Le procès Banier-Bettencourt s'ouvre en pleine tourmente autour d'Eric Woerth

Le prévenu, François-Marie Banier, 63 ans (photo), a été cité directement devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) par la fille de la femme la plus riche de France, Françoise Meyers-Bettencourt,

Le procès d'un photographe soupçonné d'avoir abusé de la faiblesse psychologique de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, pour lui soutirer 1 milliard d'euros de dons s'ouvre jeudi. Le prévenu, François-Marie Banier, 63 ans, a été cité directement devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) par la fille de la femme la plus riche de France, Françoise Meyers-Bettencourt, mais l'enjeu de l'audience dépasse largement ce conflit familial.

La publication à la mi-juin d'enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt, qui accréditent l'hypothèse d'une fragilité psychologique de la dame de 87 ans, a en effet fait apparaître des soupçons de fraude fiscale et de complaisance du ministre du Budget en 2009, Eric Woerth. Aujourd'hui ministre du Travail chargé du dossier crucial des retraites, ce dernier est aussi trésorier de l'UMP, parti majoritaire auquel l'héritière a fait des dons.

L'épouse d'Eric Woerth était employée par le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Le parquet de Nanterre a transmis début 2009 à Bercy des éléments dévoilant des avoirs cachés à l'étranger, sans qu'il y ait de poursuite. Eric Woerth, soutenu par l'Elysée, dit n'avoir rien à se reprocher et se voit en "cible politique".

Le tribunal de Nanterre devra décider lors de la première journée d'audience s'il accepte la requête de Françoise Meyers de prendre en compte les enregistrements pour trancher sur l'accusation "d'abus de faiblesse" visant François-Marie Banier. Les juges peuvent aussi ordonner un supplément d'enquête pour vérifier leur intégrité et leur authenticité, ou s'en passer totalement. Les avocats de Liliane Bettencourt ont déposé plainte contre l'auteur de ces enregistrements, un employé de maison de l'héritière se disant indigné de ce qu'il a vu.

BANIER LÉGATAIRE UNIVERSEL ?

François-Marie Banier encourt jusqu'à trois ans de prison, 375.000 euros d'amende et la rétrocession des sommes obtenues. Il a nié dans la presse tout délit et parlé de calomnies.

Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a classé sans suite en septembre 2009 la plainte de Françoise Meyers. Les enregistrements clandestins tendent à montrer que le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre avait été informé à l'avance par l'Elysée de cette décision.

L'enquête de police a établi le chiffre d'un milliard d'euros de dons sous formes d'assurances-vie, oeuvres d'art, chèques ou espèces au profit de François-Marie Banier, photographe de stars entré dans l'intimité de l'héritière notamment après le décès de son mari en novembre 2007. Liliane Bettencourt, 17e fortune mondiale avec environ 17 milliards d'euros selon le classement Forbes, souffre d'une affection neurologique depuis 2002, qui, selon sa fille, affecte sa lucidité. Elle a cependant refusé toute expertise médicale.

L'héritière a donné depuis le début de l'affaire deux interviews à la presse où elle se dit saine d'esprit, la dernière dans Le Monde du 21 juin. Mais il apparaît dans les enregistrements clandestins que Patrice de Maistre doit lui rappeler qu'elle a fait de François-Marie Banier son légataire universel par testament, ce qu'elle semble avoir oublié.

Plusieurs ex-employés et médecins de Liliane Bettencourt ont dit à la police que ses facultés étaient altérées et que le photographe exerçait sur elle une emprise psychologique. Dans les conversations enregistrées, il est question de 78 millions d'euros cachés en Suisse, d'une île aux Seychelles, Arros, possédée via une fondation au Liechtenstein et d'évasion fiscale vers Singapour ou l'Uruguay.

Tout en contestant la validité des enregistrements, les avocats de Liliane Bettencourt ont promis qu'elle ferait revenir ses avoirs en France. François Baroin, ministre du Budget, a annoncé dimanche dernier un examen complet de sa fortune. C'est Françoise Meyers qui possède en nue-propriété les titres L'Oréal de sa mère avec 31% des droits de vote et elle a promis de ne jamais les vendre à Nestlé.

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