Missiles : les trois défis de MBDA pour 2015

En dépit des fondamentaux financiers et économiques solides, MBDA doit relever toute une série de défis pour sécuriser complètement son activité au-delà de 2017.
Michel Cabirol
MBDA attend beaucoup des campagnes export du Rafale pour sécuriser son plan de charges.

Le PDG de MBDA, Antoine Bouvier, peut être un patron heureux. Tous les clignotants du missilier européen sont au vert ou presque. Les prises de commandes (4,1 milliards d'euros, contre 4 milliards en 2013), dont celles à l'exportation (2,5 milliards, contre 2,2 milliards en 2013), ont battu de nouveaux records, tandis que la marge opérationnelle est proche des 10%. Seule petite contrariété mais qui était anticipée par la direction de MBDA, le chiffre d'affaires est en forte baisse (14%), glissant de 2,8 milliards d'euros à 2,4 milliards en raison de la contraction des budgets de défense en Europe, notamment en France et Grande-Bretagne.

Pas de panique pour autant, Antoine Bouvier a prévenu que "le chiffre d'affaires en 2015 se rapprocherait de 3 milliards d'euros" (contre 2,8 milliards en 2013 et 3 milliards en 2012). Une remontée logique puisque MBDA a engrangé ces deux dernières années 8 milliards d'euros de prises de commandes. Ce qui gonfle son carnet à 12,6 milliards à fin 2014 (10,8 milliards en 2013 et 9,8 milliards en 2012) grâce à un book-to-bill (ratio entre prises de commande et chiffre d'affaires) de 1,6 en moyenne sur 2013 et 2014. Pour autant, MBDA a du pain sur la planche pour glisser vers un avenir radieux. Et donc pas mal de défis à relever.

1/ Le défi permanent de l'exportation

L'exportation reste un défi permanent pour une entreprise 100 % défense comme MBDA. D'autant que le missilier doit faire face ces dernières années à une violente contraction des budget de défense en Europe. Dans l'esprit d'Antoine Bouvier, l'export doit donc prendre le relais et assurer "une dynamique de croissance importante". Il a gagné ce pari en 2013 et en 2014. Et devrait récidiver en 2015. Notamment grâce aux deux contrats signés en février en Égypte pour équiper les 24 Rafale (Mica, Scalp) et FREMM (Aster 15, Exocet) pour un montant de 1,1 milliard d'euros (dont 800 millions pour le contrat Rafale) et à celui en en cours de finalisation pour les corvettes Gowind (entre 300 et 400 millions). "Les contrats Egypte arrivent au bon moment en raison de l'incertitude sur la charge qui pesait en 2016 et 2017", a admis Antoine Bouvier. MBDA obtient en propre 40 % du montant du contrat et le solde est pour la filière (60%).

Le PDG de MBDA compte sur un deuxième grand contrat pour sécuriser complètement son plan de charge. Il a le choix entre les campagnes Rafale les plus prometteuses à plus ou moins court terme (Qatar et Inde) et celles sur la défense aérienne (Pologne, Turquie et Inde). Pour autant, ce sont toutes des campagnes difficiles et loin d'être gagnées en 2015. Soit pour des raisons de glissement de calendrier (Rafale Inde et Qatar, Air Defence en Pologne et Turquie), soit en raison de la perte du contrat (Pologne), ou soit en raison de l'arrêt du programme (Air Defence en Inde). Sur le SR-SAM, qui est une "déception" en 2014,  "notre objectif est de relancer cette campagne en 2015 sur la base du Make In india et de comprendre si ce programme a toujours des bases solides ou de réorienter  nos activités en Inde", a expliqué Antoine Bouvier.

En dehors des grands contrats, MBDA devraient comme chaque année obtenir des plus petits contrats (entre 50 et 200 millions d'euros) comme cela été le cas en 2014 avec le contrat Exocet au Brésil (130 millions d'euros) pour armer les hélicoptères de la marine. Par exemple, MBDA a une trentaine de campagnes plus ou moins actives en Inde.

2/ Le défi des programmes domestiques

Après avoir signé les contrats de développement du MMP (Missile moyenne portée), puis des missiles FASGW(H)/ANL (Future Anti Surface Guided Weapon (Heavy)/Anti Navire Léger), MBDA attend encore de la part de la direction générale de l'armement (DGA) la notification du contrat de développement de la modernisation de l'Aster 30, l'Aster 30 block 1NT dans le cadre d'une coopération franco-italienne. Une signature qui devait intervenir en fin d'année et qui a été depuis repoussée de semaine en semaine. Cette incertitude pourrait être liée à l'obtention ou pas du contrat Air Defence en Pologne (Wisla). En tout cas, on reconnait chez MBDA des discussions sur le lancement de ce programme. Dans sa nouvelle évolution, l'Aster 30 verra sa capacité d'interception augmentée pour traiter des missiles d'une portée allant jusqu'à 1.500 km.

C'est aussi le cas pour la modernisation du missile nucléaire ASMPA (air-sol moyenne portée amélioré). Conformément au discours de François Hollande sur la dissuasion nucléaire à istres, MBDA a obtenu de la part de la DGA des programmes d'études amont (PEA) sur la vitesse, "un élément déterminant" pour ce type de missile, la furtivité et les trajectoires de vol en vue de  développer le successeur du missile de la composante nucléaire aéroporté à l'horizon 2050. "C'est un programme qui tire la technologie pour l'ensemble de la filière missilière française", a rappelé Antoine Bouvier. En Grande-Bretagne, MBDA vise la modernisation du missile air-air ASRAAM et des études de faisabilité du programme Spear 3 pour équiper le F-35 d'une bombe planante.

Des contrats attendus par MBDA, qui a d'ailleurs consenti d'importantes réductions de charges de production en contrepartie de la notification de contrats de développement des futurs programmes de missiles. Notamment en France où MBDA a encaissé une baisse de 30 % sur les deux dernières lois de programmation militaire (LPM). Par exemple, MBDA n'a reçu en 2014 que 350 millions d'euros de crédits de paiement de la DGA. Aussi, il serait juste que la France se décide enfin pour la modernisation de l'Aster 30. En outre, en Grande-Bretagne, les experts s'attendent à de nouvelles coupes dans le budget du ministère de la Défense.

3/ Le défi de consolider la filière missilière italienne

Depuis l'arrivée du nouvel administrateur délégué et directeur général de Finmeccanica Mauro Moretti, MBDA Italie est entrée dans une période d'incertitude. Aussi bien sur le plan de la charge que sur le volet capitalistique. "Nous attendons du gouvernement italien la consolidation des budgets missiles en Italie, a reconnu Antoine Bouvier. Nous avons besoin d'avoir une visibilité sur le pipeline à venir. Et précisément nous avons besoin de savoir si les hypothèses de travail sont toujours les mêmes". Entre autre, la filiale italienne du missilier européen attend la notification de la modernisation de l'Aster 30. Pour autant, l'Italie cherche à faire des économies dans son budget de la défense, selon de bons observateurs de la filière défense italienne.

Ce qui pourrait pousser Finmeccanica à vendre les 25% qu'il détient dans MBDA. Des expressions d'intérêt, dont Airbus Group, ont déjà été adressées à Mauro Moretti, qui terrifie son entourage. Le président exécutif d'Airbus Group Tom Enders a déclaré fin février qu'il comptait discuter cette année avec Finmeccanica, notamment concernant MBDA, qui a pour actionnaires, outre le groupe italien, Airbus Group (37,5%), le britannique BAE Systems (37,5%). Le groupe italien semble être entré dans une période compliquée. D'autant qu'il y a une volonté de la part de Mauro Moretti de mettre au pas les grands barons de Finmeccanica, notamment dans les filiales.

Michel Cabirol

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Commentaires 11
à écrit le 01/05/2015 à 11:52
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ci c'était pas nous , ca en serais d'autres ! et puis quand on vois toutes ces sociétés qui licencie & ferme ou partent a l'étranger ........je suis resté 40ans dans ma société sans risque être licencié . Alors............

à écrit le 29/03/2015 à 11:22
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Ce groupe doit impérativement gagnier des part a l'exportation, ils nous faut développé des produits efficace a un prix compétitif, capable d'être installer sur tous type d'appareil ensuite il est attendu le nouveau missile antichar tire est oublis, ...

à écrit le 17/03/2015 à 9:14
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Et puisqu'on parle armements, on apprend ce matin que la France va rembourser l'Etat russe pour les deux BPC Mistral qui ne seront définitivement plus livrés. On estime le montant (amendes comprises) autour de 2.7 milliards de US dollars. Une bonne o...

le 18/03/2015 à 14:02
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sources ? aucune trace de cette information, meme sur sputniknews (qui remplace la voix de la russie)...

à écrit le 17/03/2015 à 7:26
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La vente d'arme est une honte et devrait être interdite. Qu'on se gausse que vendre la mort nous rapporte des gros sous est d'une inhumanité sordide ! Si on est si intéressé par la santé des gens (voir comment ils nous les cassent avec le tabac ...

le 17/03/2015 à 8:11
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Cher Dédé, la porte est ouverte si tu as honte "d'être ici". Au revoir. Ras le bol du french bashing à deux balles

le 17/03/2015 à 8:24
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Ne vous gênez pas, prenez votre courage a deux mains et aurevoir!!!!

le 17/03/2015 à 14:07
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Si vis pacem, para bellum.

le 17/03/2015 à 16:06
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Le tabac et le sucre font plus de morts dans le monde par an que les armes...

le 17/03/2015 à 16:59
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Il est peut être tant de comprendre qu’un pays qui sait se défendre est un pays qui à plus de chance de vivre en paix vis à vis de ses voisins ou autres. Vous voulez des exemples? Libye, Ukraine, Irak, Liban, Tibet, Géorgie,... Après cela ne gara...

le 17/03/2015 à 20:08
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En Ukraine on sait se défendre... contre sa population, comme tout état démocratique qui se respecte naturellement.

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