Rachat d'Ultra Electronics par Cobham : Londres interdit le partage d'informations sensibles et saisit le régulateur

Le ministre britannique des entreprises a demandé à l'autorité de la concurrence d'étudier en profondeur le rachat de l'équipementier spécialiste des communications militaires par son concurrent détenu par un fonds américain.
Ultra Electronics est une entreprise compétente dans les activités liées aux communications militaires, notamment auprès de la Royal Navy pour laquelle elle participe à la fabrication de sonars.
Ultra Electronics est une entreprise compétente dans les activités liées aux communications militaires, notamment auprès de la Royal Navy pour laquelle elle participe à la fabrication de sonars. (Crédits : ROyal Navy)

C'est une acquisition extrêmement sensible qui ne peut pas aboutir sans le feu vert de Londres. Une intervention des pouvoirs politiques était donc attendue. Le rachat de l'équipementier britannique Ultra Electronics - prestataire majeur des forces armées de la Couronne - par le groupe de défense Cobham, détenu par un fonds américain, sera examiné par le gouvernement de Boris Johnson. L'objectif de l'enquête : identifier les risques potentiels pour la sécurité nationale du royaume.

Ce deal, estimé à 2,6 milliards de livres (3,06 milliards d'euros), concerne une entreprise ultra-présente dans les activités liées aux communications militaires, notamment auprès de la Royal Navy pour laquelle elle participe à la fabrication de sonars. Parmi ses clients figurent aussi les gouvernements appartenant au réseau "Five Eyes" de collaboration dans le renseignement qui comprend le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Elle travaille également avec des grands groupes comme les américains Boeing, Lockheed Martin et Northrop Grumman, ou le britannique BAE Systems.

L'autorité de la concurrence saisie

Plus précisément, le ministre des Entreprises Kwasi Kwarteng a annoncé mercredi soir avoir saisi le gendarme de la concurrence, la CMA (Competition and Markets Authority), afin qu'elle examine l'opération. L'autorité a jusqu'au 18 janvier 2022 pour rendre son rapport.

"Le Royaume-Uni est ouvert aux entreprises, toutefois l'investissement étranger ne doit pas menacer notre sécurité nationale", a indiqué le ministre sur son compte Twitter.

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L'intervention du gouvernement intervient après la validation de l'offre d'achat par le conseil d'administration d'Ultra Electronics, après une dizaine de jours d'étude du dossier. Les administrateurs avaient estimé que les garanties apportées par l'acquéreur étaient suffisantes en termes de sécurité. Cobham s'est déjà engagé auprès des autorités à préserver les intérêts de sécurité nationale du Royaume-Uni, à investir dans la main-d'œuvre britannique, à conserver le siège d'Ultra dans le pays et à accroître les dépenses en recherche et développement.

Interdiction de partager des informations sensibles

En dépit de ces premières garanties, le ministre des entreprises a déjà imposé des restrictions. M. Kwarteng a décidé d'interdire à Ultra Electronics de partager des informations sensibles avec Cobham concernant les produits et services fournis au gouvernement ou aux forces armées.

"Il faut espérer que le gouvernement a pris conscience de la menace sur notre capacité de défense, ainsi que sur les compétences et les emplois, posée par des fonds d'investissement motivés surtout par les profits de court terme", a souligné pour sa part Steve Turner, un responsable du syndicat Unite.

Une loi de 2002 permet au gouvernement britannique d'interdire une fusion ou un rachat quand celui-ci peut avoir un impact sur la sécurité nationale et la défense, la pluralité des médias, la stabilité du système financier, ou encore la santé publique. Cette loi datant du début des années 2000 va en outre être renforcée début 2022 avec de nouvelles mesures.

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Commentaire 1
à écrit le 19/08/2021 à 21:20
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Valider une fusion présentant un risque pour la défense britannique avec des menaces en cas de mauvaise conduite c'est un peu léger... Que feront les britanniques en cas transfert d'informations sensibles, acquérir des équipements américains? ...

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