Pourquoi ATR a enfin vendu ses turbopropulseurs régionaux en Chine

Longtemps inaccessible, la Chine s'est enfin ouverte au premier constructeur mondial de turbopropulseurs. Ainsi, ATR a signé coup sur coup deux lettres d'intention portant sur la vente de 13 appareils.
Michel Cabirol
La principale raison de l'arrivée d'ATR sur le marché chinois est politique. Le gouvernement chinois a enfin fait de l'aviation régionale une priorité.

C'est une grande première pour ATR en Chine. Longtemps inaccessible, le pays du Milieu s'est enfin ouvert au premier constructeur mondial de turbopropulseurs. Ainsi, ATR a signé coup sur coup deux lettres d'intention. ATR et Shaanxi Tianju Investment Group (Tianju) ont signé un document pour l'achat de 10 ATR 42-600 (30 sièges) pour développer le transport aérien court-courrier dans la région de Xinjiang, en Chine. "Les premiers avions devraient être livrés dès que possible en 2018", a expliqué ATR dans un communiqué publié lundi.

Puis, le constructeur franco-italien (50-50 entre Airbus et Leonardo) a signé une lettre d'intention avec Xuzhou Hantong Airlines Co., LTD (Hantong), portant sur une commande de trois ATR 42-600 pour développer les transports aériens court-courriers dans la province du Jiangsu, en Chine. "Les premiers avions devraient être livrés dès que possible en 2018", a également annoncé ATR.

Pékin veut développer l'aviation régionale

La principale raison de l'arrivée d'ATR sur le marché chinois est politique. Le gouvernement chinois a enfin fait de l'aviation régionale une priorité. Pékin souhaite se concentrer sur le développement de l'aviation régionale et générale afin de proposer un accès rapide et efficace aux zones les plus isolées du pays. "Afin d'accompagner la ferme volonté du gouvernement chinois de promouvoir le marché de l'aviation générale, Tianju a réalisé une grande étude de marché", a confirmé le président de Tianju Group, Yang Qianga.

"Nous avons identifié le Xinjiang comme étant la localisation idéale pour développer les services court-courriers sous la bannière de l'aviation générale. Nous sommes convaincus que les ATR 42-600, configurés pour ce type de vols, sont la solution la plus adaptée à ce segment de marché, qui ne dispose pas, à ce jour, d'opérateurs dédiés. Nous sommes ravis de nous associer avec le premier constructeur mondial d'avions régionaux pour développer les liaisons court-courriers dans la région de Xinjiang et ainsi contribuer de manière significative au projet chinois 'La Ceinture et la Route'", a expliqué Yang Qianga.

"La Ceinture et la Route" (Belt and Road Initiative) vise à améliorer les infrastructures en Chine et dans les pays voisins, dans le but de soutenir le développement économique et d'accroître la demande de services de transports aériens en Chine, et depuis et vers ces différents pays. En outre, la volonté du gouvernement chinois de développer leur propre avion, le MA700, confirme qu'il y a bien un marché. A ATR maintenant de le pénétrer plus en profondeur...

Un potentiel énorme

Il existe en Chine un potentiel très significatif de développement de ce type de services aériens régional à destination d'une centaine de petits aéroports, qui ne concentrent aujourd'hui que 1,6 % du trafic dans ce pays. Il y a également une demande d'amélioration de la connectivité entre les petites villes, aux coûts opérationnels les plus bas. La flotte régionale dans le monde représente à peu près entre 20% et 25% de la flotte mondiale d'avions commerciaux. En Chine, les avions régionaux ne représentent que 2,3 % d'une flotte totale comptant près de 3.000 avions civils en service.

"Il y a énormément de régions en Chine qui ne sont pas aussi peuplées que la côte et qui sont peu pourvues en moyen de transport", avait expliqué l'ancien président exécutif d'ATR Patrick de Castelbajac dans une interview accordée en juillet 2016. "Nos avions y seraient extrêmement pertinents", avait-il expliqué. Opérationnellement, il y a donc énormément de zones où l'aviation régionale va être clé en Chine. En outre, ATR n'a aucun avion en service dans ce pays.

La Chine est déjà un partenaire d'ATR

La Chine est un partenaire et un fournisseur d'ATR depuis près de 20 ans. Xi'an Aircraft Industry Co.,Ltd. (XAC), filiale d'AVIC, fournit de larges sections du fuselage, ainsi que certaines parties des ailes des ATR. Le constructeur européen souhaite soutenir l'effort majeur entrepris par la Chine pour développer le marché de l'aviation générale, qui connaît une expansion rapide, et notamment pour favoriser les vols court-courriers.

En outre, ATR a avancé très progressivement en Chine. Le constructeur a implanté depuis 2015 une équipe constituée de personnes expérimentées et ATR a fini par avoir de vraies demandes détaillées de clients. Ce qui n'était pas du tout le cas avant. Le constructeur européen a également signé en 2016 un accord avec des partenaires chinois pour faire de la maintenance sur place. Enfin, l'étape suivante a été de certifier l'avion en Chine. Mais tant que ATR n'avait pas une compagnie souhaitant ses appareils, les autorités chinoises ne voulaient pas travailler sur sa certification. C'était donc à ce prix que le constructeur a pu lancer la certification, puis vendre des avions.

les ATR 42-600, des avions très économes

La version adaptée de l'ATR 42-600 offre une configuration de sièges spacieuse, les plus hauts niveaux de confort en cabine, ainsi que des technologies de pointe. Cet appareil remplit, de manière unique, les critères du marché de l'aviation générale pour des vols de 30 sièges. En outre, selon le président exécutif d'ATR, Christian Scherer, "il est largement admis que les ATR sont les avions les plus économes en carburant sur le marché régional, notamment pour les secteurs court-courriers".

"Grâce à une consommation en carburant réduite et à de faibles coûts opérationnels, les ATR offrent aux compagnies aériennes la possibilité de développer de nouveaux marchés. Nos appareils permettent en effet de créer plus de 100 nouvelles routes dans le monde chaque année".

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 26/06/2017 à 9:42
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c'est une bonne nouvelle pour Airbus en attendant les copies volantes chinoises comme d'habitude...

à écrit le 22/06/2017 à 21:23
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ATR 42-600 : 30 ou 48 sièges ?

à écrit le 20/06/2017 à 9:16
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Comme toujours les chinois achètent quelques avions et dans 5 ans il y aura des copies d'ATR en chine pour couvrir leur marché et faire concurrence à Airbus.

à écrit le 19/06/2017 à 18:23
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Toujours pour des intérêts personnels que les choses se font ! Dommage d'en arriver là pour obternir des choses...

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