Des semelles allemandes aux tapis rouges américains : les sandales Birkenstock font leur entrée à Wall Street

Créée en 1774 par un cordonnier d'une petite ville de l'ouest de l'Allemagne, c'est désormais une marque en vogue à la plage, sur les podiums, dans les superproductions américaines...et désormais en Bourse. Au total, au moins quelque 32,26 millions d'actions seront introduites ce mercredi sous le symbole boursier BIRK. Retour sur l'épopée des Birkenstock, ces nu-pieds à bride et semelle de liège.
Depuis 2021, Birkenstock est contrôlé par le fonds d'investissement L Catterton, auquel est associé le leader mondial du luxe LVMH.
Depuis 2021, Birkenstock est contrôlé par le fonds d'investissement L Catterton, auquel est associé le leader mondial du luxe LVMH. (Crédits : Reuters)

Le géant allemand des sandales Birkenstock fait son entrée ce mercredi 11 octobre à la Bourse de New York, avec une valorisation de 8,6 milliards de dollars. Birkenstock a fixé à 46 dollars le prix unitaire du titre, selon un communiqué publié mardi, soit au milieu de la fourchette initiale, comprise entre 44 et 49 dollars. Au total, au moins quelque 32,26 millions d'actions seront introduites sous le symbole boursier BIRK.

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Le contexte est porteur pour l'entreprise entrée en 2021 dans le giron du leader mondial du luxe LVMH. Et pour cause, les nu-pieds à bride et semelle de liège sont apparus aux pieds de Barbie, en version rose bonbon, dans la superproduction sur la poupée éponyme qui a tenu l'affiche tout l'été.

En outre, le marché des introductions en Bourse, plombé pendant plus d'un an et demi par le durcissement des conditions de crédit, retrouve des couleurs. Les récentes cotations du concepteur britannique de microprocesseurs Arm ou de la plateforme américaine de livraison de courses Instacart ont, par exemple, été des succès.

Birkenstock, une marque désormais synonyme de glamour

« Une introduction en Bourse à New York témoigne d'ambitions mondiales » pour Birkenstock, analyse pour l'AFP Fernando Fastoso, professeur en management des marques de luxe à l'université allemande de Pforzheim. En s'engageant dans des collaborations avec des maisons de mode comme Dior, Givenchy et Céline, l'entreprise a déjà largement entamé ce virage au cours des dernières années. Résultat, Birkenstock est devenu une marque en vogue à la plage comme en soirée ou sur les podiums. Dernier exemple en date : les mules Tokio et les sandales Milano ont été déclinées en une palette de couleurs solaires au défilé Dior homme de juin, dans le cadre d'une nouvelle collaboration avec la marque allemande.

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En 2019 déjà, l'actrice américaine Frances McDormand foulait le tapis rouge des Oscars une paire de claquettes allemandes aux pieds, pour accompagner une robe de luxe griffée Valentino. De Gwyneth Paltrow aux chanteuses Britney Spears ou Katy Perry, en passant par l'influenceuse Kendall Jenner, on ne compte plus les vedettes immortalisées avec leurs sandales allemandes aux pieds. En 2022, des sandales avachies ayant appartenu au cofondateur d'Apple, Steve Jobs, ont été vendues aux enchères aux Etats-Unis pour près de 220.000 dollars.

Des origines orthopédiques

Depuis 2021, Birkenstock est contrôlé par le fonds d'investissement L Catterton, auquel est associé le leader mondial du luxe LVMH et son patron Bernard Arnault. La dynastie familiale reste actionnaire de l'entreprise toujours basée en Allemagne.

Pour rappel, la société a commencé par commercialiser des semelles. Les débuts de l'entreprise remontent à 1774. À cette époque Johann Adam Birkenstock est mentionné pour la première fois comme cordonnier d'une petite ville de l'ouest de l'Allemagne. C'est un de ses descendants, Konrad Birkenstock, qui conçoit au tournant du XXe siècle une première semelle conçue pour respecter l'anatomie du pied.

Le principe sera peaufiné par ses héritiers durant les décennies suivantes marquées par la parution, en 1947, de l'ouvrage « Foot Orthopaedics - Carl Birkenstock System », tiré à plusieurs milliers d'exemplaires. D'abord orthopédique, puis hippie et enfin branché, le nu-pied allemand en a vu de toutes les couleurs. Birkenstock a connu un changement important lorsque la famille a fait appel en 2013 à une direction externe.

Des modèles iconiques

Ce fut le passage « d'une entreprise familiale axée sur la production à un acteur mondial géré de manière professionnelle », rappelle une analyse de CMC Markets. Les ventes ont augmenté à un taux moyen de 20% au cours des années suivantes, selon le cabinet. « Birkenstock souhaite désormais développer son statut d'icône pour cibler le marché croissant du luxe dans le monde entier », souligne Fernando Fastoso.

« La puissance financière de LVMH donne désormais à Birkenstock les moyens d'étendre son réseau de distributeurs dans le monde », confirme Marguerite Le Rolland, analyste pour le cabinet d'études Euromonitor.

Cinquante ans après son lancement, la sandale « Arizona » de Birkenstock reste le modèle emblématique de la marque. Avec ses deux larges lanières à boucles, posées sur des semelles en liège et latex, la chaussure sortie en 1973 est indémodable. Chaussée par les hippies, elle fut un accessoire de la contre-culture américaine et européenne. Portée par les touristes allemands avec un pantacourt et des chaussettes, un objet inépuisable de moquerie.

Bireknestock

[Avec ses deux larges lanières à boucles, posées sur des semelles en liège et latex, la chaussure sortie en 1973 est indémodable. Crédit : Levine-Roberts/Sipa USA via Reuters Connect]

Un marché ultra-concurrentiel

Surnommé à l'origine « la sandale de gymnastique », le modèle Madrid, à lanière unique, lancé dix ans avant l'Arizona, fait aussi partie des best-sellers, tout comme la tong Gizeh. Un succès qui se paye : il faut compter 90 euros pour une Arizona standard en cuir, jusqu'à 230 euros pour des modèles plus élaborés.

Désormais largement copiée, on retrouve la sandale à grosse semelle partout sans qu'elle ne soit toujours clairement identifiable, posant un nouveau défi pour Birkenstock. L'entreprise a enregistré un chiffre d'affaires de 1,11 milliard d'euros sur les neuf premiers mois de son année fiscale, d'octobre à juin, en hausse de 21% sur un an.

Au-delà de l'Europe et des Etats-Unis où Birkenstock est bien installé, la Chine, l'Inde, le Mexique ou la Thaïlande sont des marchés prometteurs. Mais transformer une entreprise familiale allemande en une société anonyme cotée à Wall Street n'est pas sans risque.

Sur le marché du lifestyle et de la mode, « la concurrence est intense, tant avec les entreprises établies qu'avec les nouveaux acteurs » dans un contexte où les budgets des consommateurs sont grevés par l'inflation, note CMC Markets. Et si les amateurs de produits de luxe attendent d'une marque qu'elle soit rare, Birkenstock devrait opter pour une baisse des volumes vendues, observe Fernando Fastoso.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 11/10/2023 à 12:16
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La deuxième photo est pas vendeuse hein ! ^^

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