Immobilier commercial : la foncière Frey vise la neutralité carbone en 2030

Pour atteindre cet objectif, l'aménageur, développeur, investisseur et gestionnaire de centres commerciaux de plein air devra réduire l'ensemble de ses émissions de carbone, directes et indirectes.
César Armand
Outre la sélection de quatre chênes pour la charpente de Notre-Dame de Paris, le groupe finalise en bois français l’extension de son site de Salaise-sur-Sanne (Isère).
Outre la sélection de quatre chênes pour la charpente de Notre-Dame de Paris, le groupe finalise en bois français l’extension de son site de Salaise-sur-Sanne (Isère). (Crédits : DR)

Un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption dudit CO2 de l'atmosphère par un puits de carbone : soit un système qui absorbe davantage de carbone qu'il n'en émet. Telle est la définition de la neutralité carbone, un but que s'est fixé la France à horizon 2050. Sans attendre trente-neuf ans, le groupe Frey, qui vient de devenir une entreprise à mission, vient de se fixer cet objectif « à horizon 2030 ».

Dans les dix ans, l'aménageur, développeur, investisseur et gestionnaires de centres commerciaux de plein air devra donc réduire drastiquement ses émissions directes de CO2 - scope 1 -,  ses émissions indirectes liées à ses consommations énergétiques - scope 2 - et les  émissions de ses utilisateurs - scope 3 -.

10.000 euros l'hectare de forêt française

Pour y parvenir, le groupe coté sur Euronext a créé, en pleine crise économique et sanitaire, un groupement forestier baptisé... Forey afin d'acheter des forêts françaises. Son ambition : investir 35 millions d'euros sur dix ans pour intégrer ce matériau biosourcé, c'est-à-dire d'origine locale et végétale, dans la construction-rénovation de ses retail parks.

En ce 15 mars 2021, son président-directeur général Antoine Frey annonce ainsi l'acquisition de 650 hectares de forêts pour environ 6,5 millions d'euros, soit 10.000 euros l'hectare. Outre la sélection de quatre chênes pour la charpente de Notre-Dame de Paris, le groupe finalise de cette manière l'extension de son site de Salaise-sur-Sanne (Isère) de même qu'il vient de lancer un chantier près de Genève (Suisse).

« Le rythme n'est pas linéaire. Acheter une forêt est compliqué, il faut savoir aller vite », explique le patron du groupe. « Nous allons fonctionner en escalier, c'est-à-dire que nous poursuivrons les acquisitions selon le rythme où elles se présenteront », ajoute-t-il. Et ce avant même l'entrée en vigueur de la réglementation environnementale des bâtiments neufs, dite « RE2020 » au 1er janvier 2022, qui met l'accent sur le bois.

« Pas de tabou » sur l'hydrogène

S'agissant des émissions indirectes de CO2 liées à ses consommations énergétiques, la foncière spécialisée dans les centres commerciaux de plein air cite la production d'énergie sur ses sites grâce à des panneaux photovoltaïques. De la même façon que pour limiter l'empreinte carbone de ses utilisateurs, elle déploie « massivement » des bornes de recharge électrique, « sponsorisée » par l'Etat qui « participe au financement ».

A cet égard, l'hydrogène, valorisé à hauteur de 7 milliards d'euros dans le plan de relance, pourrait-il accélérer cette double décarbonation ? « Sur le principe, nous ne nous donnons pas de limite. Tout ce qui peut concourir à atteindre la neutralité carbone, nous le ferons car nous n'avons pas de tabou », répond Antoine Frey. « Notre métier n'est pas de produire de l'énergie, mais pourquoi pas ? », poursuit le PDG du groupe éponyme.

800 millions d'euros de projets dans les tuyaux

Effectivement, en tant que foncière commerciale, son rôle consiste plutôt à aménager et à développer de la ville durable. D'autant que le projet de loi Climat et Résilience, en cours d'examen au Parlement, prévoit de diviser par deux le rythme d'artificialisation des sols d'ici à dix ans. Sans compter les 300 millions d'euros que l'Etat débloquera d'ici à fin 2022 pour financer des opérations de recyclage des friches et de transformation de foncier déjà artificialisés.

« Même si c'est compliqué de densifier en tissu urbain dense, nous nous contraignons déjà nous-mêmes à transformer le commerce pour permettre aux villes de fabriquer de nouvelles centralités », assure le patron de Frey. Sur un ancien terrain industriel à Saint-Ouen-sur-Seine (93) aménagé par Nexity, un écoquartier de 100 hectares va naître en 2022-2023 avec 6.800 logements, 23.000 m² de surface commerciale utile, 300.000 m² de bureaux et 12 hectares de parc en bord de Seine. Idem dans la zone commerciale Nord de Strasbourg où sont prévus 40.000 m² de surfaces de vente, 11.000 m² d'activités tertiaires et 400 logements.

Entre ces perspectives et l'abandon du programme montpelliérain « Ode à la mer » par l'ex-maire Philippe Saurel à la veille du second tour des élections municipales de 2020, la foncière revendique aujourd'hui plus de 800 millions d'euros de projets. Aussi, sa stratégie pour 2021 reste inchangée : restructurer des entrées de ville, c'est-à-dire là où s'arrêtent les villes, où démarrent les campagnes et surtout où s'étalent des zones commerciales, et transformer des galeries marchandes horizontales en tissus urbains denses et verticaux.

Lire aussi : Les tours en ville, un sujet toujours tabou ?

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 15/03/2021 à 19:54
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Oui Frey on les connait bien par chez nous dans l'Ain. Ils viennent avec la bénédiction de la mairie de Saint Genis Pouilly de commencer des travaux sur une prairie humide, ou la nappe phréatique affleure. C'était une zone naturelle magnifique de 1...

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