Arabie Saoudite/France : reconstruire une relation

Paris et Ryad vont tenter de reconstruire une nouvelle relation. Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz est arrivé dimanche en France pour une visite de trois jours.
Michel Cabirol
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz a dîné en tête à tête avec Emmanuel Macron au Louvre
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz a dîné en tête à tête avec Emmanuel Macron au Louvre (Crédits : Hamad I Mohammed)

C'est une visite importante, très importante dans la relation entre l'Arabie Saoudite et la France. Elle devrait même la conditionner pour les années à venir, du moins pour la durée du quinquennat. Paris et Ryad veulent-ils renouer et marcher côte à côte mais dans le respect de chacun ? C'est au prince héritier saoudien Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz, qui est arrivé dimanche en France pour une visite de trois jours, et à Emmanuel Macron de trouver le bon chemin et la volonté pour reconstruire la relation entre les deux pays, qui, durant ces dernières années a généré beaucoup de frustrations à Paris et de l'incompréhension à Ryad.

Les deux hommes ont semble-t-il envie de réussir ce pari. Ils ont dîner dimanche soir en tête à tête au Louvre, a annoncé l'Elysée. Ce dîner privé a donc fourni à Emmanuel Macron l'occasion de nouer des relations personnelles avec le nouvel homme fort du Moyen-Orient.

Ça passe ou ça casse

Entre Emmanuel Macron et Mohammed bin Salman, surnommé MBS, c'est l'acte deux. La première rencontre entre les deux hommes avait été virile le 9 novembre dernier. Le président français avait effectué une visite surprise, organisée sur les conseils du prince héritier d'Abu Dhabi Mohammed ben Zayed al-Nahyane, l'ami de la France dans la région. Il avait téléphoné à MBS pour lui proposer une rencontre avec Emmanuel Macron. Elle avait permis aux deux hommes de se jauger, voire de se défier.

Le prince héritier avait expliqué à Emmanuel Macron que les entreprises françaises, à l'image des groupes américains, pourraient bénéficier de contrats de la part du royaume à condition de ne pas commercer avec... l'Iran. Ce qui avait irrité le Chef de l'Etat français, qui lui aurait répondu qu'on ne parlait pas comme cela de la France, qui mène sa diplomatie comme elle entendait. Entre l'Iran et l'Arabie Saoudite "la France ne choisit pas un camp, a récemment confirmé le Quai d'Orsay. Elle parle à tous, même si elle a bien sûr avec les pays de la région des relations différentes qui ont chacune leur histoire".

"En principe, après une telle discussion entre deux pays, ça enclenche bien", estime-t-on. Ainsi, Paris avait permis au prince héritier de sortir par le haut de la crise avec le Liban en exfiltrant le Premier ministre libanais, Saad Hariri du royaume. Vendredi, l'Arabie saoudite s'est d'ailleurs engagée à renouveler sa ligne de crédit d'un milliard de dollars au Liban en dépit de l'influence iranienne dans ce pays.

Des contrats d'armement?

Pour les industriels de l'armement, cette visite est également importante mais il parait très peu probable, pour ne pas dire impossible, que "MBS" et Emmanuel Macron mettent en scène la signature de contrats d''armement lors de cette visite. Alors que ce n'est pas la volonté de Ryad de signer des contrats dans ces occasions, Paris souhaite quant à lui faire profil bas en raison de l'activisme des ONG sur le rôle de Ryad dans la guerre au Yémen.

Pour autant, plusieurs dossiers d'armement seront évoqués, d'autant que le patron de Saudi Arabia Military Industries (SAMI) Ahmad ben Aqil al-Khatib, un  proche de MBS, sera présent à Paris. Cette entreprise d'armement, récemment créée pour constituer une industrie de défense locale, devra être en mesure à l'horizon de 2030, de "saoudiser" 50% des achats d'armement de Ryad. La France sait faire. Ces dernières années, elle a signé de nombreux contrats en ayant proposé des transferts de technologies (Inde, Brésil, Australie notamment). Parmi les éventuelles commandes évoquées, il y aura des discussions portant sur une vente à moyen terme de cinq corvettes Gowind fabriquées par Naval Group, qui propose une coopération sur le système de combat avec la SAMI. Pour sa part, Thales continue de négocier très discrètement le renouvellement progressif du parc de systèmes de défense sol-air de courte portée avec Ryad.

Par ailleurs, deux contrats modestes, qui traînent depuis des années, pourraient faire l'objet d'une signature mais en dehors de la visite officielle de MBS : une trentaine de patrouilleurs pour le chantier naval de Cherbourg CMN armés de canons de 20 mm (39 patrouilleurs HSI 32, dont 24 seront construits à Cherbourg et 15 à Dammam en Arabie Saoudite pour 550 millions d'euros) et des canons de 105 mm et des véhicules blindés pour Nexter pour équiper deux brigades de l'armée de Terre saoudienne (359 millions). Une goutte d'eau pour Ryad...

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 10/04/2018 à 11:26
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Ces contrats d'armement impliquent sans doute des contreparties?

à écrit le 10/04/2018 à 10:01
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Avec Macron c est comme d hab."silence radio", le clampins que nous sommes n ont pas a être informés ! Entre l Arabie et la France les relations ne doivent pas être idyllique, est ce a cause de l Iran ? du Qatar ? d Hariri ? ou autre ?? aller savoir ...

à écrit le 10/04/2018 à 7:10
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Pas trés regardantes sur la morale , les relations internationales de notre " beau" pays !!!

à écrit le 09/04/2018 à 19:42
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C'est quand la situation dégénère qu'on éfleure ce qu'il se passe aux sommets des états, voir avec M. Sarkozy. Si seullement on pouvais vraiment savoir ce qu'il se passe...

à écrit le 09/04/2018 à 14:28
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Non monsieur Cabirol, vous nous faites toujours de bons articles avec de bonnes analyses mais pourquoi reconstruire des relations avec l'arabie saoudite soumise aux états unis ? Non ce qu'il faut construire c'est une relation avec les états unis ...

le 10/04/2018 à 8:43
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Waou. Quel programme m le ministre. Aller, on anandonne l euro (et on prend le dollars) on arrete ce qui reste de notre état providence et on prend leur 15 j de congés annuels. Je suis sur que vous approuvez. Les etats ,comme rome a l epoque antiq...

le 10/04/2018 à 10:00
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Vous ne pourriez pas faire un minimum d'effort à écrire des réponses compréhensibles au moins svp ? Mais vous avez apprit à écrire où ? Déjà que l'ironie c'est délicat à l'écrit mais ensevelie sous une syntaxe catastrophique cela n'a alus du tout...

à écrit le 09/04/2018 à 8:38
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Voilà pourquoi nos chers présidents ont supprimé le crime de haute trahison. Aucune logique financière ne justifie de maintenir des relations avec cet "état" abjecte. Le capitalisme a tué toute idée supra-nationale de fierté et de justice. Si Hitle...

le 10/04/2018 à 7:55
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La construction européenne actuelle repose sur le culte de la performance (mépris des faibles), et la spoliations (dumping) : un mélange du III ème Reich et de l'Union Soviétique. Rien que la réunification allemande en dit long sur l'idéologie en cou...

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