L'hybridation E-Tech va-t-elle sauver Renault ?

Le groupe automobile français tente de remonter le peloton dans la course de la montée en gamme... Avec les étonnants atouts de la technologie hybride E-Tech, Renault estime détenir une offre très compétitive pour revenir notamment sur le segment des compactes, et se positionner à l'international.
Nabil Bourassi
Avec E-Tech, la marque au losange peut proposer des voitures hybrides à des prix canon. Cette technologie, qui sommeillait dans les cartons des ingénieurs du losange, permet d'économiser en moyenne jusqu'à 20% de carburant par rapport à un moteur essence.
Avec E-Tech, la marque au losange peut proposer des voitures hybrides à des prix canon. Cette technologie, qui sommeillait dans les cartons des ingénieurs du losange, permet d'économiser en moyenne jusqu'à 20% de carburant par rapport à un moteur essence. (Crédits : Renault)

Ce serait « La » grosse surprise de Renault... De l'avis de tous les nouveaux collaborateurs arrivés dans la foulée des nominations de Jean-Dominique Senard et Luca de Meo pour sauver le groupe automobile français, la technologie E-Tech serait l'une des perles qui sommeillait dans les cartons des ingénieurs du losange.

Gilles Le Borgne, le patron de la R&D, l'avait confessé lorsqu'il occupait le même poste chez PSA (devenu Stellantis depuis sa fusion avec Fiat): il avait pris connaissance du projet des ingénieurs de Renault de créer une chaîne de traction hybride basée sur une boîte de vitesses à crabots. « Bonne chance », se souvient-il leur avoir lancé plein de scepticisme, et non sans ironie. Une fois arrivé au Technocentre, celui qui a dirigé le premier déposant de brevets de France avoue sa surprise sur les performances de cette technologie.

Luca de Meo fait le même constat et est convaincu que Renault dispose d'un avantage concurrentiel majeur. Avec E-Tech, la marque au losange peut proposer des voitures hybrides à des prix canon. « Nous sommes pas loin du prix d'un diesel », lâche un ingénieur chez Renault.

Tout se joue sur la boîte à crabots

Toute la technologie E-Tech se joue autour de la boîte de vitesses à crabots qui permet d'éviter les frictions qui altèrent l'efficacité et donc le rendement du moteur. En l'associant à une hybridation, les performances deviennent très compétitives. « Par défaut, une voiture démarre toujours en 100% électrique sur une E-Tech, que ce soit à un feu ou un stop, c'est ce qui permet de rouler 80% du temps en électrique en ville », indique Michael Proust, le chef ingénieur chaîne de traction qui a travaillé sur Austral, le nouveau SUV compact de Renault.

Le système E-Tech permet d'économiser en moyenne jusqu'à 20% de carburant par rapport à un moteur essence, pour moins de 2.000 euros. Mieux... E-Tech prépare la sortie de l'hybride rechargeable (PHEV), technologie nettement plus chère.

« Nous constatons que le 100% électrique et l'hybride prennent le pas sur les hybrides rechargeables. La France est en avance sur la tendance, et elle est déjà le premier marché hybride européen hors PHEV. En Allemagne, les hybrides rechargeables sont surtout soutenus par des dispositifs de subventions publiques », explique Fabrice Cambolive, directeur des ventes de Renault.

Il poursuit:

« L'avantage d'un hybride, c'est qu'on gagne à tous les coups, c'est-à-dire quel que soit l'usage. La souplesse et l'agrément de conduite à un prix abordable, avec 20% d'économie de carburant en moyenne. Les consommateurs s'orientent vers cette technologie beaucoup moins contraignante que l'hybride rechargeable. »

Deux tiers des Arkana vendus en E-Tech

L'Arkana E-Tech est homologué à 108 g de CO2 par kilomètre contre 130 pour la version thermique, pour 1.500 euros de plus. À ce prix-là, l'économie de carburant est en moyenne de 20% par rapport à l'essence, 10% par rapport au diesel. Pas étonnant que l'Arkana ait été vendu à 60% en version E-Tech (70% en France) en 2021. Certes, avec le PHEV, la consommation serait nettement réduite. Par exemple, le Citroën C5 Aircross PHEV roule à 30 grammes de CO2 par kilomètres... Mais il coûte 41.000 euros. En outre... les associations ont largement mis en doute la réalité des émissions de CO2 sur les PHEV qui sont surtout très théoriques.

Renault fait donc le pari que le marché ne se situe pas sur le PHEV, trop sophistiqué et trop cher... Et que la technologie E-Tech permet de baisser suffisamment les émissions de CO2, surtout en ville.

Reconquérir le segment des compactes

Mais l'enjeu est également de revenir dans le match du segment des compactes. Pour Luca de Meo, Renault est encore trop faible sur ce marché où Mégane, Kadjar et Scénic ont rencontré des résultats très mitigés en volumes, voire très décevants en valeur. Avec l'E-Tech, Renault espère redevenir compétitif notamment sur le TCO, ou coût d'usage (c'est-à-dire le coût qui inclut le prix d'achat, le carburant, la maintenance, la perte de valeur...). Ce TCO est l'une des principales boussoles des acheteurs sur ce segment, notamment les flottes professionnelles, et la concurrence allemande est particulièrement compétitive sur ce critère.

D'ailleurs, le partenaire Nissan, dont Renault possède 44% des parts, a intégré E-Tech dans son Juke. Que l'allié japonais, pourtant si jaloux de son indépendance, reprenne à son compte cette technologie, est un vrai gage de sérieux.

Enfin, "E-Tech s'inscrit parfaitement dans notre stratégie d'internationalisation, notamment dans les pays émergents", ajoute Fabrice Cambolive. Dernière bonne nouvelle... Pour Renault, c'est essentiel puisque le groupe a promis de basculer au 100% électrique en Europe en 2030. Partout ailleurs, le groupe continuera à vendre des voitures thermiques hybrides...

Nabil Bourassi

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Commentaires 5
à écrit le 28/09/2022 à 13:59
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Et la triple peine , c’est d’avoir une Renault , lancement de l’hybride sans aucun recul , voir les avis des clients sur les sites fiches auto / automobile propre / caradisiac / planète Renault . La fiabilité, absente comme le SAV , véhicule clio h...

à écrit le 16/04/2022 à 8:11
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imposible car la direction est incapable de produire du haut de gamme en france idem pour citroen

à écrit le 16/04/2022 à 3:08
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L'hybride en cas de panne, c'est la double peine. Tres complexe a reparer, et.... cher. A eviter.

le 16/04/2022 à 13:47
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C'est sûr, mais que voulez-vous, c'est la grande mode du moment.

à écrit le 15/04/2022 à 19:23
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Je changerais déjà ce gros losange obstantatoire , cela reste mon avis .

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