le mauvais état des infrastructures terrestres.

Christian Scherer a ainsi insisté sur la puissance de ce marché, qui a très vite rebondi après la crise sanitaire. Il assure ainsi qu'il est bien plus solide qu'il y a une quinzaine d'années, où le trafic indien avait connu de premiers envols - ce qui avait d'ailleurs permis à Airbus de s'installer dans le pays - suivis de retombées violentes. Des acteurs ambitieux comme Kingfisher et Jet Airways avaient ainsi fortement grandi dans les années 2000 avant de s'effondrer financièrement au cours de la décennie suivante. Le directeur commercial d'Airbus a également loué la solidité et l'engagement de l'actionnaire d'Air India, le très puissant groupe Tata.

Les livraisons d'Airbus en berne en janvier

Alors qu'Airbus entend produire 65 monocouloirs de la famille A320 par mois en 2024, il n'a été en mesure d'en remettre que 16 à ses clients en janvier, ainsi que deux A220, un long-courrier A330 et un A350.

Janvier est traditionnellement l'un des mois les moins actifs de l'année sur le plan des livraisons, mais elles sont cette fois-ci loin de leur niveau de 2019 (39 appareils) ou même de l'an passé (30 avions). Elles sont aussi plus faibles que celles de janvier 2021 (21 appareils).

Les livraisons constituent un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique, car les clients paient la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions.

L'an passé, le géant européen avait dû renoncer à son objectif initial de livrer 720 avions sur l'année et n'avait été en mesure de remettre que 661 appareils à ses clients en raison des difficultés de sous-traitants, fragilisés par la pandémie, à remonter en cadence. Ses objectifs pour 2023 n'ont pas encore été dévoilés.

Airbus a par ailleurs comptabilisé 36 nouvelles commandes en janvier, notamment douze A220 supplémentaires pour la compagnie américaine Delta Airlines ainsi que douze A320 et A321 pour Uzbekistan Airways.

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 3
à écrit le 15/02/2023 à 9:51
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Je n'ai rien contre les Indiens, mais tous ces nouveaux avons me laissent perplexe, quand je vois toutes les contraintes et limitations que l'on nous impose concernant la pollution, comme par ex les multiples restrictions/interdictions à l'usage de n...

à écrit le 14/02/2023 à 19:54
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Lettre d'intention et non commande ferme signée....Comme toujours avec les Indiens qui adorent les grandes annonces et se mettre en avant devant les médias, Wait and see.... La lenteur excessive des Indiens pour signer des contrats et leur notion du...

à écrit le 14/02/2023 à 13:32
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Bonjour, Bien pour une commande si importantes.... Maintenant, je ne suis pas sûr que cela donne du travail au sous traitants... D'ailleurs dernièrement, une entreprise racheter par un fond de pension américains, souhaitent délocaliser en Républiqu...

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