L'Europe a encore raté une occasion de jouer dans la cour des très grandes nations du spatial (Etats-Unis, Russie et Chine). En dépit de la volonté du commissaire chargé du marché intérieur Thierry Breton de maintenir le budget du programme spatial européen à 16 milliards d'euros - un montant fixé en 2018 -, la Commission européenne, arrivée en 2019, l'a raboté sans surprise de 1,1 milliard d'euros, à 14,88 milliards d'euros sur la période 2021-2027. Soit un budget de 2,1 milliards par an auquel il convient de rajouter le budget de l'Agence spatiale européenne (4,87 milliards en 2020). Dans le même temps, le budget de la NASA s'élevait à 22,6 milliards de dollars en 2020, celui de la Chine était estimé à 8,4 milliards de dollars en 2017 et, enfin, celui de la Russie était estimé à 2,8 milliards d'euros en 2020.
Une absence de volonté
L'Europe, qui n'a aucune volonté de puissance dans le domaine spatial, se contentera comme elle en a l'habitude, de strapontins pour embarquer sur les grands programmes spatiaux internationaux, de préférence américains (Lune, Mars), qui font eux rêver. Elle se contentera du minimum syndical en modernisant les programmes phares de l'UE - Galileo, EGNOS ainsi que Copernicus pour l'observation de la Terre -, et en garantissant un accès autonome de l'UE à l'espace.
Et pourtant comme l'explique Thierry Breton dans le communiqué de la Commission européenne publié mardi, "l'Europe a tout ce qu'il faut pour être un leader mondial de l'espace. Il a des talents. Il a une capacité industrielle. Il a un leadership technologique. Il a l'expérience de missions et programmes spatiaux ambitieux". Mais, finalement, il lui manque l'essentiel, une vision stratégique et surtout une volonté de devenir un acteur majeur dans l'espace, notamment dans l'exploration spatiale, qui va être au cœur des prochaines conquêtes dans l'espace entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Et l'Europe ? La Commission se félicite de l'adoption du programme spatial, doté du budget le plus important jamais consacré à l'espace.
Soutien à l'industrie
Les grands programmes de l'UE ont toutefois le mérite de soutenir une industrie spatiale européenne fortement impactée par la crise actuelle. "Cela aidera l'écosystème industriel à se remettre de la crise résultant de la pandémie Covid-19", estime la Commission. Outre la continuité et l'évolution des programmes Galileo (9 milliards), Copernicus (5,4 milliards) et EGNOS, le budget spatial européen soutiendra également de nouvelles initiatives en matière de surveillance de l'espace (SSA), y compris la surveillance de l'espace et de suivi des objets en orbite (SST), la météorologie spatiale et les objets géocroiseurs (NEO) et les télécommunications par satellite (Govsatcom).
Le programme spatial européen contribuera sans surprise aux transformations environnementale - la nouvelle Doxa - et numérique de l'économie de l'Union, ainsi qu'à sa résilience. En outre, l'UE encouragera le développement des applications et des technologies dans le domaine aval (services). Enfin, il encouragera l'esprit d'entreprise dans l'écosystème spatial européen et sa compétitivité. Le fonds d'investissement dans l'espace Cassini doté de 1 milliards d'euros, stimulera les start-ups et l'innovation de rupture. "Il contribuera à faire de l'Europe un pôle d'entrepreneuriat spatial dans le monde", assure la Commission.
Nouvelle gouvernance
L'Agence de l'UE pour le programme spatial (EUSPA) qui remplace la GSA, l'Agence européenne pour les systèmes mondiaux de navigation par satellite, sera l'entité en charge de l'exploitation d'EGNSS (Galileo et EGNOS). Elle devra garantir la continuité des services d'EGNSS, la sécurité et l'accréditation des systèmes et assurera la mise sur le marché de toutes les composantes du programme spatial. Conformément au nouveau règlement, la gouvernance sera rationalisée avec des tâches claires pour les différents acteurs européens : à la Commission, la gestion du programme, à l'EUSPA, l'exploitation de Galileo et d'EGNOS, la sécurité et le développement d'applications en aval pour toutes les composantes du programme spatial et, enfin, à l'Agence spatiale européenne (ESA), la recherche et le développement.
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