"L'Europe doit augmenter ses investissements dans l'espace ou rester sur le bord du chemin" (Josef Aschbacher, ESA)

Lors de sa venue au Paris Air Forum, le directeur général de l'Agence spatiale européenne, Josef Aschbacher a annoncé que l'ESA prévoyait de "faire une proposition encore plus ambitieuse qu'en 2019 à Séville". Selon lui, l'Europe n'a pas le choix, sinon elle restera au bord du chemin.
(Crédits : La Tribune)

Un peu plus d'un an après être entré en fonction à la tête de l'Agence spatiale européenne (ESA), le directeur général Josef Aschbacher ne compte pas son temps. Il y a un an il avait déjà mené à leur terme les négociations avec l'Union européenne sur la délimitation de leurs prérogatives respectives dans la gestion des programmes spatiaux et mis en forme un « Agenda 2025 » pour définir les objectifs de son mandat. Un an plus tard il a pu compter à son actif deux sommets européens, un au Portugal en octobre dernier pour préparer le grand conseil ministériel de novembre prochain au cours duquel les pays européens décideront les grands programmes à venir, et l'autre à Toulouse, marqué par un investissement politique au plus haut niveau avec l'intervention d'Emmanuel Macron et d'importantes décisions sur la souveraineté.

Il a également dû affronter les conséquences de l'invasion russe en Ukraine et des sanctions qui s'en sont suivi, réduisant à néant des coopérations engagées pour la plupart depuis plusieurs décennies. Seule la station spatiale internationale y a échappé jusqu'à présent. « En un an, j'ai vieilli de deux ou trois ans », reconnaît Josef Aschbacher.

Lanceurs, constellations, exploration..

« L'Europe n'a pas le choix et doit augmenter ses investissements dans l'espace ou rester sur le bord du chemin », estime-t-il, car le reste du monde connaît une accélération fulgurante. « Nous sommes très bons dans ce que nous faisons mais cela ne suffira pas », souligne-t-il. Et rappelle combien le spatial européen s'est déjà hissé au plus haut niveau mondial dans la plupart des domaines, mais que cette place n'est pas acquise. Non seulement le budget de l'ESA reste trois inférieur à celui de la NASA, mais depuis 2020, il a aussi été dépassé par l'investissement privé.

Cette thématique figure parmi les priorités de l'Agenda 2025 : l'Europe ne doit pas se laisser distancer dans les domaines à fort potentiel commercial. C'est particulièrement vrai pour les lanceurs ou les constellations à très haut débit, mais aussi pour ce qui touche à l'exploration, robotique ou habitée, au-delà des orbites basses autour de la Terre. « Nous avons de l'excellence à offrir », assure-t-il.

Dépasser le record de 2019

Le sommet européen de Versailles des 10 et 11 mars, en réaction à l'invasion de l'Ukraine, a mis en exergue le besoin d'adapter les programmes spatiaux aux impératifs de défense et de sécurité. Des compétences existent au niveau national, mais pas encore à l'échelle de l'Union. Il propose donc aux décideurs politiques l'aide de l'ESA pour les développer.

Entretemps, il a déjà lancé cinq chantiers : trois pour soutenir l'accélération de la politique spatiale et deux pour lui insuffler une nécessaire inspiration. Les « accélérateurs » se focalisent sur le soutien du spatial à une politique écologique volontariste, sur les moyens de répondre aux crises et assurer la résilience des réseaux, et sur la protection des moyens spatiaux européens. L'inspiration viendra de l'exploration habitée - dont les contours doivent être fixés par un panel de « sages » extérieurs au spatial - et d'une ambitieuse initiative de retour d'échantillons d'une des lunes de glace de Jupiter ou de Saturne susceptible d'abriter la vie.

La préparation de la ministérielle de Paris en fin d'année bat son plein. « Nous allons faire une proposition encore plus ambitieuse qu'en 2019 à Séville », assure Josef Aschbacher. A Séville, les pays européens avait décidé d'investir 14,38 milliards d'euros sur cinq ans. L'ESA souhaite d'ores et déjà dépasser le montant de Séville, qui était un record en matière depuis la fondation de l'organisation intergouvernementale en 1975. « Nous savons que la situation est difficile mais c'est justement pour cette raison qu'il faut être ambitieux, car c'est ce dont l'Europe a besoin ».

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Commentaires 2
à écrit le 15/06/2022 à 20:25
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Toujours cette même vision étriqué d'un nouveau nationalisme "grandeur" européenne, c'était compréhensible quand on parlait de notre pays par rapport aux autres! Mais la main-mise des multinationales a changer la donne!

à écrit le 15/06/2022 à 11:39
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En même temps, Vu le genre de personnes qu'on recrute pour être astronaute, il ne faut pas avoir beaucoup d'ambitions avant-gardistes pour travailler à l'ESA. Je trouve que ça colle assez bien au tableau des médailles du manque de leadership de l'...

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