"Pour tout projet, il faut se mettre à la place de l'usager" (Benoît Faucherand)

INTERVIEW. Architecture, ingénierie, conseil et assistance à la maîtrise d'ouvrage : le groupe Arching a une vision à 360 degrés sur la construction durable. Son président, Benoît Faucherand, plaide pour l'évaluation constante des volumes et des matériaux.
Le groupe Arching, présidé par Benoît Faucherand opère dans l'architecture avec Sud Architectes.
Le groupe Arching, présidé par Benoît Faucherand opère dans l'architecture avec Sud Architectes. (Crédits : Sébastien Czaja)

LA TRIBUNE - Comment définiriez-vous l'immobilier durable ?

BENOÎT FAUCHERAND - C'est celui qui assure la continuité entre notre passé et notre futur avec la modularité des usages et du bâti, et qui préserve nos ressources en utilisant les avancées technologiques dans la seule perspective de l'optimisation du bon sens issu de l'expérience accumulée. Ce sont des facteurs de réussite dans la continuité de l'occupation par des usagers satisfaits, permettant la viabilité économique d'un bâtiment ou d'un quartier sur le long terme. C'est le pari que nous faisons. Nous sommes un groupe familial indépendant conçu comme une startup. Nous avons voulu conserver la volonté de départ : valoriser les savoir-faire en France en partant des sachants et des compétences.

Cela nous donne une vision à 360° qui sort des formations hypertrophiées du cerveau gauche ou du cerveau droit qui ont segmenté voire cloisonné les savoirs. Cela nous permet d'appréhender aussi bien les volumes que les matériaux. Nous sommes organisés en trois activités principales : l'architecture avec Sud Architectes, l'ingénierie avec Tem Partners, ainsi que le conseil et l'assistance à la maîtrise d'ouvrage avec Voxoa. Nous avons développé un savoir spécifique tout en ayant mis l'accent sur les capacités d'intégration. Aussi, travaillons-nous en France avec les grands groupes comme avec les PME, mais aussi en Moyen-Orient et en Asie. Ceci présente un triple intérêt : l'évaluation des nouvelles techniques, l'évolution des business models et l'accompagnement des clients sur leur développement dans les régions en croissance.

Qu'avez-vous retenu de ces retours d'expérience en France et à l'étranger en termes d'économies d'énergie ?

Nous allons revenir à du bon sens. Certes, l'accès à l'énergie est facile et presque inépuisable depuis la Révolution industrielle, mais il n'est pas infini. La climatisation, par exemple, est un gros poste de consommation d'énergie. Nous retravaillons donc sur des compléments, comme la ventilation naturelle, de même que nous revenons à du bon sens, comme l'orientation du bâtiment.

Par ailleurs, la maquette numérique nous permet de chiffrer et de valider les consommations d'énergie. Pour la qualité de l'air, qui s'est dégradée dans certaines zones du monde, la révolution digitale, via des technologies, permet de purifier l'atmosphère. Plus généralement, il s'agit de faire plus de qualitatif que de quantitatif, ne serait-ce que pour la durabilité des bâtiments.

Comment utilisez-vous la maquette numérique (BIM) en phase de conception, voire pendant l'exploitation, pour faciliter la métamorphose urbaine ?

Quand un site possède une surface de 2 millions de mètres carrés au sol, il faut penser à 30, 45, 60 ans, réfléchir à ses évolutions et prévoir toute adaptation. À cet égard, le BIM permet de trouver le curseur de manière intelligente pour agréger ces données. C'est également un formidable outil en termes de consommation prédictive.

Nous pourrions d'ailleurs réfléchir à utiliser ce moyen pour l'estimation du bilan carbone. Elle facilite d'autre part le travail sur la structure générale d'un bâtiment et sa possible transformation. À Lyon, par exemple, nous réalisons (en BIM) la réhabilitation d'un bâtiment de bureaux en un programme réversible bureaux/ logements ; un bâtiment hybride où les bureaux sont aussi agréables que les logements et les logements aussi performants que des bureaux.

Quid de la durabilité en matière d'usages ?

Pour tout projet, il faut se mettre à la place de l'usager. Nous parlons beaucoup de réversibilité ou de mixité des usages. Cela nécessite une réflexion stratégique pour les connaître à l'instant t et dans le temps. La Chine est très en avance et permet de valider des dossiers en quatre à six mois. Avec Auchan, par exemple, nous travaillons sur l'évolution des centres commerciaux et leur interconnexion avec du résidentiel et des loisirs, au-delà de leur business model habituel. Plus généralement, le plan quinquennal chinois contient un grand axe sur l'environnement, et notamment sur la requalification de friches industrielles situées en coeur de ville. Les autorités ont ainsi  identifié 1.000 kilomètres carrés des sites à revaloriser à Shanghai, dont 800 à faire évoluer en sites industriels 2.0 ou 3.0 et 200 à convertir en activités de services. Il ne s'agit plus de détruire mais de reconstruire, de réutiliser le bâti sans casser tout l'écosystème autour.

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