Le plan de Michelin pour passer un hiver annoncé comme périlleux...

Le fabricant de pneus a chiffré le coût cumulé de la résurgence inflationniste à près de 4 milliards d'euros sur deux ans... Soit 17% de son chiffre d'affaires total. Le pire pourrait toutefois être devant lui avec une forte dégradation du marché de l'énergie.
Nabil Bourassi
(Crédits : Alessandro Bianchi)

L'hiver va être long pour tout le monde... Mais pour Michelin, l'hiver a commencé il y a deux ans avec l'envolée des cours des matières premières. Le fabricant de pneu, structurellement très exposé à ce poste de dépense, devrait s'acquitter d'une facture salée cumulée de 4 milliards d'euros fin 2022, dont 2,5 milliards pour la seule année en cours. C'est ce qu'a annoncé Florent Menegaux, patron du pneumaticien, à l'occasion d'une journée de rencontre avec la presse.

A la recherche de noir de carbone non-russe

En 2021, Michelin avait déjà souffert de l'explosion des prix du fret maritime. En vérité, il avait surtout souffert de l'indisponibilité de ce mode de transport le contraignant à se tourner vers le fret aérien, autrement plus cher. C'est la guerre en Ukraine commencée en janvier dernier qui a amplifié l'emballement des prix. Le groupe clermontois a dû gérer dans l'urgence absolue les approvisionnements en noir de carbone, un ingrédient essentiel des pneus, dont il se fournissait principalement en Russie (30% pour ses usines européennes). Le groupe n'a pas échappé à la fermeture de plusieurs sites faute d'approvisionnements. Le problème est en partie réglé aujourd'hui. Mais c'est la facture énergétique qui s'annonce critique pour Michelin qui craint un hiver rigoureux.

Mobilisation générale

Jean-Christophe Guérin, le patron industriel, a d'ores et déjà chiffré la facture énergétique à près d'un milliard d'euros en Europe... Contre 300 millions habituellement. Il a annoncé une série de mesures comme le chauffage à 19 degrés pour réduire la consommation. Il a également expliqué être en capacité de faire basculer de nombreuses chaudières à gaz sur du fioul, afin d'échapper aux coupures de gaz. Cette mesure retarde dès lors la trajectoire de réduction de CO2 engagée par Michelin. Autres mesures, le remplacement du parc de four de cuisson des pneus à vapeur par des fours électriques. « C'est la mobilisation générale », a déclaré Jean-Christophe Guérin. Le pneumaticien exclut toutefois de produire et stocker des pneus pour anticiper des coupures de courant.

Le plan de baisse de la consommation énergétique de 10% sur deux ans pourrait ne pas suffire. Mais Jean-Christophe Guérin refuse de céder au catastrophisme tout en admettant le manque de visibilité sur les conditions du marché de l'énergie de cet hiver.

Les hausses de prix se succèdent

De son côté, Florent Menegaux rappelle la solidité du modèle industriel de Michelin, notamment sa résilience grâce à sa capacité à augmenter ses prix. La firme clermontoise a ainsi augmenté huit fois ses prix ces dix-huit derniers mois... L'amplitude de cette inflation tarifaire est comprise entre 20% et 40%. « Nous vivons un choc sur nos coûts que nous n'avons pas connu depuis très longtemps », a affirmé Florent Menegaux. Il juge toutefois que cette inflation est conjoncturelle et liée en partie à la sortie de crise sanitaire puis à la guerre en Ukraine.

Florent Menegaux a jugé que cette crise renforçait les convictions du plan stratégique qui doit diversifier les revenus du groupe à horizon 2030. Il a d'ailleurs exclu de couper dans les budgets R&D. « Il faudra peut-être même les augmenter » pour préparer l'avenir, a-t-il lancé.

Nabil Bourassi

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Commentaires 7
à écrit le 07/10/2022 à 4:19
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Pauvres actionnaires.

le 08/10/2022 à 10:03
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La société appartient aujourd'hui majoritairement à des investisseurs étrangers. On l'a vendu au bon moment...

à écrit le 06/10/2022 à 11:25
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Bruno Le Maire a dit que la Russie c'était peanuts. + 40 % d'augmentation des tarifs chez Michelin.. en effet c'est peanuts.

à écrit le 06/10/2022 à 11:07
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commentaire completement a cote de la plaque. les banques d investissement, c est ce qui finance les entreprises (par ex si L oreal veut racheter un concurrent). Elles ne financent pas M Dupont qui veut acheter un studio. Et s il y a defaut sur l imm...

le 06/10/2022 à 22:17
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Bonjour, J'essaye de comprendre le rapport avec Michelin qui a surtout des problèmes de technologie pour sortir des risques de coupures de gaz et l'appro de matière première. Si Michelin est ennuyé, la concurrence va souffrir plus.

à écrit le 06/10/2022 à 10:34
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Le gouvernement mesure t-il l’ampleur de la catastrophe qui vient pour les entreprises. A la clé de nécessaire délocalisations et du chômage..

le 06/10/2022 à 11:08
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Ce n'est pas une fatalité et vous verrez que les plus réactives et innovantes résisteront et en sortiront renforcées en remettant en cause leurs méthodes de production et de gestion. Après toutes les crises que les entreprises traversent le constat e...

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