Pourquoi la crise n'affecte pas l'essor du New Space

PARIS AIR FORUM. Face à la filière historique du spatial, de nouveaux venus ont percé en quelques années. Ils s'appellent Anywaves, Exotrail, Unseenlabs, Loft Orbital ou Prométhée. À l'occasion du Paris Air Forum 2020, organisé par la Tribune, les acteurs du New Space ont montré qu'ils ne sont pas affaiblis par la crise économique et pourraient même en ressortir renforcés.
Les acteurs du New Space espèrent ressortir renforcés de la crise.

Quinze mois après avoir lancé son premier satellite en orbite, Unseenlabs a récidivé dans la nuit du 19 au 20 novembre dernier en envoyant dans deux satellites supplémentaires dans l'espace. Pour la société rennaise fondée en 2015, la crise est loin de porter un coup de frein à ses activités. "Notre marché de coeur est la surveillance maritime. Clairement, les activité illégales en mer ont augmenté pendant la crise. Le marché n'a pas changé et même nous observons une ouverture car dans un tel contexte, on revient aux fondamentaux : les enjeux de souveraineté, la pêche, les transports de marchandises..." fait remarquer Clément Galic, co-fondateur d'Unseenlabs.

Une quête de sens et d'outils transfrontaliers

Et il est loin d'être le seul à faire ce constat. A l'occasion du Paris Air Forum 2020, les acteurs du New Space ont pu témoigner d'un engouement intact sur leur segment de marché.

"Je pense que cette crise va nous renforcer. Pour résoudre les grands challenges de la planète, l'outil spatial est adapté en apportant un regard transfrontalier. Le marché spatial ne ralentit absolument pas, le train est en marche", estime Nicolas Capet, président d'Anywaves. Ce spécialiste toulousain des antennes miniatures pour le New Space a été sélectionné en septembre dernier par Thales pour équiper les deux premiers nanosatellites de la constellation IoT d'Omnispace et espère doubler son chiffre d'affaires cette année.

Même optimisme du côté d'Exotrail, société positionnée dans la propulsion de petits satellites et qui a levé 11 millions d'euros cet été. "Au niveau commercial, nous n'observons pas un grand écart par rapport à l'année dernière. Et même au niveau de certaines activités comme l'opération cloud des satellites prend au contraire de l'ampleur", relève David Henri, son directeur général.

La crise facilite l'accès de certains aux capitaux. La startup Prométhée est ainsi parvenue à lever 2,2 millions d'euros en septembre dernier pour développer une constellation de nanosatellites d'observation de la Terre.

"Au moment où la crise sanitaire a surgi, nous étions en pleine levée de fonds. Nous pensions que ce serait difficile mais nous avons été surpris de voir qu'au contraire les investisseurs étaient en quête de projets porteurs de sens. Et quand on voit un Pangolin qui fait se manger en Chine et ensuite les Champs-Elysées vidés pendant le confinement, la notion d'interdépendance, tout le monde la comprend. Les enjeux des accords de Paris sur la COP21 sont devenus beaucoup plus concrets aux yeux de la population", note de son côté Olivier Piepsz, PDG et cofondateur de Prométhée.

Antoine de Chassy, président de Loft Orbital Technologies, résume : "La crise actuelle provoque une accélération brutale de transformations  déjà engagées". Covid oblige, l'entrepreneur de la startup californienne s'exprimait en vision. En novembre 2019, Loft Orbital avait décidé d'implanter à Toulouse une filiale pour développer des activités en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.

L'export ralenti par les restrictions de déplacement

Si les acteurs du New Space sont moins touchés que d'autres secteurs industriels par la crise et les confinements, les restrictions de circulation ont tout de même un impact sur leur conquête internationale.

"Il ne faut pas se leurrer, les marchés à l'export, c'est compliqué quand on ne peut pas se déplacer. Ne pas pouvoir rencontrer les clients nous ralentit d'autant que nous avions fait des salons professionnels un axe stratégique de notre développement. Nous devons trouver des manières de faire différentes pour aller chercher de l'export", conclut Nicolas Capet.

 Le dirigeant a noué en juillet un partenariat avec l'expert breton en équipements radiofréquences Syrlinks avec l'ambition de pénétrer plus vite le marché américain.

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