Reprise de Go Sport : le patron d'Intersport défend mordicus son projet

Pour appuyer sa légitimité de candidat à la reprise de Go Sport, Intersport France met en avant son chiffre d'affaires, « qui a triplé en 13 ans ». « Il est passé de 1,2 milliard d'euros en 2010 à 3,3 milliards en 2022 », souligne son PDG.
Les deux prochaines étapes judiciaires du processus sont prévues les 29 mars et 18 avril.
Les deux prochaines étapes judiciaires du processus sont prévues les 29 mars et 18 avril. (Crédits : Reuters)

Plan de redressement ou cession à un tiers ? Alors que l'examen de l'avenir de la chaîne de magasins Go Sport, placé en redressement judiciaire, a été renvoyé au 18 avril par le tribunal de commerce de Grenoble lundi dernier, le PDG du groupe Intersport France, qui s'est porté candidat à la reprise, défend coûte que coûte son projet.

Lire aussiGo Sport doit attendre jusqu'au 18 avril pour être fixé sur son sort

« Nous avons pour Go Sport un projet industriel ambitieux : entre les stocks et les besoins en investissement, il y aura une enveloppe sur les 7-8 ans à venir, de 140 à 150 millions d'euros », fait valoir Jacky Rihouet, PDG du groupe Intersport France, dans un entretien à l'AFP.

Un investissement allant jusqu'à 2 millions d'euros par magasin

Pour appuyer sa légitimité, Intersport France met en avant son chiffre d'affaires, « qui a triplé en 13 ans ». « Il est passé de 1,2 milliard d'euros en 2010 à 3,3 milliards en 2022 », souligne son PDG.

« Nous avons travaillé sur la reprise d'un périmètre de magasins très important, supérieur aux deux tiers, ajoute-t-il. (...) Intersport France porte le projet mais chaque magasin sera repris par un adhérent qui investira 1,5 million à 2 millions d'euros par magasin. Lorsque plusieurs adhérents sont intéressés, un comité de sélection choisira le plus performant. Notre proposition comprend une partie des magasins intégrés, et nous réfléchissons aussi à accompagner les magasins franchisés. »

A travers cette reprise, Intersport France ne cache pas ses ambitions : le groupe souhaite accroître son maillage géographique. « Go Sport nous ressemble, avec pour ADN la randonnée, le ski, le vélo... et des profils de collaborateurs similaires, indique le PDG. Et nous avons une complémentarité géographique : là où Intersport est faible, Paris et la région parisienne, Go Sport a un maillage fort. Et Go Sport est plutôt absent des zones, en province, où on est très forts. »

La période d'observation maintenue jusqu'en juillet

Ces déclarations interviennent alors que le suspense continue pour les quelque 2.160 employés de l'enseigne. Le tribunal de commerce de Grenoble, qui avait placé Go Sport et sa filiale Go Sport France en redressement judiciaire au début de l'année, s'est penché lundi lors d'une audience sur le rapport des administrateurs judiciaires. Il a décidé de renvoyer l'examen de l'affaire, selon des jugements datés de mercredi.

La période d'observation pendant laquelle les deux entreprises sont autorisées à « poursuivre leur activité » est maintenue jusqu'au 19 juillet 2023, a tranché le tribunal. Il « résulte des éléments rapportés au tribunal que » les deux entreprises pourraient « être en mesure d'améliorer (leur) situation ».

Prochaine étape judiciaire le 29 mars

« HPB prend acte avec satisfaction de la décision du Tribunal de Commerce », a indiqué un porte-parole de la maison mère, affirmant qu'« en prolongeant la période d'observation, cette décision respectait et rappelait le principe de la primauté du plan de continuation que HPB préparait sur tout autre projet de cession ». Les deux prochaines étapes judiciaires du processus sont prévues les 29 mars et 18 avril.

La première permettra notamment de statuer sur une requête orale présentée lundi par le parquet de Grenoble, demandant une « modification de la mission des administrateurs judiciaires afin qu'ils représentent totalement la société », ainsi que la « nomination d'un expert judiciaire pour expliciter les flux de trésorerie sur les mois qui précèdent l'ouverture de la procédure ».

HPB bien décidé à rester aux commandes

Dans la foulée de la liquidation brutale de l'enseigne de prêt-à-porter Camaïeu en septembre, les salariés de Go Sport, leurs représentants syndicaux et le comité social et économique central (CSEC) s'étaient inquiétés il y a plusieurs mois déjà de la santé financière de HPB. Ils s'alarment en particulier d'une remontée de 36 millions d'euros de trésorerie de Go Sport vers HPB, ainsi que du récent rachat de l'enseigne Gap France par Go Sport pour 38 millions d'euros. Gap France a entre-temps été placé à son tour en redressement judiciaire.

Le 18 avril, le tribunal examinera ainsi le plan de redressement présenté par HPB. Malgré ses difficultés, il s'est déclaré bien décidé à rester aux commandes de Go Sport avec un plan de continuation de l'activité, puis celle d'un plan de cession du groupe à un tiers.

HPB est la branche distribution de la Financière immobilière bordelaise (FIB), fonds d'investissement de l'homme d'affaires Michel Ohayon, qui a elle-même été déclarée en cessation de paiement et placée en redressement judiciaire en février par le tribunal de commerce de Bordeaux.

Lire aussiEnquête ouverte pour « escroquerie en bande organisée » au sein de Go Sport, propriété de Michel Ohayon

Enquête en cours visant Michel Ohayon

Michel Ohayon se trouve actuellement confronté à de nombreuses difficultés financières. En outre, une enquête a été ouverte par le parquet de Grenoble pour « abus de bien social » au sein de Go Sport, à la suite de « plusieurs révélations de faits délictueux » signalés par ses commissaires aux comptes.

Les infractions recherchées ont ensuite été étendues par le parquet de Paris à « l'escroquerie en bande organisée, le blanchiment habituel, la banqueroute et l'abus de bien social », selon le parquet de Grenoble. D'après le quotidien Le Monde, l'enquête pourra ainsi être élargie à l'ensemble des sociétés de la FIB et sa branche distribution HPB.

Déficitaire depuis des années, le groupe, fondé en 1978 et basé à Sassenage en banlieue de Grenoble, avait été racheté fin 2021 pour un euro symbolique par HPB auprès de la maison mère du groupe de distribution alimentaire Casino.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 17/03/2023 à 11:06
Signaler
L'atout d'Intersport est d'être un professionnel du secteur contrairement à l'actuel propriétaire de Go sport qui est lui un investisseur qui a investi pour se diversifier de son activé principale qu'est l'immobilier . "Complémentarité géographique"...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.