Renault sauve les meubles au premier trimestre grâce au "pricing power"

Le groupe automobile français a annoncé une baisse de 17% de ses ventes sur les trois premiers mois de l'année. L'impact sur le chiffre d'affaires est toutefois limité à une baisse de 2,7%. Renault recueille les fruits de la stratégie de montée en gamme et de discipline de prix engagés par Luca de Meo, son directeur général.
Nabil Bourassi
(Crédits : Eric Gaillard)

Un premier trimestre mi-figue mi-raisin pour Renault. Le groupe automobile français accuse une baisse des volumes de près de 17% avec 552.000 ventes contre 665.000 il y a un an. La baisse du marché européen (-12%) a largement impacté les ventes. La suspension des activités en Russie d'abord faute d'approvisionnement, avant que le groupe ne décide d'organiser son retrait définitif, a également tiré les ventes vers le bas. Pour rappel, la Russie est le deuxième marché mondial du français.

Moins de ventes, mais des ventes plus chères

Mais malgré cette baisse conséquente des volumes, le chiffre d'affaires, lui, n'a baissé que de 2,7% à 9,7 milliards d'euros. Cette performance est essentiellement la conséquence des stratégies dites de "pricing power", ou capacité à défendre ses prix. Luca de Meo a ainsi mis en place une panoplie de méthodes de vente pour tirer les prix de ventes unitaires vers le haut: fin des ventes non rentables, simplification de la diversité des options, montée en gamme des nouveaux produits. C'est précisément sur ces derniers que Renault enregistre ses meilleures performances. Le succès de l'Arkana, lancé en 2021, se poursuit au rythme de 9.000 ventes par mois, dont 60% vendus équipés d'E-Tech, l'hybridation façon Renault. D'une manière générale, Renault a largement augmenté la part des ventes équipées du système E-Tech sur l'ensemble de sa gamme puisqu'il représente désormais 36% des ventes (+13 points).

Grosse percée dans le 100% électrique

Aussi, la nouvelle Mégane 100% électrique a rencontré un lancement canon avec 10.000 commandes en deux mois, soit une bonne performance sur ce segment. Mieux, 70% des ventes ont été réalisées sur les finitions supérieures, autrement dit les plus chères et les plus rentables. A noter, l'excellente performance de la Dacia Spring vendue à plus de 20.000 unités en Europe au premier trimestre, et qui grimpe même à la seconde place des voitures électriques en France.

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En tout et pour tout, l'effet prix a été de quasiment 6 points sur le trimestre. Les performances commerciales sont toutefois contrariées par la crise des semi-conducteurs. Renault vient d'annoncer la suspension de la production de Mégane E-tech, faute de puces. En outre, le groupe enregistrera sur le reste de l'exercice annuel l'effet plein du retrait du marché russe qui représente à l'année pas moins de 500.000 voitures.

Des nouveaux modèles pour compenser le retrait russe

Le groupe français estime néanmoins pouvoir s'appuyer sur une série de nouveautés modèles pour compenser la perte en volumes, mais également pour amplifier sa stratégie de pricing power. Ainsi, Dacia vient de commercialiser le Jogger, un modèle dont le barème tarifaire est dans le haut du panier de sa gamme (déjà 36 commandes sur quatre mois dont 70% sur les finitions supérieures). Surtout Renault mise sur Austral pour relancer ses ventes de SUV compacts, un segment porteur et très rémunérateur. Enfin, Alpine, la marque sport premium du groupe, semble enfin décoller avec 709 ventes sur le trimestre, soit une progression de 67%.

Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 22/04/2022 à 20:05
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Le pricing power des constructeurs auto pseudo-français se situe surtout dans les casses auto, cependant cela risque de ne pas durer au passage à l'électrique qui pourrait surtout bénéficier aux constructeurs étrangers...

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