Stellantis fait un pas de plus vers l'hydrogène. Après avoir lancé la commercialisation d'utilitaires légers (VUL) à hydrogène, mais de manière ciblée, le groupe automobile, issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, a annoncé jeudi son industrialisation en série sur son site historique d'Hordain (Nord), plus connu sous le nom de Sevelnord. L'investissement s'élèvera à 10 millions d'euros, en partie financé par l'Etat.
Production 100% française
Cette usine produit des utilitaires légers pour cinq marques (Peugeot, Citroën, Opel, Vauxhall, Fiat), et pour Toyota. Il s'agit de modèles baptisés Citroën Jumpy, Peugeot Expert, Fiat Scudo ou Opel Vivaro. Leurs versions pour le transport de personnes y sont produites aussi.
Seules les marques du groupe pourront être équipées de cette technologie. Stellantis va se fournir auprès de Symbio pour la pile à combustible (produit en Rhône-Alpes-Auvergne), et auprès de Plastic Omnium pour le réservoir (produit près de Compiègne). Si on ajoute le moteur électrique produit à Trémery (près de Metz), l'utilitaire à hydrogène signé Stellantis sera ainsi un produit « made in France ».
Mais la capacité de production de véhicule utilitaire léger (VUL) à hydrogène a été fixée à 5.000 unités par an à partir de sa mise en service prévue en 2024. Stellantis n'a pas donné de perspectives de marché, mais le groupe estime que le modèle économique de cette gamme visera les usages de longs trajets.
Autrement dit, les artisans qui font essentiellement des trajets urbains et péri-urbains, seraient plus avisés de rester sur une camionnette électrique à batterie. Un VUL à hydrogène coûte entre 30 et 40% plus cher qu'une version électrique, qui coûte déjà plus cher qu'une version thermique. Stellantis estime que les subventions seront déterminantes pour stimuler ce marché. Pour l'heure, le site d'Hordain est en train de monter en puissance sur la production de VUL électrique qui représente désormais 43% de la production totale, contre 32% en début d'année.
Stellantis prend « position »
Pour Carlos Tavares, patron du groupe, l'idée est davantage de « se positionner » sur cette technologie que de produire des volumes et des parts de marché. Stellantis revendique un premier contrat avec Engie, pour fournir une flotte d'utilitaires légers à hydrogène. Le groupe gazier cherche ainsi à diversifier sa flotte, mais dispose également d'une expertise dans l'hydrogène puisqu'il en produit lui-même. Ainsi, le client idéal est la grande entreprise qui a les moyens de constituer des flottes et de s'équiper de ses propres bornes à hydrogène.
Le groupe avait lancé en 2021 une première expérience commerciale sur les utilitaires légers à hydrogène. Il s'agissait alors de transférer ces véhicules produits à Hordain vers le site de Russelsheim (site historique d'Opel) qui est également le centre européen dédié à l'hydrogène pour Stellantis. Là-bas, ces utilitaires étaient équipés de cette technologie. Avec la bascule dans la production de série, Russelsheim perd cette expertise. Pour l'heure, les ventes sous ce format n'ont pas excédé la centaine d'exemplaires.
Pour Stellantis, l'objectif est donc de consolider sa position de leader européen des VUL avec 30% de parts de marché (41,5% en France). En 2022, Stellantis vendra près de 350.000 utilitaires légers. L'enjeu est de taille. Structurellement, le profit unitaire d'un tel véhicule est plus élevé qu'une voiture particulière.
Sujets les + commentés