Carlos Ghosn au Liban, une épine de plus dans le pied de Nissan

La parole libérée et vengeresse de Carlos Ghosn depuis le Liban est un problème supplémentaire pour le constructeur automobile japonais Nissan alors que le groupe peine déjà à restaurer son image.
Désormais libre de s'exprimer sans contraintes, Carlos Ghosn n'a pas hésité à mettre le peid dans le plat s'agissant de Nissan.
Désormais libre de s'exprimer sans contraintes, Carlos Ghosn n'a pas hésité à mettre le peid dans le plat s'agissant de Nissan. (Crédits : Miho Ikeya)

Nissan est amer. La fuite de Carlos Ghosn vers le Liban, alors qu'il était assigné à résidence au Japon, n'est pas une sinécure pour le constructeur automobile nippon. De fait, maintenant que M. Ghosn a rallié Beyrouth pour échapper à la justice japonaise qui le poursuivait pour malversations financières présumées, "il peut dire ce qu'il veut, il n'a plus de contraintes ", constate une source proche de Nissan. Tout le contraire de Nissan, qui continue de faire face à ses propres responsabilités dans l'affaire Ghosn, que le groupe avait lui-même enclenchée en dénonçant son emblématique président au parquet japonais fin 2018.

Car Nissan, en tant qu'entité morale, est également poursuivi au Japon comme M. Ghosn sur deux chefs d'inculpation liés aux rémunérations différées passées sous silence dans ses anciens rapports boursiers. A défaut d'un "procès Ghosn", un procès contre Nissan et Greg Kelly - l'ancien bras droit de Ghosn arrêté en même temps que lui - devrait donc bien se tenir. "Nissan doit montrer patte blanche. Nous, on a des responsabilités, on doit respecter la loi, on a des obligations. Cela va être pénible, mais on le fera", commente une source interrogée par l'AFP.

"Pour l'instant il n'y a rien de neuf dans les déclarations de M. Ghosn contre Nissan (...). Mais s'il persiste dans sa campagne négative, cela pourrait faire douter les marchés du redressement fondamental de l'entreprise et de son image de marque", estime Koji Endo, analyste automobile chez SBI Securities interrogé par l'AFP. Sans parler de la lassitude des salariés du groupe, qui "en ont ras-le-bol" de voir leur entreprise faire tous les jours la Une des médias, confie-t-on en interne. La fuite des cerveaux continue par ailleurs au sein du groupe, notamment parmi ses jeunes ingénieurs, selon M. Endo.

Impact financier conséquent

L'affaire Ghosn a déjà coûté cher à Nissan, pas seulement en termes de réputation. Depuis son arrestation en novembre 2018, sa valorisation en Bourse "a baissé de plus de 10 milliards de dollars", a pointé mercredi Carlos Ghosn, même si la chute du titre est aussi liée à la crise du marché automobile qui a entre-temps fait fondre ses résultats. En outre, Nissan aurait déjà englouti plus de 200 millions de dollars en frais d'avocats, d'enquêteurs et détectives privés dans l'affaire Ghosn, selon l'agence d'informations financières Bloomberg.

Lire aussi : Après le Japon, le Liban interdit à Carlos Ghosn de quitter le territoire

"Ce chiffre est ridiculement exagéré, il faudrait probablement enlever un zéro", assure la source interne de l'entreprise interrogée par l'AFP. Mais il y a d'autres frais: en septembre dernier, Nissan a dû payer une amende de 15 millions de dollars pour éviter des poursuites du gendarme boursier américain, la SEC, sur le volet des rémunérations différées absentes de ses anciens rapports financiers.

Le constructeur a aussi accepté en décembre de payer une pénalité de 2,4 milliards de yens (près de 22 millions de dollars) requise par l'Agence japonaise des services financiers sur la même partie de l'affaire. Le groupe doit par ailleurs répondre prochainement aux questions du TSE, l'opérateur de la Bourse de Tokyo, sans quoi il risque d'être radié de la cote, et il fait aussi face à des plaintes d'actionnaires aux Etats-Unis.

Conseil d'administration mardi prochain

Nissan a péniblement fait le ménage dans sa gouvernance ces derniers mois pour en finir avec l'ère Carlos Ghosn. En septembre dernier, celui qui était alors directeur général, Hiroto Saikawa, l'un des critiques les plus acerbes de son ancien mentor, a notamment pris la porte après avoir reconnu avoir lui aussi touché des primes en excès par le passé.

"Je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un qui joue un drame écrit par lui-même, après avoir fui un pays en violant la loi", a sèchement répliqué jeudi Masakazu Toyoda, un administrateur extérieur de Nissan également dans le viseur de M. Ghosn. La nouvelle direction du groupe, arrivée aux commandes début décembre, a en effet d'autres fers au feu: selon des informations de l'AFP, elle doit exposer mardi prochain sa stratégie au conseil d'administration pour redresser au plus vite les bénéfices, tombés à leurs plus bas niveaux depuis dix ans.

L'alliance Renault-Nissan semble quant à elle être repartie du bon pied, après un an d'incertitudes sur son avenir. Mais là encore, Carlos Ghosn ne s'est pas privé mercredi de décocher quelques flèches assassines, dénonçant une "mascarade d'alliance" et balayant la stratégie du consensus, qui ne "fonctionne pas".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 23
à écrit le 23/07/2020 à 7:35
Signaler
il n'a absolument rien a réclamer a la France puisque cette personne c'est empressé de se déclarer résident au pays bas alors deux solution un paiement des impôts arriéré en France avec malus et se présenté en personne sur le sol Français pour u...

à écrit le 12/01/2020 à 13:34
Signaler
Les Nissons de Nippan lui ont fait le coup de Pearl-Harbour ! Il va leur faire le coup d'Hiroshima !!

à écrit le 12/01/2020 à 10:10
Signaler
Je ne suis pas sûr, les images du mariage mégalomane de Ghosn, qui ont fait le tour du monde et faut voir les commentaires qui les ont accompagné, n'ont pas été diffusées pour rien avant ce règlement de compte judiciaire, affaiblissant considérableme...

à écrit le 11/01/2020 à 23:12
Signaler
C GHOSN avait bafoué LA JUSTICE JAPONAISE ! Mais c'était CG lui-même, qui avait copié sur les méthodes de travail JAPONAISES chez NISSAN et TOYOTA en les appliquant dans les sites de fabrication de RENAULT FRANCE comme LE TPM ( totale production mai...

à écrit le 11/01/2020 à 14:11
Signaler
Nissan s'est vraiment fourvoyé en s'attaquant à CG de cette manière. Et le système judiciaire japonais apparait comme celui d'un pays totalitaire L'industrie japonaise est à nouveau discréditée

à écrit le 11/01/2020 à 10:46
Signaler
La résilience de cet homme est admirable..! Le pauvre Saikawa (ex pdg de Nissan) n'a pas fait le poids. Quel médiocre Brutus. Le résultat est que tout le monde y a perdu, et beaucoup l'image du Japon, qui à révélé au monde son systéme judiciaire Sta...

à écrit le 10/01/2020 à 23:29
Signaler
carlos, vous etes un cerveau brillant, mais ....... comment ne pas avoir vu le coup venir des japonais, une sorte de remake de Pearl arbor . assez surprenant de n avoir pas anticipé cette attaque empreinte de traîtrise vous avez été leger ...

à écrit le 10/01/2020 à 21:48
Signaler
La cause profonde du clash entre Nissan et CG semble etre la volonte de Renault de fusionner Nissan et de ruiner quelque peu la bonne image de marque Nissan sur ses marches d'exportation prioritaires...CG ne s'est pas doute qu'en acceptant cela, il r...

à écrit le 10/01/2020 à 19:47
Signaler
L'AFP c'est pas sensé être une agence recueillant de l'information, la recoupant et la diffusant sans parti pris (neutralité) ? ce papier semble plus un papier d'opinion avec parti pris qu'un papier neutre cela me semble-t-il donne raison à ceux qu...

à écrit le 10/01/2020 à 18:21
Signaler
Nissan pensait gagner sur tous les tableaux en arrêtant CG par surprise, mais aujourd'hui les conséquences sont très importantes en terme d'image et Nissan va le payer au prix fort. Au lieu de faire un tel procès médiatique, Nissan aurait dû négocie...

à écrit le 10/01/2020 à 17:39
Signaler
en dehors de cela, croyez vous que je pourrai fêter mes 72 ans au palais de Versailles ? Pas très claire, la gestion du Palais, on consent et puis houp cela fait un fait divers. Pas clair, pas net

à écrit le 10/01/2020 à 17:34
Signaler
Hé oui, Nissan finira par s'en mordre les doigts et sombrera dans ses vieux démons des mafias japonaises qui gangrenaient la boite il y a vingt ans : fournisseurs exclusifs depuis trop longtemps, corruption à tous les étages, malversations en tous ge...

à écrit le 10/01/2020 à 17:13
Signaler
Pour quoi le magistrat du Japon luis a pas mis un bracelet électronique à 007 Ghosn en plus ils sont fort en électronique

à écrit le 10/01/2020 à 16:59
Signaler
Ghosn l'évadé fugitif , se croit malheureusement intouchable , de sa par il devrait descendre de son piédestal , il devrait se dire que partout dans le monde nul n'est à l'abri,ce n'est pas par ce que Ghosn était à la tête de Renault Nissan qu'il E...

le 11/01/2020 à 14:39
Signaler
Et en Français,ça donne quoi ?!?

le 11/01/2020 à 14:43
Signaler
Et en Français,ça donne quoi ?!?

à écrit le 10/01/2020 à 15:14
Signaler
Les drames tournant autour de grandes personalités comme CG ou Qassem Soleimani révèle sous un jour nouveau les comportements des pays, leur sens de la justice, leur sens stratégique et diplomatique. Le Japon et l'Iran étaient des puissances secrète...

le 11/01/2020 à 14:41
Signaler
...?!?

à écrit le 10/01/2020 à 11:16
Signaler
Curieux mélange des genres : sur le plan judiciaire, il n’apporte aucune preuve déterminante, sur le plan personnel, il se "victimise" en se croyant supérieur aux autres managers... Il n'est certes pas mauvais, mais il existe d'autres top managers qu...

le 10/01/2020 à 11:44
Signaler
C'est vous qui dites que CG n'apporte aucune preuve sur le plan judiciaire... Laissons la justice (la vraie, certainement pas la justice japonaise qui a sévi depuis 14 mois) faire son travail avant de conclure. CG est un manager hors normes que vou...

le 10/01/2020 à 16:11
Signaler
Quand un membre d'une alliance assassine son dirigeant comme l'a fait Nissan, la confiance est définitivement rompue, et j'espère que Sénard y regardera à 2 fois avant de poser un orteil sur le sol nippon. En organisant son évasion, Ghosn a montré qu...

le 12/01/2020 à 8:21
Signaler
Si licencier des milliers de personnes dans chaque entreprise où je passe y bloquer les augmentations de salaire et me faire 169% la même année fait d'une personne un top manager, vous avez une drôle de vision de l économie. Un top manager il, sai...

à écrit le 10/01/2020 à 10:46
Signaler
tu parles dans 3 mois on n'en parle plus et ils peuvent passer a autre chose pour l'instant, gohsn qui revient tous les jours dans les medis, ca c'est une epine

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.