Pirelli : "Notre stratégie premium nous protège de la crise" (Marco Tronchetti, PDG)

Alors que Pirelli fête cette année ses 150 ans, la marque de pneu italienne se dit prête à aborder la nouvelle décennie qui s'annonce qui sera marquée par des tensions sur les matières premières mais également par des normes environnementales toujours plus fortes. Marco Tronchetti Provera, PDG du groupe, estime que virage stratégique engagé par Pirelli sur des pneus premium, lui permet, d'encaisser avec sérénité cette période jonchée d'incertitudes...
A la tête de Pirelli depuis 1992, Marco Tronchetti Provera est l'artisan du virage stratégique vers le premium.
A la tête de Pirelli depuis 1992, Marco Tronchetti Provera est l'artisan du virage stratégique vers le premium. (Crédits : Pirelli)

LA TRIBUNE- Au moment où l'industrie automobile traverse une grave et profonde crise, quelle est la situation de Pirelli ?

MARCO TRONCHETTI PROVERA - Dans les années 1990, nous avons pris une décision stratégique très importante en nous focalisant sur le haut-de-gamme à travers d'importants investissements dans la recherche et l'innovation.  Nous avons également revu nos implantations géographiques pour privilégier les marchés premiums. L'Europe, les Etats-Unis et la Chine représentent 90% de ce segment. Nous avons baissé notre empreinte en Amérique Latine qui ne pèse plus que 13,5% de nos ventes, contre 50% au début des années 1990. Nous avons mis l'accent sur le "local to local" afin de limiter le plus possible les effets de change, mais également les coûts du transport. Ensuite, nous nous sommes séparés des activités poids lourds, nous avons relancé la production de pneus pour vélos où nous visons également des produits haut-de-gamme. Ce virage stratégique nous a permis de nous positionner comme un leader mondial du pneu haut-de-gamme tout en étant un petit acteur du secteur. Nous sommes désormais bien positionnés pour aborder un segment en forte croissance pour les prochaines années qui est celui du pneu de voiture électrique. Notre objectif est d'atteindre sur ce segment une part de marché supérieure à celle que nous détenons sur les voitures thermiques.

Nous traversons une période particulièrement complexe, avec une forte inflation des matières premières mais nécessitant davantage d'investissements pour l'avenir. Pensez-vous que le marché du pneumatique s'oriente vers une consolidation et quelle serait la position de Pirelli ?

Il y a une accélération, et Pirelli a pris sa part dans les investissements pour préparer ce futur. Nous avons notamment investi dans de nouveaux outils qui nous permettent d'être plus innovants comme la virtualisation des produits futurs. Notre focus sur le haut-de-gamme et notre image de marque nous protège contre ces tensions inflationnistes. En revanche, nous ne ressentons aucun besoin d'aller chercher de la croissance externe puisque nous sommes déjà leader sur nos métiers historiques de manufacturier premium. Notre stratégie premium nous protège puisque la demande sur ce segment est solide et plus élevée que sur le reste du marché. Ensuite, nous sommes particulièrement bien positionnés puisque nos produits ont une valeur moyenne supérieure à celle de nos concurrents. Enfin, nos prix ont augmenté plus vite que celui des matières premières.

Il y a un autre aspect qui pèse sur vos investissements à l'avenir, c'est celui de soutenabilité avec de nouvelles normes réglementaires et qui pourraient être resserrées à l'avenir. Pensez-vous que c'est une contrainte ou un avantage pour vous ?

Nous sommes favorables à la réglementation la plus restrictive dans tous les pays où nous opérons. Nos pneus répondent d'ailleurs aux mêmes critères de qualité et de soutenabilité partout où ils sont vendus. Selon nous, c'est un avantage compétitif que l'Europe se positionne en leader de telles exigences environnementales. Chez Pirelli, nous travaillons sur la soutenabilité de nos pneus depuis 2001. C'est à partir de ce moment-là que nous avons mis en place une prime au management pour atteindre des objectifs environnementaux. Nous devons sans cesse anticiper la réglementation. Aujourd'hui, Pirelli est l'un des leaders du classement S&P Green.

Il y a quelques années, vous avez accueilli ChemChina dans votre capital. Ce groupe chinois est aujourd'hui, le premier actionnaire de Pirelli. Pour quelles raisons vous êtes-vous rapproché de ce groupe, et est ce que Pirelli a vocation à rester indépendant à l'avenir ?

Nous avions un projet de scission de nos activités poids lourds. Et ChemChina disposait lui-même d'une division interne proche de cette activité mais sans technologie. Nous nous sommes donc rapprochés de ChemChina pour conduire cette opération dans les meilleures conditions. Nous étions alors sortis du marché, puis nous y sommes revenus. Aujourd'hui, ChemChina est actionnaire à 37% du capital de Pirelli, tandis que la famille, que je représente, détient 14% du capital. ChemChina est avant-tout un partenaire de Pirelli. Nos accords interdisent de déplacer le siège social de Pirelli de Milan, ou de transférer nos technologies. Nous venons d'ailleurs de signer une prolongation de notre accord qui me confirme dans mes fonctions jusqu'en 2026.

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Commentaires 2
à écrit le 23/05/2022 à 9:48
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... des femmes*** se feraient aussi violer en Ukraine ( comme a Paris , d ' apres vos infos ) ; qu ' elle sera , selon vous , la* $tar qui nous montrera son ( ses ) sein(s) cette annee ... ( par provoc ) ! ? . ... Faites vos jeux !!! ........ Rien ne...

à écrit le 23/05/2022 à 7:46
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Gracie @Marco ; ... $ouhaiton$ lui une $ai$on de F1 $an$ gilet$ jaune$ ... qui bloquent TOUT ... partout ! . ... AFF ISS pe Corsica * .

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