Philip Morris se lance dans la santé

Philip Morris veut racheter Vectura, une société spécialisée dans les inhalateurs médicaux pour un milliard de livres. Le géant du tabac, pour qui la cigarette pourrait disparaître "d'ici 10 à 15 ans" souhaite se développer dans les produits hors du tabac et de la nicotine.
Philip Morris se développe dans les produits hors du tabac et de la nicotine dans le cadre d'une évolution naturelle vers la santé et le bien-être.
Philip Morris se développe "dans les produits hors du tabac et de la nicotine dans le cadre d'une évolution naturelle vers la santé et le bien-être". (Crédits : © Brian Snyder / Reuters)

Au premier abord, la transaction aurait de quoi surprendre. Philip Morris veut racheter, pour un milliard de livres, Vectura, une société britannique spécialisée dans les inhalateurs médicaux destinés à soigner les maladies notamment liées... au tabagisme. Pourtant, cet accord annoncé par le géant américain du tabac vendredi entre parfaitement dans sa stratégie de diversification.

Le groupe explique qu'il se développe "dans les produits hors du tabac et de la nicotine dans le cadre d'une évolution naturelle vers la santé et le bien-être", d'après un communiqué publié sur le site de la Bourse de Londres.

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Changement de cap

Il rappelle avoir annoncé en février l'objectif de générer au moins un milliard de dollars de chiffre d'affaires d'ici 2025 dans les produits sans nicotine, et "a identifié les inhalateurs de médicaments comme une priorité".

Le fabricant des Marlboro (entre autres) revendique son but de "remettre en cause son activité traditionnelle, la fabrication et vente de cigarettes, et d'accélérer la fin du tabagisme". Pour rappel, chaque année, le tabac tue plus de 8 millions de personnes dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En 2017 déjà, le géant prenait un virage stratégique inattendu en annonçant qu'il allait désormais œuvrer "pour un monde sans fumée". Le cigarettier a même nommé tel quel une fondation qu'il a créé en septembre 2017.

"C'est un peu comme si le braconnier se retrouvait protecteur des animaux dans cette transaction", commente Russ Mould, analyste d'AJ Bell. Philip Morris "semble vouloir utiliser son expertise de l'inhalation dans un but positif", poursuit-il.

Néanmoins, selon lui, les actionnaires de Vectura pourraient certes être "attirés par l'offre en cash mais repoussés par des considérations éthiques ou sociales et se retrouver chez un fabricant de cigarettes au lieu de rester une entreprise qui travaille pour la santé des gens".

Pour montrer sa bonne foi à contribuer à un monde plus sain, les dirigeants de Philip Morris ont répété que les ventes de tabac pourraient s'interrompre d'ici à "10 à 15 ans" dans certains pays comme au Japon. "Un monde dans lequel les cigarettes sont obsolètes est à portée de main", avait déclaré en septembre dernier André Calantzopoulos lors d'une intervention au Sommet de Concordia, organisé en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

Le groupe ne prévoit pas la disparition du tabac mais plaide pour l'essor d'alternatives potentiellement moins dangereuses pour la santé comme le tabac à chauffer, qui contrairement à une cigarette traditionnelle, se consomme sans combustion et sans papier.

Vers une bataille d'enchères ?

L'offre de Philip Morris dépasse celle que le consortium Murano Bidco, mené par le fonds Carlyle, avait formulée en mai. Le cigarettier valorise Vectura à 150 pence par action, soit 10% de plus que l'offre de Carlyle. Cette surenchère a fait réagir Murano Bidco qui a déclaré vendredi "évaluer ses options".

D'autre part, cette possible nouvelle guerre d'enchères pour l'achat d'une société britannique par des entreprises étrangères risque de relancer les craintes sur une offensive visant "le Royaume-Uni S.A.". M. Mould note que les sociétés britanniques semblent être devenues "des proies de choix pour les prédateurs étrangers", le Brexit les aurait rendues plus vulnérables aux prises de contrôles.

En effet, l'acquisition annoncée des supermarchés britanniques Morrisons par un consortium d'investisseurs mené par le fonds Fortress, propriété du japonais Softbank, et la marque d'intérêt concurrente de l'américain Apollo avaient suscité l'émoi dans le pays il y a quelques jours.

Lire aussi Les offres pleuvent pour rafler les supermarchés britanniques Morissons : bientôt au tour d'Amazon?

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 10/07/2021 à 16:02
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Franchement, c'est la blague la plus drôle depuis le début l'année 🤣😂😂🤣 MDR !!

à écrit le 10/07/2021 à 10:31
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Et pour quelle raison les banques ne veulent pas, vu que nous sommes en dictature financière ce sont elles qui décident de tout, nous proposer un tabac bio ? Elles pourraient se faire plein de fric ! Les ayatollahs sanitaires nous bassinent avec les ...

à écrit le 10/07/2021 à 5:59
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Le cynisme sans limite du capital americain.

le 10/07/2021 à 8:28
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Oui, un bel exemple de développement sur la chaîne de valeur.

à écrit le 09/07/2021 à 20:08
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Après avoir tuer des milliard de personne et gâcher des familles, les voilà qui veulent nous faire gober des médocs

le 10/07/2021 à 10:35
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Bah leur raisonnement se tient ! C'est comme l'agro-industrie qui vend aux paysans des bâches en plastiques inutiles pour les meules de foin en prétextant lutter contre le cancer tandis que le plastique est une cause de cancer ! Hé ho nous sommes en ...

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