Immobilier : plus d'un quart des entreprises n'ont aucune femme dans leur Codir ou Comex

En décembre 2021, 120 entreprises et organisations signaient au salon de l'immobilier une Charte de la parité dans l'immobilier. Près d'un an plus tard, les résultats sont plus que mitigés. Pis, seules 20% se disent prêtes à publier des objectifs chiffrés. Explications.
César Armand
De gauche à droite: Isabelle ROSSIGNOL, Présidente de l’Observatoire de la Charte de la Parité dans l’Immobilier, Stéphanie GALIEGUE, Directrice Générale déléguée en charge de la recherche et des études, IEIF, et Lina MOUNIR, Responsable Pôle Marchés Immobiliers - Analyste Senior, IEIF.
De gauche à droite: Isabelle ROSSIGNOL, Présidente de l’Observatoire de la Charte de la Parité dans l’Immobilier, Stéphanie GALIEGUE, Directrice Générale déléguée en charge de la recherche et des études, IEIF, et Lina MOUNIR, Responsable Pôle Marchés Immobiliers - Analyste Senior, IEIF. (Crédits : DR)

C'était en décembre 2021 : réunies par le Cercle des femmes de l'immobilier, 120 entreprises et organisations signaient au Salon de l'immobilier d'entreprise (Simi) « une charte d'engagement en faveur de la parité et de l'égalité professionnelle femmes-hommes » avec des objectifs et des plans d'action. Tant est si bien qu'en mars 2022, était créé un Observatoire de la charte de la parité dans l'immobilier, afin de « suivre le périmètre des signataires, dresser un bilan régulier des actions menées, identifier les freins et les bonnes pratiques, contribuer à améliorer les choses ainsi qu'à traquer les biais cognitifs et à casser les schémas dans les écoles », explique à La Tribune sa présidente Isabelle Rossignol.

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Plus d'un salarié sur deux est une femme

Sans surprise, près d'un an plus tard, il en ressort que « les entreprises les plus avancées sont celles dont les dirigeants sont les plus impliqués », déclare Stéphanie Galiègue, directrice générale déléguée chargée de la recherche et des études à l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF).

« L'impulsion du dirigeant est extrêmement importante mais il doit aussi mettre en marche toute l'entreprise. La recette consiste à demander aux collaborateurs les objectifs les plus pertinents et à suggérer des actions », appuie la présidente de l'Observatoire Isabelle Rossignol.

Il n'empêche : s'il existe 51,7% de salariées femmes dans l'immobilier, elles restent sous-représentées dans les comités exécutifs et les comités de direction. En effet, il y a en moyenne 3 femmes pour 5,5 hommes. Pis, 26 % des entreprises n'ont aucune femme au sein de leurs instances dirigeantes... Idem dans le top 10 des salaires avec seulement 3,4 femmes voire moins de 3 dans les métiers du conseil, de l'expertise et de la promotion immobilière.

Des biais cognitifs repérés dès l'école

D'après la sociologue Chantal Schmitt qui a réalisé des entretiens qualitatifs, les hommes ont tendance à favoriser les candidats ayant le même profil et à leur reconnaître plus de compétences et de leadership. Tout comme certaines femmes « manquent » de désir de promotion, soit par honnêteté intellectuelle, soit par peur de l'échec, ou redoutent que « la maternité ne marque un coup d'arrêt à leur évolution dans l'entreprise ».

Des biais cognitifs que la directrice de l'Ecole supérieure des professions immobilières (ESPI) a également repérés chez les jeunes générations et qu'elle s'évertue de « casser ».

« Le géomètre qui trimballe son matériel partout, c'est terminé. Aujourd'hui, ce n'est plus seulement un métier technique et de terrain, mais un métier de conseil avec des relations aux entreprises », illustre Lina Mounir, responsable Pôle marchés immobiliers - Analyste Senior à l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF).

Seules 20% se disent prêtes à publier des objectifs chiffrés

La route reste néanmoins encore longue. Seules 20% des entreprises et organisation signataires de la Charte de la parité se disent prêtes à publier leurs objectifs chiffrés et les résultats, notamment dans les postes de direction. Par exemple, recruter ou promouvoir 50% de femmes d'ici à 2025 ou faire progresser de 10% par an le nombre de femmes à des postes de management.

« La publication suppose d'accepter d'être observé en interne et en externe. Même en interne, cela veut dire que les collaborateurs vont pouvoir se faire une idée sur leur entreprise. Autrement dit, ça condamne au succès ! » veut croire Isabelle Rossignol, présidente de l'Observatoire de la charte.

En réalité, engager une analyse annuelle chiffrée sur les niveaux de rémunération et la rendre publique, bien que nécessaire, s'avère complexe à mettre en œuvre.

« Cela demande de mettre en place un processus interne qui, souvent, n'existe pas et cela va nécessiter des enveloppes financières pour rattraper les écarts. Sachant que les moyens ne sont pas extensibles à l'infini, il faut aussi éviter le saupoudrage et ne pas tomber dans l'iniquité », souligne Stéphanie Galiègue, DG déléguée à l'IEIF.

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Une précédente étude de mars 2021 montre pourtant que plus de femmes encadrant la performance est synonyme d'une bien meilleure productivité. Toutes choses étant égales par ailleurs, des institutions font de plus en plus d'appels d'offres avec des critères d'égalité femme/homme en exigeant des indicateurs chiffrés sur le sujet.

César Armand

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Commentaires 7
à écrit le 08/03/2023 à 10:45
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Du moment que ce n'est pas une duflot qui pond une loi alur , je suis à fond avec les femmes.

à écrit le 21/02/2023 à 10:32
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merci pour cet article qui rappelle que les efforts en faveur de la parité sont toujours indispensables...alors que dans une société avancée, il ne devrait même plus y avoir de différence de traitement entre hommes et femmes, ni d'ailleurs de débat ...

à écrit le 14/02/2023 à 6:01
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article consistant, mais objectif non conforme. 25% des femmes ont sûrement compris avant les hommes que l entreprise est une priorité secondaire dans la vie . les CODIR c est avant tout de la testostérone pour l argent et le pouvoir donnant accès à ...

à écrit le 13/02/2023 à 21:55
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Et quoi ? Les nominations se font sur la base des compétences ou du sexe ? Vous croyez que si l'une de ces sociétés avait dans ses rangs une femme capable d'accroître le CA de 10 pourcent, elle s'en priverait ?

à écrit le 13/02/2023 à 16:48
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Les hommes et les femmes n'existent plus , c'est complétement dépassé comme concept . maintenant il y a des individus productifs et utiles et puis les autres... Donc je vois pas où est le sujet de cet article. si des individus ne sont pas présent à...

le 15/02/2023 à 13:39
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J adore votre phase, "ils ne le méritent pas". C est pas ma copine ou mon copain donc il me mérite pas. Le mérite d aujourd'hui n est pas celui d hier... Du moment qu il vient de telle ou telles écoles ou cabinet ministériel, c est bon..

à écrit le 13/02/2023 à 15:28
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c est un scandale ! dire que Segolene est dispo et qu aucun n a eut l idee de l embaucher ... Ca fait quand meem chic d avoir l ambassadrice chez les pingouins dans sa societe. Et comme elle ne fait rien, elle ne fait aucun degat PS: Sandrine Rous...

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