Le plan de relance pour l'aéronautique devrait être fin prêt pour la fin de la semaine prochaine. Notamment le fonds qui va servir de soutien à la chaine d'approvisionnement aéronautique (supply chain) en cas de défaillance et/ou d'appels de détresse de sous-traitants étranglés par la crise économique. Et ce malgré quelques tiraillements entre les acteurs. On en sait d'ailleurs un peu plus sur ce fonds : c'est très probablement ACE Management (400 millions d'euros d'actifs), filiale de Tikehau Capital, qui devrait porter ce fonds, baptisé Aerofund 4, explique-t-on au ministère des Armées, même si Safran souhaite encore, selon nos informations, une mise en concurrence pour la gestion de ce fonds.
"Ce fonds est le premier levier de Bercy pour aider les entreprises de la filière, précise-t-on au ministère des Armées. Nous, on vient donner une touche défense pour aider la filière. Ce dossier est suivi par la ministre". Les ministres des Armées et de l'Économie, Florence Parly et Bruno Le Maire, se sont d'ailleurs vus jeudi pour se mettre d'accord sur qui fait quoi. D'autant que l'Hôtel de Brienne, premier investisseur public dans l'industrie, peut aider en jouant sur le levier de la commande publique vers les entreprises du secteur, la plupart du temps duales. Ils ont mis une "Task force" d'une cinquantaine de personnes en interministériel.
Un fonds doté entre 500 et 600 millions d'euros
Pour l'heure, ce fonds de soutien devrait être doté par ACE Management, Bpifrance et de façon plus modeste par les Big four de l'aéronautique (Airbus, Dassault, Safran et Thales). Il devrait réunir une somme comprise entre 500 et 600 millions d'euros bien que l'objectif initial visait 1 milliard d'euros. Outre une aide immédiate via des dotations en capital, il doit également servir à dissuader très vite des investisseurs étrangers de venir chasser des PME tricolores clés dans le tissu profond de la chaine de sous-traitance, assure-t-on au ministère des Armées.
Le cauchemar actuel des maîtres d'œuvre et du ministère des Armées, qui n'a pas envie de dépendre d'un approvisionnement à l'étranger, est de perdre un sou-traitant avec des compétences uniques. "C'est le cœur du soutien", précise-t-on. Enfin, ce fonds pourrait favoriser la consolidation des sous-traitants dans l'aéronautique. C'est là où certains des "Big four" divergent sur les objectifs : faut-il encourager une consolidation tous azimuts, comme le souhaiterait Airbus.
Un plan de rebond des Armées pour les industriels
En parallèle, le ministère des Armées réfléchit à un plan de rebond à iso-enveloppe budgétaire, confirme-t-on au sein de l'Hôtel de Brienne. C'est-à-dire dépenser l'ensemble du budget 2020 même si la crise sanitaire a pu ralentir certaines livraisons. Et au-delà dans le cadre de la loi de programmation militaire (2019-2025) et de l'horizon 2030. Comment ? En anticipant certaines livraisons, notamment dans l'aéronautique militaire, programmées plus tard et en aidant de préférence des PME ou des ETI dans le besoin.
Le ministère des Armées a identifié 400 opérations "petites ou grosses", qui pourraient faire l'objet d'un nouveau fléchage de budgets. Il doit encore faire le tri, le montant de toutes ces opérations excédant la somme dont dispose le ministère, qui est en train d'ausculter 1.500 entreprises de la filière. "Mais on invente pas de nouveaux besoins pour dépenser de l'argent public", souligne-t-on au ministère.
Sujets les + commentés