Dacia ne connaît pas la crise... La marque roumaine, filiale du groupe Renault, a enregistré un excellent premier semestre. Au niveau mondial, Dacia a annoncé une hausse de 6% de ses ventes avec 278.000 unités. En Europe, les ventes ont même augmenté de 16% alors que le marché, lui, baissait de 14%. Cette sur-performance permet à Dacia de frôler les 5% de parts de marché, un seuil qui, selon la règle de Luca de Meo, patron du groupe Renault, permet de peser sur le marché.
Sandero, best-seller en Europe
La marque entrée de gamme du groupe français s'appuie sur une gamme particulièrement bien positionnée: le Sandero, le best-seller renouvelé l'an dernier, sur le segment des compacts, ou le nouveau Duster, sur celui des SUV, relancé en 2018 mais qui vient de subir son deuxième restylage. Mais Dacia bénéficie également de l'extension de sa gamme sur de nouveaux segments avec la Spring, sa première voiture électrique, ou encore le Jogger, un grand SUV familial. A chaque fois, Dacia parvient à proposer des produits à des prix ultra-compétitifs. Une voiture électrique à moins de 20.000 euros, un SUV sept places à moins de 16.000 euros... Dacia est unique sur le marché.
Mais Dacia bénéficie également d'une forte dynamique de marque avec un nouveau design "plus cool", du propre mot de Luca de Meo selon qui, il est possible de monter en gamme même pour Dacia.
Enfin, la marque roumaine rachetée en 1999 a été moins touchée par la pénurie de semi-conducteurs que d'autres marques qui embarquent beaucoup plus de technologies. Elle s'est ainsi substituée à de nombreuses marques incapables de répondre à la très forte demande du marché.
Dacia mise aussi sur le "pricing power"
Mais Dacia, ce n'est pas seulement des prix bas, c'est un rapport qualité-prix reconnu par l'ensemble de ses clients et qui lui vaut un taux de fidélité qui égale, exception absolue, celui des marques premiums. Au point que la performance du dernier semestre a pu être réalisée alors qu'elle a été contrainte de multiplier les hausses tarifaires. Sur la seule année 2021, le Sandero a vu son prix révisé trois fois à la hausse, atteignant plus de 10% d'augmentation. Cela ne l'a pas empêché d'être la voiture la plus vendue sur le marché des ventes à particuliers en Europe ce semestre encore (112.000 unités), tout comme le Duster (99.000) !
La marque veut jouer sur cette capacité à défendre et augmenter ses prix (le pricing power) pour aller plus loin dans les options disponibles, notamment en vue de la décarbonation de sa gamme. Dacia va ainsi multiplier les motorisations hybrides, en s'appuyant sur les technos de sa maison-mère Renault, notamment E-Tech qui permet de réduire significativement les consommations de carburant en ville.
Enfin, la marque dirigée par Denis Le Vot ne compte pas pour autant multiplier les modèles. Ainsi, aucun nouveau modèle n'est attendu avant 2023, avec le renouvellement de l'un des plus gros succès de Dacia: le Duster. Ce modèle a permis à Dacia de percer sur de nombreux marchés, mais surtout à Renault de s'imposer en le vendant sous son propre logo sur des marchés émergents stratégiques comme en Amérique Latine ou en Inde, non sans un immense succès. Enfin, le Bigster qui doit arriver en 2024, doit permettre à Dacia d'accélérer son internationalisation en attaquant des nouveaux marchés émergents grâce à ce très grand SUV qui promet également d'être très compétitif.
Un modèle unique
Pour l'heure, Dacia reste un cas d'école dans le paysage automobile européen. PSA avait tenté de lancer des modèles entrée de gamme avec la Peugeot 301 ou la Citroën C-Elysées, mais ces produits n'ont jamais dépassé les frontières de quelques pays émergents. De son côté, Skoda n'a pas résisté à la tentation de monter en gamme et en prix au point d'égaler des généralistes comme Citroën, Ford ou même Renault. Mais l'offensive annoncée de marques chinoises dont les prix promettent d'être encore plus agressifs pourrait menacer la relative tranquillité de Dacia sur l'entrée de gamme européen.
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