Malgré des investissements, l'avenir du site PSA de Rennes est problématique

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  519  mots
Le successeur de l'actuel Peugeot 5008 est promis pour l'usine de Rennes
Malgré l'annonce ce jeudi d'un investissement pour produire le successeur du monospace Peugeot 5008 dans l'usine bretonne, l'avenir n'est pas rose. La production totale du site envisagée (plus de 100.000 unités par an) apparaît faible. Les sureffectifs demeurent.

PSA en crise est plutôt avare de bonnes nouvelles. Cette fois, en voilà une, du moins à première vue ! Le groupe annonce ce jeudi un investissement sur le site breton  sinistré de Rennes."D'un montant de 90 millions d'euros, cet investissement sera dédié à la production d'un véhicule du segment C (compact). Ce véhicule viendra remplacer l'actuel (monospace) Peugeot 5008", annonce un communiqué du groupe tricolore.

Commercialisation en 2016

"La production s'effectuera sur la plateforme EMP2 (la nouvelle base roulante des véhicules compacts et supérieurs). Elle débutera mi-2016". Ce véhicule "sera commercialisé fin 2016 en Europe et à l'international". Du coup, à "partir de 2017, les volumes de production envisagés s'élèveront à 70 000 unités par an, ce qui portera la production du site à cet horizon à plus de 100.000 véhicules par an".

Pas vraiment rassurant

C'est déjà ça. Mais ce n'est pas vraiment rassurant pour l'usine d'Ille-et-Vilaine! Car les volumes envisagés sont inférieurs aux 129.600 unités à peine de  l'an dernier, qui n'étaient déjà pas énormes par rapport aux plus de 360.000 du milieu des années 2000, pour un potentiel installé qui se montait alors à 400.000 !

Chômage partiel à gogo

L'usine en était déjà fin septembre "à 70 jours de chômage partiel depuis le début de l'année, plus quatre semaines de fermeture lors des congés d'été"selon la direction. En octobre, la fabrication a été encore arrêtée tous les lundis et les vendredis. Les volumes envisagés désormais supposent qu'une partie de ce qu'il reste du haut de gamme français (Citroën C5, Peugeot 508) risque de n'être plus... fabriqué à Rennes à terme.

Marginalisation en vue

Le site risque donc, malgré l'annonce de ce jeudi, de se marginaliser dans le système de production du groupe PSA, qui semble plutôt se recentrer sur les sites de l'est de la France (Sochaux, Mulhouse), berceau historique de Peugeot. Naguère site phare et orgueil de Citroën, puis de PSA, l'usine produit déjà aujourd'hui 2,5 fois moins de véhicules que Sochaux !

Catégorie des familiales en chute

Rennes était spécialisé traditionnellement dans les véhicules les plus valorisants de gamme moyenne supérieure et haute. Le dernier vrai haut de gamme français, la Citroën C6, vient d'ailleurs d'être arrêté à Rennes, après des années de ventes confidentielles. Et aucun  successeur n'est prévu, sinon un haut de gamme DS... chinois.

Un plan de départs complémentaire?

A Rennes, le constructeur automobile avait déjà  annoncé il y a un an la suppression de 1.400 emplois, sur un total de 5.400 salariés (10.000 il y a une dizaine d'années). Mais, "pour faire 100 à 150.000 voitures, on a besoin de 2.600 à 2.800 postes seulement" , souligne un expert.  "Le plan de départs de 1.400 personnes pourrait ne pas suffire. Il y a donc une inquiétude tant au niveau du personnel que des syndicats sur un nouveau plan complémentaire". En outre, "rien n'a été annoncé sur le devenir des forces d'études encore présentes sur le site". Rennes apparaît donc comme un site extrêmement fragilisé aujourd'hui.