
Pour les moteurs, c'est fait ! Safran Aircraft Engines, l'allemand MTU Aero Engines et l'espagnol ITP Aero ont finalisé un accord de coopération pour le développement, la production et le soutien communs du moteur du futur avion de combat européen (NGF) dans le cadre du programme SCAF (Système de Combat Aérien du Futur). ITP rejoint le programme en tant que partenaire majeur de la nouvelle société commune formée par MTU et Safran Aircraft Engines et baptisée EUMET GmbH (European Military Engine Team). Cet accord assure une répartition à parts égales entre la France, l'Allemagne et l'Espagne. "EUMET sera le seul partenaire contractuel des nations pour toutes les activités liées au moteur du futur avion de combat européen, avec ITP Aero comme partenaire majeur", ont précisé les trois motoristes. Cette société sera basée à Munich et sera dirigée par un directeur général nommé par Safran.
Après avoir refusé de monter à bord début avril, ITP a finalement rejoint le programme. Le motoriste espagnol, filiale de Rolls Royce, n'adhérait plus aux principes fondateurs, qui ont été à la base de l'accord fin 2019 entre Safran et MTU à savoir le principe du meilleur athlète. Le groupe espagnol s'en était éloigné lors de la négociation avec les deux autres motoristes en souhaitant profiter de ce programme pour monter en compétence. "L'espagnol veut apprendre sur des parties du moteur qu'il ne maîtrise pas", assurait-on à La Tribune. C'était clairement non de la part de Safran et MTU, qui avaient adressé une fin de non-recevoir à ITP. Finalement, il sera pleinement intégré dans la conception du moteur et développera notamment la turbine basse pression et la tuyère. Ce qui était prévu...
"L'accord d'aujourd'hui marque une étape très importante pour ITP Aero et le programme SCAF. Nous pensons que ce programme sera déterminant pour l'avenir d'ITP Aero, mettant en valeur le rôle et les capacités de l'industrie de défense espagnole pour contribuer à l'avenir de la souveraineté européenne», a estimé Le PDG d'ITP Aero, Carlos Alzola.
Safran, leader de la conception et de l'intégration
Au sein d'EUMET, Safran Aircraft Engines aura la responsabilité d'ensemble de la conception et de l'intégration du moteur tandis que MTU Aero Engines sera leader pour les services. "Le SCAF est un programme hautement stratégique, car il nous permettra de maintenir nos compétences fondamentales dans la propulsion militaire, tout en renforçant les capacités de défense nationale et européenne", a expliqué le PDG de Safran Aircraft Engines, Jean-Paul Alary. De son côté, le directeur des programmes de MTU et président non-exécutif de l'assemblée générale d'EUMET, Michael Schreyögg, a assuré que les trois partenaires ont "établi un cadre sécurisé et solide" qui leur permettra "de prendre des décisions pragmatiques et ciblées, pendant tout le cycle de vie du moteur".
Le moteur, qui équipera le démonstrateur, sera comme prévu un M-88 (moteur du Rafale) amélioré en dépit de MTU, et surtout d'ITP d'imposer l'Eurojet du Typhoon. La création d'EUMET "témoigne de la forte volonté commune de nos deux sociétés de lancer la phase de développement technologique du programme moteur du NGF", a noté Jean-Paul Alary. Les trois partenaires vont pouvoir lancer les principaux développements de la phase de R&T (Recherche & Technologie), ainsi que l'intégration du moteur M88 pour propulser le démonstrateur du NGF. Selon Michael Schreyögg, EUMET "ouvre un nouveau chapitre de la coopération aéronautique européenne et reflète notre partenariat équilibré".
Des accords examinés par le Bundestag
Le 20 avril, la ministre des Armées Florence Parly avait expliqué à l'issue d'un entretien avec son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer, que Paris et Berlin souhaitaient parvenir à un accord d'ici à la fin avril sur le SCAF. L'accord entre Safran, MTU et ITP va désormais passer au crible du Bundestag allemand. Selon le calendrier défini par les trois pays, la prochaine phase de recherche et technologie (R&T 1B/2) devrait franchir les processus d'approbation nationaux d'ici au milieu de cette année, afin de faire avancer le programme SCAF à l'étape supérieure. Pour autant, selon des sources concordantes, le dossier concernant la propriété intellectuelle a resurgi dans les discussions entre les industriels et les États, bloquant pour le moment un accord entre Dassault Aviation et Airbus en dépit d'un accord et d'un point de vue partagé par les deux groupes sur cette problématique.
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