
A la veille du Brexit, les investisseurs sud-coréens en immobilier d'entreprise privilégient désormais la France. Rien qu'au premier semestre 2019, ils ont acquis à Paris trois actifs d'envergure - le Lumière, la tour Europe et l'immeuble CBX -, pour 1,83 milliard d'euros, selon les décomptes du cabinet de conseil en immobilier Savills. C'est davantage que les 1,4 milliard investis outre-Manche.
Sur l'ensemble de l'année, la France pourrait même générer au total 4,4 milliards d'euros d'investissements sud-coréens, quatre à cinq opérations étant sur le point d'être signés. L'an passé, ces investissements ne s'étaient élevés qu'à 400 millions d'euros.
Horreur du risque et besoin d'un cadre lisible
"Aujourd'hui, l'Angleterre ne fournit pas un contexte suffisamment sécurisé", analyse le PDG de Savills France Boris Cappelle. "Des choses positives se passent, mais les investisseurs ont horreur du risque et ont besoin d'un cadre lisible. Or bien malin sait qui se passera dans les prochaines semaines."
Cette forte hausse s'inscrit dans un contexte plus général: depuis dix ans en effet, les investissements sud-coréens dans l'immobilier d'entreprise européen ont fortement grimpé. Ils sont passés de 1,3 milliard d'euros en 2009 à 6,2 milliards pour le seul premier semestre 2019. Ce montant record représente même 10% de l'ensemble des transactions européennes du secteur (dont 88% de bureaux et 11% d'actifs industriels).
"Le won (monnaie sud-coréenne, Ndlr) a gagné en valeur et est à son pic, rendant l'Europe beaucoup plus compétitive, poursuit Boris Cappelle. Les Sud-Coréens ont chassé en priorité tous les marchés matures et l'Europe continentale les a intéressés."
Pourquoi pas Lyon ou Marseille
Ce n'est pas pour autant une tendance de fonds, prévient Boris Cappelle. "Il est commun de dire que les Sud-Coréens vont continuer à investir en France, mais ils regardent aussi les pays du Nord, comme la Suède, ou ceux de l'Est". S'ils venaient à poursuivre leur politique d'acquisition dans notre pays, ce serait plutôt dans les métropoles comme Lyon ou Marseille, pronostique le PDG de Savills France.
Si les investisseurs sud-coréens "digèrent" leurs investissements de 2019 en 2020, seront-ils de retour en... 2021 ? Là encore, Boris Cappelle nuance : "Ils adorent la France, le cadre juridico-politique actuel, les faibles taux de vacance, mais ce sont des acheteurs très pragmatiques, très précautionneux qui font attention à la localisation, à la desserte. Rien ne les interdit d'aller voir ailleurs."
Quoi qu'il en soit, le reste des investisseurs Asiatiques restent en embuscade. Pour la première fois, ils pèsent près d'un quart (22%) des investissements dans l'immobilier d'entreprise en France, français et étrangers confondus. Parmi eux, les Japonais devraient arriver à moyen-terme.
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