Spatial : comment la France et l'Europe vont-elles rester dans la compétition mondiale

"Quelle stratégie de souveraineté en France et en Europe dans le domaine spatial ?". Lors du Paris Air Forum organisé lundi par La Tribune au Musée de l'air et de l'espace, Josef Aschbacher, directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), Philippe Baptiste, président du CNES, Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space, Jean-Marc Nasr, président d'Airbus Space Systems et André-Hubert Roussel, président exécutif d'ArianeGroup, ont dressé un tableau des ambitions de la France et de l'Europe dans le domaine spatial.
Pour Philippe Baptiste, le nouveau président du CNES, « il faut une volonté politique qui se traduise par des investissements et une appétence à l'innovation pour toujours se projeter en avant vers les ruptures technologiques qui définiront les marchés commerciaux de demain ».
Pour Philippe Baptiste, le nouveau président du CNES, « il faut une volonté politique qui se traduise par des investissements et une appétence à l'innovation pour toujours se projeter en avant vers les ruptures technologiques qui définiront les marchés commerciaux de demain ». (Crédits : Orbital ATK)

L'évolution rapide du secteur spatial au cours des dernières années est venue menacer les acquis industriels et stratégiques de l'Europe sur Terre et sur orbite. Le secteur des lanceurs est confronté à la concurrence très agressive d'acteurs privés, celui des télécommunications à l'essor des constellations qui ont amené un doublement du nombre de satellites sur orbite basse. Les stations spatiales habitées sont appelées à se multiplier et les grandes puissances visent la Lune et Mars.

« L'Europe mène dans de nombreux domaines (observation, navigation, sciences) mais nous sommes confrontés à une concurrence très agressive sur des domaines où nous étions leaders, comme les lanceurs ou les télécommunications, reconnaît Josef Aschbacher, directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA). Nous avons nos forces et nos faiblesses, nous devons nous assurer que les premières contrebalancent les secondes ».

Pour Philippe Baptiste, le nouveau président du CNES, « il faut une volonté politique qui se traduise par des investissements et une appétence à l'innovation pour toujours se projeter en avant vers les ruptures technologiques qui définiront les marchés commerciaux de demain ».

L'Europe reste dans la course

L'Europe ce n'est pas les États-Unis d'Europe rappelle Jean-Marc Nasr, président d'Airbus Space Systems, or pour la souveraineté, il faut une volonté politique forte et une gouvernance « aussi commune que possible » entre les partenaires pour l'exprimer. « Car cette souveraineté a un coût, sur le temps long. La France a investi pendant 40 ans pour y parvenir », rappelle-t-il. L'accord signé entre l'ESA et la nouvelle agence spatiale de la Commission européenne, l'Euspa, va dans la bonne direction. « Le rôle des agences est d'organiser cette gouvernance, pour que l'industrie reste au meilleur niveau », souligne le patron des activités spatiales chez Airbus.

Point de vue partagé par Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space, pour qui la souveraineté européenne - sa capacité à assurer ses missions - passe par un accès aux technologies stratégiques, comme celles des semi-conducteurs, dont Thierry Breton a fait un de ses chevaux de bataille, un soutien à la R&D (Recherche et Développement), et des grands programmes. « Nous n'avons pas à rougir en termes de compétence face aux Américains, nous l'avons prouvé en remportant des appels d'offres internationaux », fait-il valoir.

Ainsi, la constellation quantique multi-orbite proposée par le commissaire européen, avec ses défis technologiques et stratégiques, notamment pour la résilience, apparaît comme une réplique nécessaire à ce qui se profile outre-Atlantique avec le partenariat de SpaceX et Microsoft. Une plus grande implication des financements privés, aux côtés des budgets publics, est également nécessaire, si l'on veut rester compétitif, estime André Hubert Roussel, président exécutif d'ArianeGroup. La disponibilité et la compétitivité des lanceurs est évidemment cruciale pour tous les projets, d'où l'effort mis actuellement sur Ariane 6 et Vega C, pour qu'ils soient opérationnels au plus tôt, et sur les initiatives de nouvelles technologies, dont le moteur Prometheus, qui permettra de réduire les coûts et d'ouvrir la voie à la réutilisation.

Quelle place pour l'Europe dans l'exploration spatiale ?

Au-delà des coopérations internationales dont l'Europe s'est fait une spécialité, la question d'une autonomie européenne dans les vols habités - activité motrice chez les autres puissances spatiales - est récemment revenue sur le devant de la scène. L'industrie est prête et y voit un moyen de préserver les compétences acquises et les transmettre aux nouvelles générations d'ingénieurs. Josef Aschbacher est également enthousiaste sur la question, mais le réalisme des arbitrages budgétaires est toujours là, comme le rappelle Philippe Baptiste : « Il faut que les États se prononcent sur leurs ambitions et n'oublient pas les autres priorités, comme Copernicus ».

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Commentaires 8
à écrit le 25/06/2021 à 11:41
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Le titre est choquant: la France est en Europe, non? On aurait titré "UK et l'Europe..."

à écrit le 25/06/2021 à 8:46
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La France a perdu sa souverainete depuis son adhesion a l'euro. C'est devenu un lander allemand.

à écrit le 24/06/2021 à 20:31
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" les grandes puissances visent la Lune et Mars" j'ai bien ri. Des journaux qui répètent la même chose depuis... 50ans. Les grandes puissances visent à faire du bon gros business, comme la station spatial ISS, ou Patrick Baudry faisait ce que fait...

à écrit le 24/06/2021 à 14:43
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Comment ? mais je rêve, il n'y a pas d'Elon Musk en France ? Mais c'est scandaleux !

le 24/06/2021 à 16:50
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Même si il avait existé, devant l'enfer administratif il se serait cassé depuis longtemps !

à écrit le 24/06/2021 à 13:48
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Mais quelle compétition ???? L'espace est infini ! Oui je sais ,on veut envoyer les sans dents habiter dans l'espace pour faire de la place sur terre . Mais vont il avoir accès aux matchs de foot sur mars ? Commençons à envoyer une constellation d...

à écrit le 24/06/2021 à 13:39
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Euspa : c'est quoi encore ce machin ? Merci d'avance à La Tribune de nous éclairer

le 24/06/2021 à 15:33
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La société protectrice des animaux (Ariane Tyrannosaurus Rex des lanceurs) mise à l'échelle européenne ? Elle ressuscite les dinosaures !

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