
Tel les puissants taureaux du célèbre élevage Miura près de Séville, PLD fonce tout droit vers son premier lancement de son histoire. Dans la course au développement et à la conception d'un mini-lanceur en Europe, la startup espagnole, basée à Elche en Andalousie, reste bien calée dans le peloton de tête des constructeurs qui se disputent le marché des minisatellites (Isar Aerospace, MaiaSpace, Rocket Factory Augsburg, HyPrSpace, Latitude...). Après avoir réussi mercredi matin un essai crucial du moteur de son lanceur Miura-1 depuis sa base de lancement d'El Arenosillo (Huelva en Andalousie), PLD Space a reçu l'autorisation de l'Institut national de technique aérospatiale espagnol (INTA) d'opérer son premier vol expérimental suborbital d'ici à la fin mai. « PLD Space aborde avec optimisme la dernière ligne droite de son premier vol expérimental Miura-1 SN1 », a expliqué la startup dans un communiqué publié jeudi matin.
« L'objectif de ce premier vol du démonstrateur technologique Miura-1 SN1 est de recueillir autant d'informations que possible afin de valider une grande partie de la conception et de la technologie qui seront ensuite transposées et intégrées à Miura-5 », a expliqué Raúl Torres, cofondateur et PDG de PLD Space, cité dans le communiqué de la startup publié jeudi. Miura-5 (35 mètres de haut et ses deux étages, contre 12 mètres de haut pour Miura-1), qui pourra emporter une charge utile maximale de 540 kg, sera le lanceur avec lequel PLD Space prévoit de commencer son activité commerciale en 2025.
Un essai à chaud
PLD Space a achevé avec succès mardi matin l'essai statique (essai à chaud) depuis sa base de lancement d'El Arenosillo. Cet essai consistait à maintenir le moteur Miura-1 à pleine puissance pendant cinq secondes afin de vérifier le fonctionnement des différents systèmes du lanceur (système d'allumage, température et pression du lanceur) dans un environnement de démonstration. « Dans l'immédiat, le succès d'un test comme celui-ci se mesure à l'aune des enseignements que nous en tirerons, ce qui améliorera notre fiabilité et nos chances de réussite à l'avenir. Nous avons conçu Miura-1 pour accélérer le développement technologique de Miura-5 et l'équipe progresse à une vitesse incroyable », a expliqué le cofondateur et directeur du développement commercial, Raúl Verdú, cité dans le communiqué.
Après cet essai, la startup a obtenu l'autorisation d'effectuer ce lancement dans une fenêtre s'étendant jusqu'au 31 mai. Pour l'heure, la startup n'a pas encore décidé du jour exact du lancement en raison d'un travail d'affinement des paramètres de sécurité, de météorologie et de la durée des opérations de lancement. Du haut de ses 12 mètres, le mini-lanceur suborbital s'élèvera à une centaine de kilomètres au-dessus du golfe de Cadix. Ce vol va permettre de tester et de dérisquer environ 70%/75% des technologies qui seront utilisés pour Miura-5, a expliqué Raúl Verdú dans un entretien à La Tribune. Cette année, PLD Space prévoit un autre vol expérimental.
Dix ans d'effort
Depuis plus de dix ans, PLD Space, qui a levé environ 65 millions d'euros depuis sa création, a construit son aventure avec l'aide des pouvoirs publics espagnols. Cet effort va d'ailleurs permettre à l'Espagne de devenir l'un des rares pays au monde à maîtriser un savoir-faire permettant de mettre en orbite des petits satellites dans l'espace. « Nous sommes partis de rien », a rappelé Raúl Verdú à La Tribune. PLD Space, qui recrute cinq à six personnes par mois, devrait employer 300 personnes d'ici à la fin de l'année. Surtout, la startup a déjà réussi à engranger un carnet de commandes d'une valeur de 300 millions d'euros. Près de 18.500 petits satellites, principalement destinés pour des constellations (83% de la demande), pourraient être lancé entre 2022 et 2031, selon une estimation en juillet 2022 du cabinet spécialisé Euroconsult.
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