
Dassault Aviation a réalisé en 2022 une année historique. Historique car l'avionneur a engrangé des prises de commandes record avec 92 Rafale (dont 80 aux Émirats Arabes Unis) et 64 avions d'affaires Falcon pour un montant de 21 milliards d'euros (+73% par rapport à 2021). Résultat, le carnet de commandes est « le plus important de l'histoire » de l'avionneur tricolore avec 125 Rafale export, 39 Rafale France et 87 Falcon, a précisé Dassault Aviation dans un communiqué publié jeudi. Soit un montant de 35 milliards d'euros.
Si le chiffre d'affaires baisse de plus de 4% passant de 7,2 milliards en 2021 à 6,9 milliards en 2022, ce recul était assumé depuis l'année dernière : Dassault Aviation avait annoncé en 2022 lors de la présentation des résultats 2021 qu'il allait livrer moitié moins de Rafale en 2022 (13 contre 25 en 2021) compensé en partie par la hausse des livraisons des Falcon (32 contre 30 en 2021). En 2023, Dassault Aviation a prévu de livrer 15 Rafale et 35 Falcon et de réaliser un chiffre d'affaires encore en baisse.
Partage de la valeur
Mais cette année a également un tout petit goût amer pour l'avionneur. Qu'est-ce qui laisse ce petit goût amer au PDG de Dassault Aviation tel un Amaretto au fonds de la gorge ? Dassault Aviation avec 8,3% de marge opérationnelle (572 millions d'euros de résultat opérationnel) « n'est pas dans le top des marges mais on est quand même dans le top des augmentations » salariales, a souligné Eric Trappier. Mais il peut largement se consoler avec la marge nette de son groupe à 12% (830 millions de résultat net).
« Les résultats que vous décrivez d'exceptionnels ne le sont pas. Ils ne sont pas mal pour Dassault, 1 % de mieux que l'année dernière, mais il n'y a rien d'exceptionnel », a expliqué Eric Trappier, interrogé par un journaliste. « Le résultat, il est de 8 % de marge opérationnelle si je regarde mes pairs, je suis en dessous. (...) Si vous prenez les grands électroniciens ils gagnent plus. Regardez les résultats de Thales. Ils rapportent 11 % de marge opérationnelle. Si vous regardez les sociétés américaines, c'est beaucoup plus. Prenez Airbus aussi. Donc honnêtement, ce sont des résultats normaux ».
En revanche, Le salarié de Dassault Aviation peut être un salarié heureux. « On contribue de par l'esprit Dassault depuis longtemps à avoir un partage de la valeur important », a expliqué Eric Trappier. A ce titre, l'application des accords conclus au sein de l'avionneur conduira au versement en 2023 de 210 millions d'euros de participation et d'intéressement (contre 139 millions en 2022 au titre de 2021). Cela représente au minimum quatre mois de salaire supplémentaires pour 93% des salariés de l'avionneur. L'application de la seule obligation légale aurait conduit à un versement de seulement de 38 millions d'euros en 2023 (0,7 mois). En comparaison, le dividende versé aux actionnaires s'élève au titre de 2022 à 249 millions d'euros (3 euros par action). « C'est un partage (de la valeur) relativement équilibré », a estimé le PDG de l'avionneur.
Champion de la redistribution
En outre, les salariés de Dassault Aviation ont bénéficié en 2022 de quatre millions d'euros de prime de partage de la valeur pour favoriser les plus petits salaires. Soit 500 euros redistribués à tous les salariés qui touchent moins de trois SMIC. Puis, Dassault Aviation a versé à ses salariés une prime au titre du contrat Rafale aux Émirats Arabes Unis. Soit 7 millions d'euros au total. En 2022, direction et syndicats avaient difficilement conclu sur une augmentation de 140 euros pour tous les salariés (4,2% pour les cadres, 7,5% pour les non cadres). Cette année, Eric Trappier a proposé une augmentation de 6%, qui « n'a pas de satisfaire pleinement » les syndicats. Enfin, les salariés auront droit à une prime au titre du salon du Bourget...
« Croyez-moi, je ne suis pas sûr qu'on trouve mieux en France. D'ailleurs est-ce que, vous journalistes, vous avez 6% d'augmentation ? », a taquiné Eric Trappier. Pas sûr, y compris au Figaro...
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