La modernisation de la flotte d'hélicoptères des forces armées françaises est l'une des pistes prioritaires du plan de rebond concocté actuellement par le ministère des Armées. "La modernisation de notre composante hélicoptères pourrait ainsi faire partie du plan de relance", avait ainsi confié le 6 mai dernier le chef d'état-major de l'armée de l'Air, le général Philippe Lavigne, lors de son audition devant les députés de la commission de la défense.
Vers une commande d'une vingtaine de H225M ?
Le chef d'état-major de l'armée de l'Air semble avoir été entendu même si bien sûr cela reste à confirmer. Dans ce cadre, une partie des 52 Puma en service début 2019 dans les armées (dont 20 dans l'armée de l'Air) pourrait être remplacée par une vingtaine de H225M neufs. Fin 2025, il ne devrait rester que 11 Puma, selon les projections de la loi de programmation militaire (LPM). La solution de location-vente avait été abandonnée au profit d'une commande de 12 H225 prévue initialement en 2023 afin de remplacer les Puma de l'armée de l'air dans le cadre de la LPM. Elle devrait être anticipée par le plan de rebond du ministère. Ce qui permettrait d'aider Airbus Helicopters à passer le cap de la crise aéronautique. Par ailleurs, le NH90 remplace quant à lui progressivement les Puma de l'armée de Terre.
"Avant la crise, le remplacement de nos hélicoptères Puma, âgés de plus de quarante ans, était identifié comme un besoin urgent, auquel une solution de location-vente pouvait répondre, a expliqué aux députés le général Philippe Lavigne. Il s'agissait de disposer plus rapidement d'appareils modernes afin de cesser de recourir aux Puma dont le MCO (Maintien en condition opérationnel, ndlr) devient très coûteux".
Le coût du MCO des Puma, qui ont une moyenne d'âge de 42 ans dans l'armée de l'Air, et des Super Puma s'est élevé en 2018 à 81 millions d'euros, dont 32,7 millions pour les Puma de l'armée de Terre. En 2017, le coût de l'entretien du parc de Puma en crédits de paiement s'élevait à 42,8 millions pour l'armée de l'Air. Pour autant, les Puma ont été "avantageusement employés pour transporter des patients Covid-19, aux côtés nos Caracal, et des hélicoptères de la Marine et de l'armée de Terre", a toutefois noté le chef d'état-major de l'armée de l'Air. Mais, au final, la disponibilité (31,6% pour toute la flotte Puma et Super Puma) et le coût à l'heure de vol des Puma "militent pour un remplacement accéléré de la flotte, a insisté le patron de l'armée de l'Air. Plusieurs propositions ont été faites pour les remplacer par des H225 et assurer ainsi une uniformité de la flotte, ce qui faciliterait le MCO".
Inquiétudes sur les commandes du H160M
Le général Philippe Lavigne a également exprimé lors de son audition des inquiétudes sur la commande de 40 hélicoptères H160M dans le cadre du programme HIL (169 appareils prévus au total à l'horizon 2030), dont les appareils vont progressivement remplacer les flottes d'Alouette III, Gazelle, Dauphin SP, Panther et Fennec dans les trois forces armées. "Des premiers signes de fatigue invitent à une vigilance accrue sur le respect du calendrier de livraison des H160", a-t-il révélé. L'armée de l'air doit être livrée à partir de 2030. Le lancement de la phase de réalisation est prévue en 2021 (contre initialement en 2019). Le ministère des Armées a consacré en 2020 des crédits de paiement pour ce programme Hélicoptère Interarmées Léger (HIL) à hauteur de 42 millions d'euros (21,6 millions en 2019).
En attendant, a précisé le patron de l'armée de l'Air, le traitement des obsolescences du Fennec, de sa caméra thermique et des liaisons de données, reste "indispensable pour pérenniser la capacité à assurer la police du ciel". Les H160M de l'armée de l'Air permettront, outre les missions de protection du territoire (police du ciel, recherche et sauvetage), de réaliser du renseignement et de l'appui en opération. "Destiné à intervenir en profondeur, en accompagnement du Caracal, il devrait être doté de capacités de protection, d'armement et de ravitaillement en vol", a-t-il fait observer. En attendant, les Fennec resteront en service.
Enfin, le général Philippe Lavigne a rappelé que le programme d'hélicoptère de transport lourd était toujours à l'étude. Si cette lacune capacitaire dans les armées françaises est régulièrement mise en lumière, ce programme n'est toujours pas prévu dans la LPM. "Nous explorons les possibilités de coopération avec nos partenaires allemands et britanniques qui en sont dotés", a-t-il expliqué.
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