Gap France, propriété de l'empire Ohayon, placé en redressement judiciaire

Ce mercredi, Gap France a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Grenoble. Les élus du personnel de l'enseigne avaient exercé leur droit d'alerte fin janvier afin d'obtenir des informations sur la situation de leur entreprise, rachetée par le groupe HPB puis revendue à l'enseigne à Go Sport, également propriété de HPB et en sérieuses difficultés.
En janvier dernier, HPB a annoncé revendre Gap France à Go Sport pour un montant de 38 millions d'euros.
En janvier dernier, HPB a annoncé revendre Gap France à Go Sport pour un montant de 38 millions d'euros. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 1er mars et mis à jour à 14H00]

L'enseigne avait d'abord annoncé être « momentanément contrainte de stopper les commandes e-commerce ». Puis, la CFDT avait indiqué qu'un des magasins parisiens, situé avenue des Ternes dans le 17e arrondissement de Paris, allait fermer d'ici fin mars. En conséquence, lundi, le parquet du tribunal de commerce de Grenoble avait requis le placement en redressement judiciaire des 20 magasins franchisés de l'enseigne Gap France. Ce mercredi 1er mars, la sentence est tombée.

Selon le jugement rendu public mercredi, une analyse financière établie par le cabinet Eight Advisory a fait ressortir une « différence négative » de près de 26 millions d'euros dans les comptes de la société, marqués par divers mouvements de trésorerie. « L'entreprise se trouve en situation de cessation des paiements par son impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible », selon le tribunal. « Conformément à la loi, la procédure de redressement judiciaire aura pour objectif la présentation d'un plan d'apurement du passif par voie de continuation, ou à défaut un plan de cession de l'entreprise pour pérenniser l'activité actuelle », a-t-il précisé.

La décision, conforme aux réquisitions du parquet de Grenoble, intervient sur demande de son dirigeant Patrick Puy, nommé en janvier à la tête de Gap par la société HPB. Cette dernière a toutefois fait savoir à l'audience du 27 février que Patrick Puy aurait agi « sans instruction » en ce sens, ce qui a conduit HPB à « songer à (le) révoquer », selon le jugement.

Un nouveau coup dur pour l'empire Ohayon qui s'est fait connaître ces dernières années en reprenant des enseignes de la distribution, souvent à bas prix ou bradées devant les tribunaux. Ce fut notamment le cas de Camaïeu mais aussi certains magasins Galeries Lafayette, La Grande Récré ou encore Café Légal, sans pour autant parvenir à assurer leur pérennité.

Les élus du personnel de Gap France avaient exercé leur droit d'alerte fin janvier afin d'obtenir des informations sur la situation de leur entreprise, dans la foulée de la liquidation de Camaïeu. D'autant qu'HPB, le 12 janvier, avait annoncé revendre Gap France à Go Sport pour un montant de 38 millions d'euros. Or, l'enseigne sportive est, elle aussi, en sérieuse difficulté.

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Go Sport aussi en difficulté

Lundi, le parquet de Paris s'est, en effet, saisi d'une enquête pour « escroquerie en bande organisée » au sein de Go Sport ouvrant la voie à un élargissement des investigations à l'ensemble des sociétés de Michel Ohayon.

Une enquête avait initialement été ouverte pour abus de bien social par le parquet de Grenoble. Elle sera donc désormais menée sous l'égide de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a indiqué le procureur adjoint du parquet isérois François Touret de Coucy à la presse, confirmant une information du quotidien Le Monde. Les infractions recherchées ont ainsi été étendues par le parquet de Paris à « l'escroquerie en bande organisée, le blanchiment habituel, la banqueroute et l'abus de bien social », a également précisé le magistrat confirmant que « la compétence nationale de la Junalco lui permet d'étendre les investigations, selon la stratégie d'enquête qui sera fixée par le parquet de Paris ». En outre, le tribunal de Grenoble a assigné « les mêmes mandataires et administrateurs judiciaires » que pour les sociétés Go Sport, qui détiennent Gap France, « par souci de cohérence économique », a précisé François Touret de Coucy dans un communiqué.

Deux « ponctions » suspectes

Si la justice a décidé de se pencher sur Go Sport c'est à cause de deux « ponctions » jugées suspectes dans la trésorerie de l'enseigne pour un total de plus de 50 millions d'euros, selon une information dévoilée par Libération en janvier dernier et citant des sources proches du dossier. Or, la chaîne de magasins de sport avait bénéficié de deux prêts garantis par l'État (PGE), d'un montant de 55 millions d'euros, pour l'aider à surmonter ses difficultés au moment de la crise sanitaire.

La première ponction, de près de 18 millions d'euros, aurait servi à payer les salaires de l'entreprise de prêt-à-porter Camaïeu - qui appartenait également à HPB - juste avant sa liquidation début décembre. La deuxième, de 36 millions d'euros, aurait été utilisée pour financer l'achat du réseau de 21 magasins de vêtements Gap, racheté pour 1 euro par HPB, pour les intégrer à Go Sport.

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Selon Michel Oyahon, si Go Sport avait repris Gap France en janvier dernier, c'était dans le but de « regrouper les deux enseignes ». Les mouvements financiers effectués à l'époque l'avaient été « dans le cadre de la loi », avait-il assuré face aux craintes des représentants du personnel.

Au-delà de Gap France et de Go Sport, de nombreuses enseignes de l'homme d'affaires bordelais sont en difficultés à l'instar de Camaïeu placé en liquidation judiciaire. La FIB, holding de tête de Michel Ohayon, s'est également déclarée en cessation de paiements le 7 février et une semaine plus tard, le tribunal de commerce de Bordeaux l'a placée en redressement judiciaire. Enfin, le tribunal de commerce de Bordeaux a placé la semaine dernière les vingt-six enseignes Galeries Lafayette détenues par Michel Ohayon en procédure de sauvegarde.

(Avec AFP)

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