Eric Woerth : accusations de faveurs fiscales à l'égard de l'héritier Peugeot

Le Journal du dimanche accuse le ministre du Travail Eric Woerth d'avoir évité à Robert Peugeot, membre de la famille du constructeur automobile, un redressement fiscal. "Je suis une cible politique", a estimé l'ex-ministre du Budget tandis que Nicolas Sarkozy lui a réaffirmé son soutien.

Les accusations autour de l'ancien ministre du Budget et actuel ministre du Travail Eric Woerth se multiplient . Soupçonné d'avoir épargné un contrôle fiscal à l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, il est par ailleurs accusé par le Journal du dimanche (JDD) d'avoir favorisé Robert Peugeot, membre de la famille du constructeur automobile.

D'après le journal, Eric Woerth aurait évité à l'héritier Peugeot un redressement fiscal. Il affirme que les deux hommes ont dîné ensemble le 5 décembre dernier, juste après un cambriolage survenu chez Robert Peugeot où avaient été volés des lingots d'or dans un coffre, ainsi que des pièces d'or et des montres de valeur. La police avait d'abord estimé le montant du préjudice à 500.000 euros avant de le descendre à 150.000 euros; ce qui pourrait avoir épargné à Robert Peugeot un redressement fiscal et une enquête sur l'origine de l'or, avance le JDD.

Le montant initial de 500.000 euros résulterait d'une erreur de calcul de la police, explique l'entourage du ministre. Son cabinet se dit  "atterré" qu'on puisse imaginer que le ministre ait pu s'intéresser à des particuliers, ce qui relève selon lui uniquement des services de Bercy. "Tout cela est vicieux", a dit Eric Woerth ce dimanche lors de l'émission du Grand jury RTL/Le Figaro/LCI pour se défendre des accusations le concernant dans l'affaire Bettencourt. "J'ai dîné (avec Robert Peugeot, ndlr) dans un restaurant au vu et au su de tout le monde. Il ne m'a pas parlé de cambriolage", a affirmé Eric Woerth qui n'a en revanche pas su précisément quand avait eu lieu cette rencontre. "Je ne sais pas ce qu'il s'est fait voler".

Quant à Robert peugeot, décoré début juin de la Légion d'honneur des mains même d'Eric Woerth, le JDD rapporte qu'il n'a pas souhaité s'exprimer. En revanche, l'un de ses conseillers, cité par le JDD a affirmé que le préjudice réel de 150.000 euros, sur lequel l'assurance a remboursé 82.000 euros, est conforme à l'ISF de Robert Peugeot".

"Pas affaibli"

Dans la tourmente, Eric Woerth s'est longuement défendu dimanche, affirmant n'avoir jamais empêché un contrôle fiscal et assurant n'être pas affaibli pour piloter la réforme des retraites. "Ne sous-estimez pas ma capacité de résistance !", a lancé le ministre du travail et ex-ministre du Budget, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI auquel assistaient son épouse Florence, de blanc vêtue, de nombreux ministres et le numéro un de son parti, l'UMP, Xavier Bertrand.

"Je suis une cible politique", a-t-il estimé. "On veut ralentir le rythme et la réussite de la réforme des retraites".

Il est longuement revenu sur le volet fiscal de l'affaire Bettencourt, des écoutes clandestines de la milliardaire évoquant des parties de son patrimoine non déclarées. "Je n'ai jamais déclenché de contrôle fiscal (...) comme je n'ai jamais empêché un contrôle fiscal", a assuré Eric Woerth. "Mme Bettencourt a fait l'objet de nombreux contrôles fiscaux depuis longtemps. Elle a une situation fiscale qui a toujours été considérée comme claire, jusqu'à ces écoutes qui disent qu'à un moment donné il y a du patrimoine qui n'a pas été révélé".

Eric Woerth a annoncé au passage que son épouse avait effectivement démissionné, "à contrecoeur", de Clymène, comme elle l'avait annoncé. "Elle est victime de cette affaire, elle a fait son métier avec honneur, avec compétence, avec honnêteté", a-t-il argué, assurant avoir toujours dressé "une muraille de Chine" entre leurs métiers.

Il a balayé, en le qualifiant de "vicieux", un "amalgame" "scandaleux" autour d'un repas pris avec l'héritier Peugeot, Robert Peugeot, rencontre liée, accuse le JDD, à une crainte d'enquête fiscale après un vol de lingots d'or. Le ministre du Travail a une nouvelle fois soutenu qu'il n'y avait pas d'incompatibilité entre ses fonctions ministérielles et celle de trésorier de l'UMP qu'il assure depuis sept ans. Les dons de Mme Bettencourt à son parti ? "Comme 50.000 personnes".

Soutien répété de Nicolas Sarkozy

Face à une situation de plus en plus intenable pour son ministre en charge de la délicate réforme des retraites, Nicolas Sarkozy est venu en soutien à Eric Woerth dimanche. Le président français a répété que son ministre du Travail avait "toute (sa) confiance".

"M. Woerth est un homme qui a toute ma confiance, voilà. Mais je vous l'ai déjà dit hier. Heureusement qu'on ne se voit pas demain parce que, si vous m'aviez posé la question, je me serai un peu répété", a expliqué le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse en conclusion du G20 de Toronto.

"C'est normal que nous rendions des comptes, c'est normal que nous nous expliquions. Mais essayons aussi un peu de nous intéresser aux sujets qui se posent (...) j'ai confiance en M. Woerth", a-t-il répété.

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