
Lors de son audition au Sénat mercredi, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a confirmé que « les calendriers sont tenus » pour une promulgation de la future loi de programmation militaire (LPM) le 14 juillet. « Le Conseil des ministres sera amené à regarder le projet de loi à l'horizon fin mars, début avril comme nous l'avions indiqué publiquement », a précisé le ministre des Armées. Puis, le projet de loi de la LPM, qui couvrira la période 2024-2030 et qui est doté de 413 milliards d'euros (dont 13 milliards de ressources extra-budgétaires), doit atterrir à l'Assemblée nationale et au Sénat respectivement en mai et en juin.
« En un mot, toutes les lignes de la LPM par rapport à celle de 2019 vont augmenter. Toutes. Sauf une : la provision pour les OPEX et pour cause ce sont des provisions et en plus Barkhane est terminée », a annoncé Sébastien Lecornu.
Par ailleurs, le président et la Première ministre ont autorisé le ministère des Armées « à sortir les dépenses liées à l'aide militaire à l'Ukraine de la LPM par sincérité budgétaire et par transparence démocratique vis-à-vis de nos concitoyens ». L'exécutif a convenu que la LPM est construite historiquement « pour définir le format des armées ». Du coup, « l'aide à l'Ukraine me semble-t-il doit sortir de la LPM ». Si la guerre russo-ukrainienne n'est pas terminée d'ici à 2024, cette aide militaire se retrouvera dans l'annualité budgétaire du ministère « en plus de la LPM », a assuré le ministre.
Derniers arbitrages
La LPM fait actuellement l'objet des derniers arbitrages, notamment sur les moyens qui seront mis en œuvre pour protéger les territoires de l'outre-mer dans le cadre de la stratégie indopacifique de la France (un volet piloté par Emmanuel Macron) et pour le service national universel (SNU). C'est aussi le cas pour la construction année après année de la LPM. Ainsi le ministre des Armées a indiqué aux sénateurs que les annuités budgétaires de la LPM « pour aller jusqu'à ces 413 milliards d'euros sont en train d'être définies ». Pour ce faire, Sébastien Lecornu a donné « un mandat à la Direction générale de l'armement pour regarder comment les différents programmes atterrissent en autorisations d'engagement et en crédits de paiement ».
Le ministre a également demandé à la DGA de « fiabiliser les prix et les délais » des programmes et attend également « quelques réductions de coûts » de l'industrie de l'armement au regard de l'effort réalisé en faveur de l'outil militaire français. Il a demandé à l'industrie de faire des efforts. « Il n'y a pas de raison que chacun ne fasse pas aussi un effort en la matière. Je l'ai dit à la BITD et je l'ai dit à chaque grand chef d'entreprise de la BITD droit dans les yeux », a insisté le ministre. Tout comme il a demandé que « la BITD prenne davantage de risques sur sa part propre de financement d'innovation ».
Les six chiffres nouveaux
1/ Plus de 60% : Le ministre a annoncé que les efforts en matière de renseignements militaires à travers les trois services sur sa tutelle (DGSE, DRM et DRSD) seront augmentés de « plus de 60% », un « chiffre que je n'ai jamais encore donné publiquement ». Sébastien Lecornu a précisé que cet effort pour la DGSE ne concernait pas uniquement sa nouvelle implantation sur le site de Fort Neuf de Vincennes. « C'est clé. C'est clé pour la dissuasion, c'est clé pour la lutte contre le terrorisme, c'est clé pour la compréhension de la compétition dans le monde », a-t-il expliqué.
2/ 5 milliards d'euros : Le ministre souhaite également faire un effort sur les drones « sur lesquels un retard inacceptable a été pris ». Pour revenir dans la compétition, Sébastien Lecornu va miser tout au long des sept années de la LPM cinq milliards d'euros. Soit une moyenne annuelle sur la période 2024-2030 de près de 715 millions d'euros. Avec ce montant, « il ne s'agit pas de rattraper le retard. Je pense qu'on serait en retard si on rattrapait le retard. C'est plutôt faire un saut de génération technologique, d'assumer notre retard pour aller prendre le rendez-vous qui suit pour 2030-2035 ». Le ministre entend également avancer sur les munitions rôdeuses.
3/ 6 milliards d'euros : S'agissant des ressources extra-budgétaires, Sébastien Lecornu a fait remarquer que la tarification des actes médicaux était une véritable manne pour le ministère qui « perçoit beaucoup d'argent ». Et cette ressource extra-budgétaire pour la période est évaluées « à 6 milliards d'euros sur la base des critères la LPM actuelle ».
4/ 10 milliards d'euros : La LPM « va porter à 10 milliards d'euros l'effort dans l'innovation en propre de la DGA ». Soit 1,42 milliard d'euros par an sur la période de la LPM, contre 1 milliard d'euros sur l'actuelle LPM.
5/ 30 milliards d'euros : sur les 413 milliards d'euros courants dédiés à la LPM sur la période 2024-2030, l'inflation va en grignoter 30 milliards, a confirmé le ministre.
6/ 49 milliards d'euros : Le ministre a annoncé au Sénat un effort « absolument spectaculaire » en matière d'entretien programmé des matériels (EPM). Il souhaite consacré 49 milliards d'euros, contre actuellement 35 milliards dans l'actuelle LPM. Soit une augmentation de 40%. « Il faut que cela se traduise par des effets réels et non pas par une augmentation des coûts du MCO (Maintien en condition opérationnelle, ndlr), a averti Sébastien Lecornu. Cela fait partie aussi du dialogue avec la BITD ».
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