Atos : Bertrand Meunier jette l'éponge et lâche la présidence du groupe

Le président du conseil d'administration d'Atos, Bertrand Meunier, a quitté ses fonctions, a annoncé lundi le groupe informatique français, cible de critiques d'actionnaires minoritaires depuis plusieurs semaines à propos du projet de cession de la filiale Tech Foundations à Daniel Kretinsky.
(Crédits : BENOIT TESSIER)

[Article publié le lundi 16 octobre 2023 à 07h28 et mis à jour à 12h43] Fin de partie pour le président d'Atos. Après les critiques visant le projet d'une cession partielle du groupe informatique au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, Bertrand Meunier, a démissionné quatre ans après sa nomination, a annoncé ce lundi l'entreprise dans un communiqué, confirmant une information du journal Le Monde dimanche soir. Il est remplacé par Jean-Pierre Mustier, administrateur indépendant depuis mai 2023.  Egalement administrateur indépendant depuis la même date, Laurent Collet-Billon, ancien directeur général de la Direction Générale de l'Armement (« DGA »), est nommé est nommé vice-président.

« Sous ma présidence, la gouvernance d'Atos a été renforcée avec un conseil d'administration renouvelé, resserré, international et diversifié. Récemment, le groupe a accueilli un nouveau directeur général et un nouveau directeur financier, à même de poursuivre la transformation du groupe. Mon engagement dans la transaction globale et transformatrice a toujours été animé par la préservation de l'intérêt social de l'entreprise. Eviden est la seule solution française capable de répondre aux enjeux de souveraineté nationale et européenne », a déclaré Bertrand Meunier dans un communiqué.

L'action Atos a bondi de plus de 20% à la Bourse de Paris ce lundi dans les premiers échanges. L'action s'envolait de 21,15% à 5,91 euros vers 9h05, mais restait en baisse de près de 40% depuis le début de l'année. En fin de matinée, le titre était reparti à la baisse (-3,98% à 12h41).

Le projet contesté de cession au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, bien que maintenu, est reporté au « début du 2e trimestre 2024 ».

Lire aussi« Il n'y a rien de choquant d'avoir demandé à Kretinsky d'investir dans Eviden » (Bertrand Meunier, président d'Atos)

Attaques des actionnaires minoritaires

Ces derniers mois, Bertrand Meunier, qui avait sauvé son poste lors de l'assemblée générale de juin face aux attaques d'un actionnaire minoritaire, était la cible de critiques nourries. En cause, le projet de cession des activités historiques d'infogérance (maintenance des parcs informatiques) du groupe à Daniel Kretinsky. Annoncé en août, ce projet doit être soumis au vote des actionnaires avant la fin de l'année lors d'une assemblée générale extraordinaire. Aucune date n'a été fixée, alors qu'Atos (110.000 salariés dans le monde) est proche de son plus bas historique en Bourse. Deux actionnaires minoritaires, les fonds Alix AM et CIAM, ont même déposé plainte devant le parquet national financier (PNF), le premier pour corruption active et passive et le second pour « informations fausses ou trompeuses ». D'autres actionnaires minoritaires opposés à la vente, réunis dans l'association Union des actionnaires d'Atos constructifs (Udaac, qui dit représenter environ 2% à 2,5% du capital), préparent un « plan stratégique alternatif » sans cession.

L'Udaac avait récemment indiqué vouloir agir en justice pour faire convoquer une assemblée générale dans les plus brefs délais, avec pour objectif la démission de Bertrand Meunier et le renouvellement du conseil d'administration.

Tour politique

La contestation a par ailleurs pris un tour politique : en août, 82 parlementaires LR ont appelé à maintenir Atos « sous le giron français », notamment car sa branche spécialisée dans les supercalculateurs est indispensable aux simulations d'essais nucléaires et à la dissuasion française.

« Même si l'opération était menée à son terme, elle n'aurait aucune incidence en termes de contrôle ou de droit de blocage sur les activités sensibles », avait répliqué fin septembre la Première ministre, Elisabeth Borne.

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Commentaire 1
à écrit le 16/10/2023 à 9:06
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Mustier était arrivé trop tôt à la Société Générale.

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