Pourquoi Michelin installe Air Captif dans le Cher

SAINT-DOULCHARD (CHER). La startup Air Captif, spécialisée dans les modules gonflables, notamment pour l’aéronautique et la défense, étendra son activité en 2024 sur le site de sa maison-mère, Michelin, dans le Cher. Le groupe nourrit de fortes ambitions pour sa filiale qui prévoit de quintupler son chiffre d’affaires d’ici 2025.
La cage de Faraday réalisée pour Dassault Aviations à Mérignac permet une mise en place rapide et moins onéreuse de ce type d’équipement nécessaire à la certification des aéronefs.
La cage de Faraday réalisée pour Dassault Aviations à Mérignac permet une mise en place rapide et moins onéreuse de ce type d’équipement nécessaire à la certification des aéronefs. (Crédits : Reuters)

Air Captif investira d'ici à 14 mois une surface de quelque 6.000 m2 au sein de l'usine Michelin à Saint-Doulchard, dans l'agglomération de Bourges. Elle viendra s'ajouter aux locaux actuels de 2.000 m2 de la société, située à Trappes, dans les Yvelines. Air Captif va redéployer dans ces nouveaux bâtiments une partie significative de son outil de production de structures gonflables, actuellement trop à l'étroit en région parisienne.

Le site du Cher, qui fête son 70ème anniversaire, a été choisi par le fabricant clermontois de pneumatiques pour installer sa filiale en raison de la présence marquée des industries de défense et d'aéronautique dans l'écosystème économique du Berry. Deux secteurs où Air Captif compte se développer prioritairement. Deux arguments également mis en avant par l'agence de développement régional, Dev'up, pour convaincre le fabricant auvergnat de pneus.

Le département du Cher compte ainsi des fleurons comme le missilier MBDA, le fabricant de canons Nexter ainsi que l'usine Aérospatiale. Michelin à Saint Doulchard s'est de surcroît spécialisé dans les pneumatiques pour l'aviation civile et militaire à partir de 2007. Outre le fabricant de sièges d'avions Safran, l'Indre voisin héberge également une filière confection/couture de premier plan : un atout pour réaliser l'enveloppe en tissu des modules d'Air Captif.

Cage de Faraday pour Dassault

Fondée en 2017 par Emmanuel Fievet, et rachetée en 2021 par le groupe Michelin, Air Captif emploie actuellement 50 salariés dans les Yvelines et table sur un chiffre d'affaires prévisionnel de deux millions d'euros cette année. Conçues à partir de la technologie développée pour les voiles de Kite surf, ses structures ultra légères et résistantes mettent en avant deux avantages principaux. Elles sont d'une part moins lourdes que leurs homologues en acier et en PVC. Gonflables, leur volume est d'autre part plus faible que les modules classiques.

Air Captif est présent historiquement sur le marché du BTP. La société fournit notamment des abris de chantier pour les piscinistes Aquablue, Desjoyaux et Aquilus. Elle opère aussi pour le secteur événementiel et vis-à-vis de la médecine d'urgence avec la capacité d'équiper des hôpitaux de campagne. Air Captif opère aussi dans la défense, avec les abris pour drones et véhicules de transports de troupes. Enfin, la startup a aussi investi récemment le secteur de l'aéronautique grâce à des boucliers de contrôle antimagnétique gonflables (cages de Faraday). Dassault Aviation s'est doté d'un module ultra léger pour son dernier modèle Falcon 6X, sur son site de Mérignac en Gironde.

Industrialisation en série

L'extension de l'outil industriel d'Air Captif sur le site de Michelin dans le Cher s'inscrit dans une stratégie de développement assumée par le groupe. La société, présidée depuis 2021 par Michael Cogne, auparavant responsable des programmes de recherche du géant du pneumatique, œuvrera dans deux directions. D'une part, Air Captifs se lancera à partir de 2024 dans la production en moyennes et grandes séries des modèles de structures modulables de sa gamme. Grâce à la surface supplémentaire de locaux mise à disposition, la start-up se lancera d'autre part dans la fabrication d'abris de chantier de grande taille.

Ces projets doivent lui permettre en principe d'atteindre cinq millions d'euros de chiffres d'affaires dès 2025. L'extension de son activité devrait aussi faire grimper sensiblement les effectifs d'Air Captif. Ils atteindront 100 salariés sur le site d'ici trois ans, selon Michaël Cogne. Une bouffée d'oxygène pour l'usine de pneumatiques. Michelin, qui emploie 650 salariés dans le Cher, en a compté jusqu'à 4000 avant les coupes drastiques opérées au milieu des années 2000. L'arrivée d'Air Captif permettra enfin d'optimiser le foncier de l'usine, sous-utilisé depuis le redéploiement de l'activité du transport routier vers l'aviation.

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