Bâtiment : les professionnels attendent des clarifications fiscales

Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), et Patrick Vandromme, président des Constructeurs et aménageurs (LCA-FFB), ont interpellé, ce 11 juillet 2018, l'exécutif en vue des débats sur le projet de loi de finances 2019.
César Armand
La Fédération française du bâtiment attend avec impatience le projet de loi finances 2019.

« Les ventes dans le neuf reculent nettement et les promoteurs sont assez pessimistes. » Ce 11 juillet 2018 à la Fédération française du bâtiment (FFB), son président Jacques Chanut s'alarme des mauvais chiffres dans la construction neuve : - 5, 1 % de ventes au premier trimestre 2018 par rapport au même trimestre 2017, - 1,8 % d'autorisations et - 4,3 % de mises en chantier de janvier à mai 2018 en comparaison avec la même période l'an dernier.
Les raisons ?

« Il y a peut-être un risque lié aux intempéries : la pluie, les inondations, estime le patron de la FFB, on n'a pas de chiffres précis mais c'est ce qui remonte des fédérations. »

La baisse des APL a également directement impacté le financement des bailleurs sociaux. « Des organismes HLM ont différé voire suspendu des mises en chantier » relève Jacques Chanut.

Des ménages qui renoncent à devenir propriétaires

Plus généralement, ces baisses sont, selon lui, le résultat du « rétrécissement des aides à la solvabilisation ». Malgré des taux d'intérêt encore faibles, des Français ne peuvent acheter, faute d'incitations.

« On alerte les pouvoirs publics depuis novembre ! Soit on éloigne les ménages, soit on réduit les surfaces, soit on réduit les prestations », s'exclame Patrick Vandromme, président des Constructeurs et aménageurs (LCA-FFB).

Et ce dernier de citer en « exemple réel » le projet d'acquisition d'une famille de cinq enfants à Castelsarrasin (Occitanie) aux revenus mensuels de 2.600 euros nets, dont la mensualité aurait augmenté de 763 euros à 995 euros suite à la suppression de l'APL accession et à la réduction de la quotité du prêt à taux zéro. Soit un taux d'endettement de 38 %... « En réalité, ces ménages renoncent à devenir propriétaires », conclut le président de la LCA-FFB.

Le PLF 2019 au cœur des attentes

Deux mois et demi après sa présentation par le ministre d'Etat Nicolas Hulot, ces professionnels demeurent en outre dans l'attente du volet financier du plan de rénovation énergétique du gouvernement.

« Que va-t-il se passer avec le crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) ? On nous dit qu'on va le transformer en prime. C'est très bien, mais on attend des précisions avec beaucoup d'inquiétudes, s'impatiente Jacques Chanut. De même, on entend une petite musique sur l'écologie punitive avec un bonus-malus. Cela n'a pas été écrit comme ça, mais le ministre s'y est dit favorable à titre personnel. En théorie, c'est vertueux ; en pratique, cela bloque le marché. »

Sans attendre l'ouverture des débats sur le projet de loi finances 2019, le président de la FFB ne supporte pas non plus le discours sur la TVA à 5,5 % comme une aide apportée aux entreprises du bâti. Grâce à ce taux réduit, c'est 2 à 3 milliards de chiffre d'affaires supplémentaire par an, 37 à 59.000 emplois « conservés » et une baisse qui va « directement dans la poche du client », avance Jacques Chanut.
Outre le prélèvement à la source qui créera « des emmerdes dans nos entreprises », celui qui est aussi membre du bureau du Medef se félicite que les avances sur les marchés de l'Etat soient relevées de 5 à 20 % dans la loi Pacte mais demande que ce dispositif soit étendu à l'ensemble des marchés publics.

Décalage entre l'offre et la demande d'emplois

Sur le plan social par ailleurs, Jacques Chanut attend « beaucoup » de la réforme de l'assurance-chômage, se considérant comme « un métier en tension ». Après la perte de 150.000 emplois depuis 2008, quelque peu compensés par la création de 50.000 nouveaux, il pointe « un décalage entre l'offre et la demande », citant le chiffre de 430.000 demandeurs BTP chez Pôle Emploi, et plaide pour « une adéquation territoriale ».
C'est pourquoi, à la veille de la troisième Conférence nationale des territoires, la FFB annonce l'opération « 15.000 bâtisseurs » prévue pour la rentrée visant à embaucher dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

« C'est là où il y a un vivier et là où il va y avoir un redémarrage. Ce n'est pas seulement une problématique parisienne, assure Jacques Chanut qui souhaite aussi « être actif sur l'intégration et la formation des migrants ».

Reste à voir désormais si dans le même temps le projet de réforme sur la formation professionnelle sera à la hauteur de ses « fortes ambitions ».

César Armand

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