Les premiers signes du redressement de Renault ? C'est en tout cas ce que veut croire Luca de Meo, qui commente le chiffre d'affaires du troisième trimestre du constructeur automobile français qu'il dirige depuis le 1er juillet : "Ce troisième trimestre souligne l'évolution de notre politique commerciale privilégiant désormais la profitabilité aux volumes. Notre performance dans l'électrique, le très bon accueil de nos modèles E-TECH hybrides, nos réserves de liquidités et la dynamique positive de nos équipes nous rendent confiants en la capacité du Groupe à enclencher son redressement".
L'Europe, bastion de croissance
De fait, Renault a annoncé un troisième trimestre plutôt encourageant avec un repli limité de -8% du chiffre d'affaires (-3% à taux de change et périmètre constants). En volume, les ventes ont baissé de -6%. Le groupe se veut particulièrement optimiste sur son marché domestique, l'Europe, où les ventes ont baissé de -2,9% contre une contraction de -5% du marché. Sur le seul mois de septembre, Renault a même enregistré une hausse de +8% de ses immatriculations, contre +3% de hausse du marché.
Pour rappel, les ventes de Renault avaient baissé de -35% au premier semestre, sous le poids de la crise du coronavirus. En Europe, elles avaient même baissé de -42% pour une baisse de -38% du marché.
Mais le groupe peut se reposer sur le renouvellement réussi de ses best sellers. La reprise des ventes au troisième trimestre est en effet largement portée par les ventes des nouveaux Captur et Clio, leaders de leur segment. Il faut ajouter à cela l'incroyable succès de la Zoé qui surfe sur la vague de l'électromobilité, en plein boom depuis le début de la crise du coronavirus. Les ventes de la citadine 100% électrique ont augmenté de +150% sur le trimestre. Cette performance remarquable devrait permettre à Renault d'échapper aux sanctions sur les objectifs CO2 imposés par l'Union européenne.
Moins bonne nouvelle, les ventes de Dacia, la marque entrée de gamme mais réputée très rentable, ont baissé de -10% sur le trimestre. D'après le groupe de Boulogne-Billancourt, la marque roumaine souffre notamment d'un effet de comparaison défavorable sur la performance 2019.
Le Brésil tire l'international à la baisse
C'est hors d'Europe que Renault pêche encore... Les ventes se contractent de -9% notamment en raison de la chute du marché brésilien. Renault qui détient plus de 8% de parts de marché de cet immense marché, a enregistré une baisse de -51% de ses ventes. La progression en Turquie (+131%) et en Russie (+4,5%) n'ont pas suffi à compenser. Pour autant, Renault se dit confiant et souligne que son carnet de commandes a explosé de +150% sur le trimestre, ce qui annonce de belles performances dans les mois à venir.
Mais le véritable message de Renault réside en réalité dans l'assainissement de ses ventes. En "privilégiant la profitabilité aux volumes", Luca de Meo explique ainsi que la croissance des ventes est porteuse de rentabilité, là où auparavant Renault vendait parfois à perte pour remplir ses usines et gagner des parts de marché. "Le Groupe a accentué sa politique de discipline de prix au cours de ce trimestre", insiste le communiqué de presse. En d'autres termes : "les ristournes, c'est fini".
Dans l'attente d'une nouvelle stratégie
Le groupe automobile a décidé de tourner la page des années Ghosn très focalisées sur les volumes mais qui ont largement altéré la marge opérationnelle. En 2019, donc bien avant la crise du coronavirus, cette marge avait baissé de 2 points à 4,5% du chiffre d'affaires, soit moitié moins que celle de son rival et compatriote PSA.
Sur sa trésorerie, vrai sujet d'inquiétude des marchés qui a publié une longue littérature à ce sujet depuis le début de l'année, Renault s'est aussi voulu rassurant. Elle se situe à 15,2 milliards d'euros fin septembre, soit quasiment son niveau du début d'année, même si le groupe a consommé 1,6 milliard d'euros entre juin et septembre pour une question de "saisonnalité des fonds de roulement". Le groupe a également utilisé environ 3 milliards d'euros sur l'enveloppe de 5 milliards du prêt garanti par l'État. Renault promet un flux de trésorerie positif sur l'ensemble du deuxième semestre.
Renault n'en est qu'au début de son redressement. Pour l'heure, le groupe a seulement engagé un plan de restructuration portant sur 2 milliards d'euros d'économies. En outre, les performances sur le trimestre ne sont pas encore suffisantes pour consolider une croissance robuste de long terme. Il faudra attendre le plan stratégique concocté par Luca de Meo et qui sera annoncé en janvier pour en savoir davantage. Et encore, celui-ci mettra plusieurs années à produire ses effets, mais pour Luca de Meo, il y a un autre objectif de court terme plus important encore : restaurer la confiance en interne. Sur cet aspect, il semblerait que le redressement soit en bonne voie.
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