Enquête ouverte pour « escroquerie en bande organisée » au sein de Go Sport, propriété de Michel Ohayon

Alors que le parquet de Grenoble avait annoncé, en janvier, avoir ouvert trois mois plus tôt une enquête préliminaire pour « abus de bien social » au sein de Go Sport, c'est désormais au tour du parquet de Paris de s'être saisi d'une enquête pour « escroquerie en bande organisée », ouvrant la voie à un élargissement des investigations à l'ensemble des sociétés de Michel Ohayon. D'autant que l'empire de l'homme d'affaires bordelais est plus que jamais en difficulté. Lundi, c'est au tour de Gap France d'avoir été placé en redressement judiciaire après Go Sport et Camaïeu.
Le 19 janvier, le groupe Go Sport a annoncé son placement en redressement judiciaire.
Le 19 janvier, le groupe Go Sport a annoncé son placement en redressement judiciaire. (Crédits : Reuters)

Les difficultés s'accumulent pour l'homme d'affaires, Michel Ohayon. Depuis plusieurs mois, son fonds d'investissement, la Financière immobilière bordelaise (FIB), et sa branche distribution HPB (Hermione, People & Brands), maison mère de Go Sport, sont dans la tourmente.

En janvier dernier, le parquet de Grenoble avait annoncé avoir ouvert trois mois plus tôt une enquête préliminaire pour « abus de bien social » au sein de Go Sport, après que les commissaires aux comptes du groupe aient transmis à la justice « plusieurs révélations de faits délictueux » au sein du groupe. Mais, depuis, les charges se sont alourdies et, lundi, le parquet de Paris s'est saisi d'une enquête pour « escroquerie en bande organisée » au sein de Go Sport, ouvrant la voie à un élargissement des investigations à l'ensemble des sociétés de Michel Ohayon.

« Escroquerie en bande organisée, blanchiment habituel, banqueroute, abus de bien social »

L'enquête, initialement ouverte pour abus de bien social par le parquet de Grenoble, sera désormais menée sous l'égide de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a indiqué le procureur adjoint du parquet isérois François Touret de Coucy à la presse, confirmant une information du quotidien Le Monde.

Les infractions recherchées ont ainsi été étendues par le parquet de Paris à « l'escroquerie en bande organisée, le blanchiment habituel, la banqueroute et l'abus de bien social », a également précisé le magistrat confirmant que « la compétence nationale de la Junalco lui permet d'étendre les investigations, selon la stratégie d'enquête qui sera fixée par le parquet de Paris ».

Le parquet de Paris a, lui, confirmé à l'AFP que la Junalco était saisie, sans plus de précisions, notamment sur le périmètre des investigations.

Lire aussiGo Sport placé en redressement judiciaire : nouveau coup dur pour l'empire Ohayon

Deux « ponctions » suspectes dans la trésorerie de Go Sport

Au centre des investigations, deux « ponctions » suspectes dans la trésorerie de Go Sport, totalisant plus de 50 millions d'euros, alors que la chaîne de magasins de sport avait bénéficié de deux prêts garantis par l'État (PGE), d'un montant de 55 millions d'euros, pour l'aider à surmonter ses difficultés au moment de la crise sanitaire, selon une information dévoilée par Libération en janvier dernier et citant des sources proches du dossier.

La première ponction, de près de 18 millions d'euros, aurait servi à payer les salaires de l'entreprise de prêt-à-porter Camaïeu - qui appartenait également à HPB - juste avant sa liquidation début décembre.

La deuxième, de 36 millions d'euros, aurait été utilisée pour financer l'achat du réseau de 21 magasins de vêtements Gap, racheté pour 1 euro par HPB, pour les intégrer à Go Sport. Le 12 janvier dernier, HPB a, en effet, annoncé le 12 janvier « l'acquisition de GAP France par Go Sport » pour un montant de 38 millions d'euros.

Fin 2021, c'est Go Sport, fondé en 1978 et basé à Sassenage, en banlieue de Grenoble, qui avait été racheté par HPB, cette fois, pour 1 euro symbolique à la maison-mère du groupe de distribution alimentaire Casino, la société Rallye, elle-même lourdement endettée.

Lire aussiCamaïeu, Go Sport, hôtels de luxe : les nuages s'amoncellent sur la galaxie Michel Ohayon

Gap France placé en redressement judiciaire

C'est ainsi, en effet, que Michel Ohayon s'est fait connaître ces dernières années : en reprenant des enseignes de la distribution, souvent à bas prix ou bradées devant les tribunaux : Camaïeu mais aussi certains magasins Galeries Lafayette, La Grande Récré ou encore Café Légal. Sans pour autant parvenir à assurer leur pérennité. Lundi, le parquet du tribunal de commerce de Grenoble a ainsi requis le placement en redressement judiciaire des 20 magasins franchisés de l'enseigne Gap France.

Le parquet a indiqué à l'AFP avoir requis la mesure, confirmant une information de Libération, et a précisé que le régime de garantie des salaires (l'AGS) « assurera le paiement des salaires », une garantie qui, faut-il le rappeler, est limitée par différents plafonds prédéfinis. Une décision du tribunal est attendue mercredi.

Les élus du personnel de l'enseigne de prêt-à-porter avaient exercé leur droit d'alerte fin janvier afin d'obtenir des informations sur la situation de leur entreprise, rachetée par le groupe HPB qui a annoncé la revendre à Go Sport le 12 janvier dernier pour un montant de 38 millions d'euros.

De nombreuses enseignes dans l'habillement en difficulté

Gap n'est pas un cas isolé. Le 28 septembre, Camaïeu, qui avait connu un âge d'or avec jusqu'à un millier de magasins dans le monde, pour 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lille.

Le 19 janvier, le groupe Go Sport a, lui, annoncé son placement en redressement judiciaire. Ce n'est toutefois pas le cas de la SAS Go Sport qui comprend le siège, alors que le Groupe Go Sport rassemble l'ensemble de son réseau intégrant les magasins.

Le 1er février, c'était au tour de Kookaï (enseigne détenue par l'homme d'affaires australien Rob Cromb) d'être placé en redressement judiciaire.

Quant aux vingt-six enseignes Galeries Lafayette détenues par Michel Ohayon, situées en région, elles ont été placées, la semaine dernière, en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Bordeaux.

Au-delà des magasins, c'est le sommet même de l'empire Ohayon qui est menacé. La FIB, holding de tête de Michel Ohayon, s'est, elle, déclarée en cessation de paiements le 7 février et une semaine plus tard, le tribunal de commerce de Bordeaux l'a placée en redressement judiciaire.

Lire aussiMise en redressement judiciaire de la FIB, vaisseau amiral de Michel Ohayon

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 01/03/2023 à 12:02
Signaler
Quand on veut imiter Tapie, il vaut mieux assurer ses arrières, politiquement...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.